Armand Agnin Angbonon, ex-patron de la cellule anti-drogue du port d’Abidjan, a été condamné depuis le 5 mars 2025 à 5 ans de prison ferme, pour avoir détourné une partie d’une saisie record de 1,56 tonne de cocaïne, d’une valeur de 25 milliards de francs CFA.
Le comble, l’ancien chef de la cellule anti-drogue du port d’Abidjan Armand Agnin Angbonon fut un des lauréats des fameux prix de l’Excellence en Côte-d’Ivoire. En 2018, il est élu meilleur gendarme de Côte d’Ivoire, alors qu’il était déjà du mauvais côté. L’homme était en réalité depuis de longues années en accointance avec les trafiquants, ce prix n’avait servi qu’à couvrir ses activités, avant que le pot aux roses n’éclate en 2022.
2/2- Deux autres officiers ont reçu la même peine, tandis que six gendarmes accusés de complicité ont été relaxés après le procès.
— Enquêtemedia (@enquetemedia) March 9, 2025
Quand le dealer en chef était un chef anti-drogue!
C’est dans le stock d’une saisie record de drogue que le commandant se servait (Ph. d’illustration)
Quand celui qui est chargé de faire respecter la loi la viole, allègrement, pour des intérêts bassement alimentaires, et se retrouve derrière les barreaux après jugement, il y a de quoi s’alarmer. Et quand le patron d’une unité anti-drogue devient lui-même le dealer en chef, c’est, carrément, le monde qui s’effondre, du célèbre écrivain nigérian Chinua Achebe, en version ivoirienne. C’est le scénario rocambolesque écrit et joué, par l’ex-commandant de la cellule anti-drogue du Port autonome d’Abidjan. Sans vergogne et la moindre considération pour l’éthique de l’armée, le commandant Armand Agnin Angbonon, se servait généreusement dans la grosse saisie de 1,56 tonne de cocaïne brute, d’une valeur estimée à 25 milliards de franc CFA.
Et tout se passait si bien pour le commandant, qu’enivré non pas par la drogue même, mais par la fortune qu’il tirait de son commerce, il a oublié qu’il déshonorait la tenue. Lui et ses complices, eux aussi officiers de l’armée, ne se fixaient aucune limite en puisant dans la réserve de cocaïne. Jusqu’au jour où des enquêteurs, après l’arrestation d’un petit dealer, se retrouvèrent avec un gros poisson dans leurs filets. La saisie record de cocaïne à laquelle il a peut-être contribué par le biais de la cellule dont il a le commandement, est devenue un moyen d’enrichissement facile du commandant de la section anti-drogue du Port d‘Abidjan. L’overdose ne portera pas chance aux dealers en kaki. Avec deux autres officiers, le dealer en chef, a été condamné à cinq ans de prison.
Pour la nature des faits qui lui sont reprochés et en tant qu’officier de l’armée, où la morale et la discipline sont reines, l’ex-patron de la cellule anti-drogue aurait dû ramasser plus que cette peine. La justice aurait eu la main plus lourde à l’encontre du commandant Angbonon, que personne n’aurait crié au scandale. Le verdict aurait été, d’ailleurs, bien moralisateur et dissuasif pour toute autre brebis galeuse de l’armée ivoirienne, qui, il ne faut pas manquer de le relever, regorge d’hommes et de femmes de valeur. Mais d’autres sanctions se grefferont sans doute sur cette décision judiciaire, pour l’exemple.
Certes, la Côte d’Ivoire est loin de détenir la palme des affaires de trafic de toutes sortes, notamment de drogue, dans lesquels sont impliqués des officiers de l’armée. Même que le chef de la police de San Pedro, toujours en Côte d’Ivoire, avait été condamné à 10 ans de prison pour des faits similaires à ceux qui ont éclaboussé le commandant Armand Agnin Agbonon. Tout porte à croire que le ver est déjà dans le fruit et qu’il urge de l’en extirper, pour l’honneur des hommes chargés de faire respecter la loi, et de protéger la jeunesse contre les méfaits de ce fléau de la drogue.
Questions: la complicité n’est-elle pas à un niveau insoupçonné? Pourquoi ces saisies record n’ont-elles pas été détruites, ou, tout au moins, davantage sécurisées en attendant destruction? Les fins limiers ont encore du boulot devant eux, car la fumée est encore bien lourde autour de cette affaire de drogue. A moins que ces enquêtes, si elles n’ont pas été menées jusqu’à la fin du rouleau, ne soient que de la poudre, aux yeux de l’opinion!
Par Wakat Séra
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