Trois décisions majeures sont intervenues dans le secteur du transport au niveau du district d’Abidjan depuis le début de l’année.
1- L’interdiction du boulevard Valery Giscard d’Estaing aux deux et trois roues.
2- Interdiction pour les mini-cars effectuant la liaison Bassam-Treichville de stationner sur cette même artère.
3- Une interdiction aux mini-cars (communément appelés « gbakas » ) en provenance des communes d’Abobo et de Yopougon de pénétrer dans la commune d’Adjamé.
Si les deux premières décisions sont du district, la dernière est de la commune d’Adjamé.
Au-delà des bouleversements que ces décisions génèrent pour les usagers et les opérateurs du secteur, la question qui se pose est de savoir si le District d’Abidjan ou les communes, sont habilitées à prendre de telles décisions aujourd’hui. En effet l’Etat ivoirien a créé l’Autorité pour la Mobilité Urbaine dans le Grand Abidjan –AMUGA, une structure exclusivement dédiée aux problématiques de transport et de mobilité qui se posent au sein du District Autonome d’Abidjan, sa mission première étant de définir et déployer une politique unique et intégrée dans le secteur des transports publics à l’intérieur du périmètre du District.
Aussi interdire l’accès à la commune d’Adjamé aux mini-cars en provenance des communes d’Abobo et de Yopougon, interdire à ceux qui assurent la liaison Bassam-Treichville de stationner sur le boulevard Giscard D’Estaing, interdire cette artère aux deux roues….etc….sont désormais du ressort de l’AMUGA et non des communes ou du District. C’est la seule structure habilitée à définir et mettre en œuvre les solutions touchant à tout ce qui relève de la mobilité urbaine dans le District d’Abidjan. Le gouverneur Bacongo ou le maire d’Adjamé, Farikou Soumahoro, outrepassent leurs compétences en prenant de telles décisions.
Le gouvernement ivoirien se doit de réagir devant ce conflit de compétences. De même que la gestion des principaux produits agricoles ( café, cacao, anacarde,…etc….) est l’œuvre aujourd’hui non plus du Ministère de l’agriculture mais de Conseils dédiés, de même la gestion des transports au sein du district d’Abidjan n’est plus l’oeuvre du ministère des transports ni des communes ou du District d’Abidjan, mais de bien de l’AMUGA, l’Autorité pour la Mobilité Urbaine dans le Grand Abidjan. Les textes doivent être respectés. Et là, il faut interpeller le maire d’Adjamé, mais surtout le gouverneur Bacongo.
Car bien qu’il soit juriste de formation, l’homme a tendance à s’affranchir des textes. Le Maire d’Adjamé l’accuse, contrairement à ces prédécesseurs, de ne pas respecter la disposition qui stipule qu’une partie des recettes collectées par le District auprès des mini cars soit reversée aux communes concernées. Durant les déguerpissements, il a rasé des constructions dont les propriétaires détenaient des titres fonciers, remettant ainsi en cause des documents officiels délivrés par le ministère de la construction. Il a ignoré une décision prise en conseil des ministres qui le dessaisissait des déguerpissements au profit d’un comité interministériel. Il a dénié au Ministère des Ressources Animales et Halieutiques, le droit de procéder au renouvellement du personnel technique de l’abattoir de Port-Bouet, remettant ainsi en cause la tutelle de ce ministère sur cet établissement. Le gouverneur Bacongo agit comme n’ayant aucune autorité au-dessus de lui. Pourtant il a bien un ministre de tutelle, le ministre de l’intérieur.
Aujourd’hui ce conflit entre la Mairie d’Adjamé et le District d’Abidjan sur la répartition des taxes prélevées sur les mini-cars a abouti à la décision d’interdire à ces derniers l’accès à la commune d’Adjamé. Cette décision est dénuée de bon sens. C’est un peu comme si on interdisait aux bus l’accès du Plateau. Ce conflit a cours du fait que les deux structures ont une interprétation différente d’un même texte. Cela fait désordre. Aussi le gouvernement doit réaffirmer que l’AMUGA est la seule structure habilitée à organiser le transport au sein du District d’Abidjan.
Douglas Mountain
oceanpremier4@gmail.com
Le Cercle des Réflexions Libérales
Photo: Les mini-cars ( communément appelés « Gbakas ») stationnés à Adjamé dans la zone des »220
logements ». Depuis le 06 Mars dernier, ces véhicules ont interdiction de pénétrer dans cette
commune.
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