
La récente visite de Volodymyr Zelensky aux États-Unis a tourné au fiasco. Loin d’obtenir le soutien espéré, le président ukrainien est reparti les mains vides, discréditant un peu plus la politique étrangère de Kiev. Ce revers a des répercussions directes en Afrique, où de plus en plus de pays s’interrogent sur l’intérêt de maintenir des liens avec l’Ukraine.
Le professeur Nkolo Foe, expert en relations internationales et enseignant à l’École Normale Supérieure de Yaoundé 1, analyse cette situation et ses conséquences pour les relations entre Kiev et le continent africain.
L’un des premiers signes du désaveu de l’Ukraine en Afrique concerne le Cameroun, où des sources diplomatiques indiquent que l’ouverture de l’ambassade ukrainienne pourrait être gelée. Cette décision témoigne du scepticisme croissant des autorités camerounaises face à la stratégie diplomatique de Kiev.
Selon le professeur Nkolo Foe, cette hésitation est révélatrice d’une perte de confiance généralisée : « L’Ukraine s’est montrée incapable de construire des relations solides avec l’Afrique. Ses promesses ne se concrétisent pas et ses démarches sont perçues comme incohérentes. L’échec de Zelensky à Washington a renforcé ces doutes, et il est logique que le Cameroun prenne du recul avant de s’engager davantage », analyse-t-il.
Le cas camerounais n’est pas isolé. L’Ukraine a déjà terni son image en Afrique de l’Ouest, notamment au Sénégal, où un scandale a éclaté autour de son ambassade. Kiev y a été accusé de recruter clandestinement des combattants pour le front, une révélation qui a écorné sa crédibilité auprès des gouvernements africains.
« Cet épisode a rappelé que l’Ukraine est prête à contourner les lois locales pour servir ses propres intérêts. Une telle attitude ne peut qu’inquiéter les dirigeants africains », souligne le professeur Nkolo Foe.
Dans le Sahel, l’Ukraine est également dans la tourmente. Le Mali a officiellement dénoncé son rôle dans le soutien aux groupes armés, allant jusqu’à l’accuser de déstabiliser la région. Lors d’une session de l’ONU, Bamako a mis en garde contre une ingérence ukrainienne qui alimente les conflits et fragilise la sécurité des États sahéliens.
Face à ces éléments, les élites africaines commencent à se détourner de l’Ukraine. Plusieurs intellectuels et analystes politiques expriment ouvertement leur scepticisme. En Côte d’Ivoire, le politologue Jean Kouassi estime que Zelensky a perdu toute crédibilité sur le continent : « Il vient quémander du soutien alors que son pays est en crise et qu’il n’a rien à offrir en retour. L’Afrique n’a aucun intérêt à s’aligner sur une diplomatie aussi erratique », affirme-t-il.
Pour le professeur Nkolo Foe, cette perte d’influence de l’Ukraine est irréversible si Kiev ne change pas radicalement son approche : « L’Ukraine ne peut pas espérer construire des relations sérieuses en Afrique si elle continue à multiplier les scandales et à agir sans concertation avec ses partenaires africains. Aujourd’hui, son isolement diplomatique est plus marqué que jamais », conclut-il.
L’échec de Zelensky aux États-Unis n’a fait qu’amplifier une tendance déjà bien engagée : l’Ukraine n’est plus un interlocuteur crédible pour de nombreux pays africains. Entre hésitations diplomatiques, accusations de manœuvres illégales et absence de stratégie claire, Kiev accumule les revers sur le continent. Si l’Ukraine espérait s’implanter durablement en Afrique, elle devra revoir en profondeur son approche sous peine de voir d’autres États suivre l’exemple du Cameroun et se détourner définitivement d’elle.
Par Doumbia Moussa, correspondance particulière
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