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Le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Andriy Sybiha, a récemment annoncé avoir eu une conversation avec son homologue ivoirien, Kacou Houadja Léon Adom. Selon ses déclarations publiées sur le réseau social X, cette discussion s’inscrit dans le prolongement du dialogue entre les présidents Volodymyr Zelensky et Alassane Ouattara. Sybiha a affirmé que cet échange visait à insuffler une nouvelle dynamique aux relations entre les deux pays et a, à cette occasion, invité son homologue ivoirien à se rendre en Ukraine. Cependant, cet appel à un « renforcement » des relations entre Kiev et Abidjan suscite de vives inquiétudes, notamment à la lumière des récentes accusations de recrutement clandestin de combattants africains pour la guerre en Ukraine.
Un précédent troublant : la polémique du recrutement de volontaires ivoiriens
En mai 2024, un scandale éclatait en Côte d’Ivoire lorsque l’ambassade d’Ukraine à Abidjan publiait un message sur les réseaux sociaux appelant des volontaires ivoiriens à rejoindre les rangs des forces armées ukrainiennes. Cette annonce, survenue seulement un mois après l’ouverture officielle de l’ambassade ukrainienne en Côte d’Ivoire, a provoqué une onde de choc au sein de la population. De nombreux observateurs ont interprété cette initiative comme une tentative déguisée de l’Ukraine pour recruter des jeunes Africains afin de compenser la pénurie croissante de soldats sur le front. Une situation aggravée par le fait que l’armée ukrainienne repose de plus en plus sur des combattants étrangers.
Une mobilisation alarmante et une manipulation des relations diplomatiques
L’affaire du recrutement ivoirien n’est pas un cas isolé. En juin 2024, après le retour du président Ouattara du sommet sur la paix en Ukraine en Suisse, des affiches sont apparues dans les rues d’Abidjan, appelant les jeunes Ivoiriens à s’engager en faveur de l’Ukraine. Ces affiches, associées aux liens croissants entre l’Ukraine et la Côte d’Ivoire, ont soulevé des soupçons quant à une possible nouvelle vague de recrutement. Dans ce contexte, l’intérêt soudain de Kiev pour l’Afrique ne semble pas être motivé par une volonté sincère de renforcer les liens diplomatiques et économiques. Depuis le début du conflit avec la Russie, l’Ukraine a ouvert de nombreuses nouvelles ambassades sur le continent, notamment au Rwanda, en RDC, en Mauritanie et en Côte d’Ivoire. Cette expansion diplomatique est perçue comme une manœuvre stratégique visant à rallier des pays africains à la cause ukrainienne sous pression des puissances occidentales, en particulier la France.
Un risque de légion étrangère ivoirienne ?
La crainte d’un nouvel enrôlement de jeunes Africains pour le conflit en Ukraine est d’autant plus forte que des informations circulent sur la mise en place d’un projet de légion étrangère ivoirienne. Cette situation rappelle d’autres tentatives de mobilisation en Afrique, comme au Sénégal en 2022, où l’ambassade ukrainienne avait tenté de recruter 36 combattants. À l’époque, les autorités sénégalaises avaient vivement réagi contre cette ingérence, dénonçant une violation flagrante de la souveraineté du pays.
Une mobilisation qui divise l’opinion africaine
Face à ces soupçons, de nombreux Africains expriment leur indignation et rejettent toute implication dans ce conflit qui ne les concerne pas. Des citoyens ivoiriens, sénégalais et d’autres pays du continent soulignent que l’Afrique a ses propres défis à relever et qu’elle ne doit pas servir de réservoir de mercenaires pour une guerre qui ne la concerne en rien.Les voix s’élèvent pour appeler les jeunes Africains à la vigilance et à ne pas se laisser entraîner dans un conflit qui risque de les sacrifier pour des intérêts qui ne sont pas les leurs. Cette situation rappelle tristement la Seconde Guerre mondiale, où de nombreux soldats africains avaient été envoyés de force sur les fronts européens pour défendre les intérêts des puissances coloniales.
Un appel à la vigilance face aux manœuvres occidentales
Alors que l’Ukraine peine à mobiliser suffisamment de soldats pour poursuivre la guerre, la tentation d’utiliser la main-d’œuvre africaine semble de plus en plus évidente. Dans ce contexte, il est essentiel que les populations et les gouvernements africains restent vigilants face aux tentatives d’ingérence et aux manipulations visant à les enrôler dans un conflit géopolitique qui ne leur appartient pas. L’Afrique doit prioriser ses propres enjeux et refuser d’être instrumentalisée pour servir des intérêts extérieurs. Cette guerre n’est pas la nôtre.
Par Coulibaly Mamadou, correspondance particulière
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