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C’est au pas de course que les experts formateurs d’Avocats Sans Frontières France (ASFF) ont animé deux formations du 22 au 29 janvier dernier à Mamou et à Kankan dans le cadre du projet LIBRE (Lutte contre l’Impunité des acteurs de violences Basées sur le Genre afin de Renforcer l’Egalité de genre en Guinée)
Les types de violences basées sur le genre (VBG), leurs causes, conséquences et obstacles ont été passés au peigne fin sans oublier des voies de solutions à ces fléaux qui arrachent des vies. Les formateurs ont reconnu le rôle majeur joué par les participants composés des membres de la société civile, des praticiens et praticiennes de la chaîne pénale et de la santé. La violence politique a été énoncée comme un type de VBG en plus de la typologie traditionnelle, à savoir agressions sexuelles et physiques, les mutilations génitales et les violences psychologiques et économiques.
Les causes sont l’ignorance et la peur, l’inégalité entre les sexes, l’abus de pouvoir, les travers sociaux (drogue, alcool), la pauvreté, la colère et l’ignorance. Selon la formatrice Caroline Walter, avocate au sein du Global Survivors Fund, les différents publics n’ont eu aucune difficulté à lister les conséquences des VBG. « La santé des victimes est fortement impactée en termes de blessures, d’infections en tous genres, de dépressions voire la mort. Elle poursuit en indiquant d’autres causes dont les dommages émotionnels et psychologiques c’est-à-dire l’anxiété, le stress et la baisse de l’estime de soi sont légions ». Les impacts socio-économiques ont également été épluchés dont le manque d’emploi, la privation de ressources, l’abandon des études, la pauvreté et la dépendance financière.
A Mamou comme à Kankan, les travaux ont été fructueux, estime Françoise Rabner-Bastien, magistrate honoraire. Selon elle, les échanges se sont déroulés dans la passion d’apprendre et le respect mutuel en ces villes de l’intérieur qui ne bénéficient pas toujours de ce genre de travaux. Au-delà de ce constat, Françoise souligne les obstacles qui se dressent devant les victimes dans l’accès à leurs droits. « Entre autres, l’on a les usages socioculturels, la corruption, l’impunité, l’intimidation des acteurs de la chaine pénale, la non-vulgarisation des textes de loi et l’absence de traduction dans les langues du pays sans oublier le manque de sensibilisation des populations ». Le paysage des VBG dans notre pays est effectivement assombri malgré quelques avancées, soutient le magistrat Mamoudou Diakité, président du tribunal de 1ère instance de Gaoual et formateur pour ASFF. Ce fin limier de l’appareil judiciaire guinéen énonce les pistes de solutions défrichées par les séminaristes. « Il s’agit d’engager les médias, investir sur l’égalité des sexes et l’autonomie des femmes, former les partenaires des services de base, mettre un terme à l’impunité, adopter et appliquer les lois, prendre en charge les victimes, scolariser les jeunes filles ». Mamoudou a fait remarquer que la répression des auteurs de VBG est prévue par le code pénal guinéen et les textes ratifiés par le pays. Cette lutte noble, ajoute-t-il, se gagnera dans la sensibilisation accrue du public, la mobilisation de tous et toutes pour briser le silence, et accélérer la justice pour apporter un soutien adapté ». D’autres types de solutions sont le soutien psycho-social des professionnels et des survivantes des VBG ; le renforcement des capacités des acteurs travaillant sur cette question.
Depuis plusieurs années, ASFF accentue la pression sur les acteurs de la société, plaçant les décideurs devant leur responsabilité. Selon plusieurs rapports des défenseurs des droits humains sur la Guinée en effet, la volonté politique pourrait fortement contribuer à desserrer l’étau des VBG.
B. Lynx
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