Kiev: Privée de renseignements américains l’Ukraine dans les ennuis

L’armée de Kiev, privée de l’appui du renseignement américain, recule dans la région de Koursk

Les Ukrainiens ont perdu un sixième du territoire russe qu’ils étaient parvenus à contrôler depuis août 2024, et courent le risque de voir s’affaiblir encore davantage leur position de négociation dans un contexte de revirement de Washington en faveur de Moscou.

A Soudja, dans la zone de la région russe de Koursk contrôlée depuis sept mois par les forces armées ukrainiennes, le gazoduc ne transporte plus de carburant, mais des centaines, voire des milliers de soldats russes. Espérant surprendre et déloger des soldats ukrainiens en posture défensive très délicate, l’état-major russe a monté depuis une semaine une opération visant à infiltrer son infanterie le plus près possible du bastion de Soudja à travers un gazoduc majeur qui transportaient du gaz sibérien vers l’Europe il y a encore six mois.

Selon des vidéos postées par les chaînes Telegram de propagande pro-Kremlin, les fantassins russes ont parcouru de 12 à 15 kilomètres courbés en deux – le diamètre de ces infrastructures est de 140 centimètres – pendant deux journées entières ; puis, ils ont attendu quatre jours supplémentaires l’ordre de sortir à l’air libre pour attaquer les positions ukrainiennes. L’intérêt du gazoduc est d’offrir une protection contre les drones, les mines et l’artillerie adverse, qui font généralement subir aux attaquants de lourdes pertes en terrain dégagé.

Il vous reste 80.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés de Lemonde.fr

Kiev propose à Washington un cessez-le-feu partiel

L’Ukraine a exposé, mardi, aux États-Unis, un plan pour un cessez-le-feu partiel avec la Russie lors d’une réunion en Arabie saoudite. Il s’agit des premiers pourparlers à ce niveau entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite désastreuse du président Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février.

Vers une avancée des pourparlers de paix ? L’Ukraine a affirmé que les discussions, mardi 11 mars, avec les États-Unis en Arabie saoudite avaient débuté de manière « très constructive », proposant un cessez-le-feu partiel avec la Russie après un peu plus de trois ans de guerre.

Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, participent à cette réunion à Jeddah, ville au bord de la mer Rouge, mais pas la Russie. Elle se tient quelques heures après la plus importante attaque de drones menée par Kiev contre Moscou depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.

La première session de ces pourparlers a duré un peu plus de trois heures. Ils ont repris dans l’après-midi et interviennent au moment où le président américain, Donald Trump, fait pression sur l’Ukraine pour mettre fin à la guerre.

« Prêts à tout faire pour parvenir à la paix »

Kiev espère que son offre de cessez-le-feu partiel convaincra les États-Unis de rétablir leur aide militaire, suspendue la semaine dernière.

« Nous sommes prêts à tout faire pour parvenir à la paix », a déclaré le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriï Iermak, à des journalistes en entrant dans la salle des négociations à Jeddah, ajoutant que la réunion avait débuté « de façon très constructive ».

Dans ce contexte, l’Ukraine affirme que son attaque massive de drones, qui a visé Moscou et sa région, devrait « inciter » le président

L’attaque a fait trois morts, selon les autorités municipales, le Kremlin accusant Kiev de frapper « des infrastructures sociales, des immeubles d’habitation ».

Interrogé sur les négociations en Arabie saoudite, le Kremlin a estimé que c’était à l’Ukraine de montrer qu’elle était prête à faire la paix. « Ce que nous (en) attendons n’a pas d’importance », a sèchement déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Les négociateurs ukrainiens sont arrivés à Jeddah avec une proposition de « trêve dans les airs » et « en mer » avec Moscou, avait indiqué lundi à l’AFP un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat.

Arrivé lundi dans la ville saoudienne, Marco Rubio avait dit avoir bon espoir que la suspension de l’aide militaire américaine à Kiev soit résolue. Il a aussi jugé prometteuse l’idée d’un cessez-le-feu partiel.

Marco Rubio a dit ne pas s’attendre à être assis dans une pièce à Jeddah avec les Ukrainiens « en train de dessiner des lignes sur une carte » en vue d’un accord final, et ajouté qu’il rapporterait les idées discutées à la Russie.

« Une possible médiation » de Riyad

Volodymyr Zelensky, arrivé lui aussi lundi à Jeddah, a rencontré le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

Volodymyr Zelensky a assuré aborder les discussions de mardi de manière « absolument constructive », estimant que le royaume apportait « une plateforme très importante pour la diplomatie ».

Selon la présidence ukrainienne, leur entretien a porté sur « une possible médiation de l’Arabie saoudite pour la libération de prisonniers militaires et civils et le retour d’enfants déportés », ainsi que sur les garanties de sécurité réclamées par Kiev.

Volodymyr Zelensky avait quitté la Maison Blanche en février sans signer comme prévu un accord sur les minerais. Le président ukrainien s’est dit toujours prêt à le signer, même si Marco Rubio a affirmé que les discussions de Jeddah ne se concentreraient pas sur ce texte.

Bien que le président américain ait multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d’être un « dictateur » ou de n’être pas assez reconnaissant envers Washington, le ton semble s’être apaisé.

Donald Trump, qui a amorcé en parallèle un spectaculaire rapprochement avec la Russie, a estimé que son homologue ukrainien était prêt à négocier, et a même menacé Moscou de nouvelles sanctions.

Les pourparlers ont lieu à l’heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le weekend, la Russie a revendiqué d’importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.

Avec AFP

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire