De Anyama à l’abattoir de Port-Bouët: La transhumance quotidienne des bouchers déguerpis

A Anyama, quatre mois après l’installation des marchands de bétails, le nouveau site de l’abattoir du District d’Abidjan reste en chantier et ne dispose pas encore de toutes les commodités requises et encore moins des installations proprement dites, pouvant en faire un abattoir moderne. Nous y avons fait une visite.

Dès que nous sommes descendu du véhicule à l’entrée du site, Saïd l’un des marchands de bétails nous a accueilli. « Nous avons de gros moutons moins chers », a t-il dit en nous invitant dans son enclos. Il n’hésite pas à nous montrer le gros camion qui vient de débarquer ses bêtes. Mais nous décidons d’aller voir ailleurs, à l’idée de mieux visiter le site et de cerner ses réalités. A quelques mètres de là, un groupe de jeunes nous interpellent. Ils veulent nous conduire vers des enclos où sont parqués les moutons que nous recherchons, selon leurs propres termes. Ce sont de jeunes démarcheurs. Ils sont nombreux sur le site. Ils ont une commission sur chaque bête vendue. Nous suivons tout de même notre chemin et constatons que des enclos de fortune faits de quelques planches et chevrons s’étendent sur une vaste parcelle de part et d’autre de la principale artère qui traverse le parc à bétails.

Ni bitume, ni infrastructures d’assainissement

Il n’y a pas assez de rues, mais des ruelles qui partent de cette artère et permettent de sillonner à pieds ou à moto le parc. Les véhicules ne peuvent pas s’y aventurer, en dehors de la voie principale non bitumée. En ces temps où les pluies sont rares, la poussière s’offre en grande quantité aux narines, à chaque passage de véhicule. « En temps de pluie, nous patinons dans la boue », confie un marchand. C’est dire qu’il n’y existe non plus, aucun système de canalisation des eaux de pluies ou d’assainissement tout simplement. Que dire de l’approvisionnement en eau ? « C’est un forage que nous avons creusé pour obtenir de l’eau », confie un jeune bouvier. Il indique le seul forage du site, insuffisant pour approvisionner tout ce monde en eau. Nombre d’entre eux sont donc obligés de se rendre en ville pour se procurer de l’eau Ce qui leur revient chers avec les frais de transport. Une autre préoccupation que l’on ne peut s’empêcher d’avoir : c’est la proximité de certaines habitations. En effet, à l’entrée du site, l’on aperçoit des maisons sur la droite dont les habitants pourraient subir plus tard, des nuisances dues aux odeurs, aux insectes aux bêlements et beuglements des moutons et bœufs.

Abattoir en construction

« N’y a-t-il pas d’abattoir sur ce site ? », nous sommes nous interrogés après avoir parcouru le site. « L’abattoir est en construction. C’est ce bâtiment que vous voyez là », indique Saïd. Il s’agit d’un grand bâtiment, dont les travaux de construction sont en cours. Pour l’heure, les bouchers sont obligés de se rendre à l’abattoir de Port-Bouët encore en service, pour l’abattage de leurs bêtes. En dehors de l’abattoir en construction, des magasins aussi sont en chantier au niveau du parc à bétails. Des travaux de terrassement sont menés , en vue de viabiliser le site. Certains vendeurs plus nantis, construisent leur enclos en dure. Des vendeuses d’articles divers et surtout des restauratrices continuent de s’installer.

Des lampadaires ont été installés. Même si les poteaux ne sont pas encore tous pourvus d’ampoules, un bouvier que nous décidons d’appeler Ousmane, confie que le parc est éclairé la nuit. Il y passe la nuit à veiller sur les bêtes avec certains de ses collègues. « C’est un bon site. C’est vaste. On est libre », fait-il savoir, même si toutes les conditions ne sont pas encore réunies, pour le bonheur des différents acteurs.

Au total, l’ abattoir moderne d’Anyama qui doit s’étendre sur 228 hectares, est encore un vaste chantier. Avec un coût global de 30 milliards FCFA, ce site devra être doté de toutes les commodités d’un abattoir moderne. Notamment des parcs à bétails modernes, des halls d’abattage et d’exposition-vente, des blocs frigorifiques, un marché, une gare et l’administration.

Par: Karamoko Diomandé

| Source: Lebanco.net

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