Les rebelles du M23 aperçus au centre de Bukavu

Le groupe rebelle M23 a avancé vers le centre de Bukavu, une grande ville de l’est de la République démocratique du Congo. C’est ce qu’ont déclaré un porte-parole du M23 et des témoins oculaires à l’agence de presse Reuters.

Vendredi après-midi, les rebelles ont pris le contrôle de l’aéroport proche de la ville, essentiel au ravitaillement de l’armée gouvernementale congolaise. Après cela, la chute de Bukavu semblait n’être qu’une question de temps. En fin de soirée, les combattants du M23 avaient déjà atteint les abords de la ville de plus d’un million d’habitants.
Des pillages et des morts dans les rues

Selon l’agence de presse AP, la panique a éclaté hier à Bukavu et des milliers d’habitants et de soldats de l’armée gouvernementale congolaise ont fui la ville. Des habitants ont déclaré à AP que des magasins et des usines avaient été pillés et que des corps de personnes décédées étaient éparpillés dans les rues. On rapporte également des cas de libération ou d’évasion de prisonniers.

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Le M23 dans Bukavu: « Il faut éviter à tout prix une escalade régionale » rappelle l’ONU

A l’ouverture du sommet annuel de l’Union africaine, samedi, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Gutteres, a exhorté à respecter « la souveraineté et l’intégrité territoriale » du pays.

Le Monde avec AFP

« Il faut éviter à tout prix une escalade régionale » dans le conflit qui ravage l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a affirmé, samedi 15 février, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’ouverture du sommet de l’Union africaine (UA). La veille, des combattants du Mouvement du 23 mars (M23) alliés à des troupes rwandaises sont entrés dans Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu.

Dans l’est de la RDC, le M23 – soutenu par le Rwanda – a pris à la fin de janvier le contrôle de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, avant de progresser dans la région voisine du Sud-Kivu. Les récents affrontements dans cette région, secouée par des violences depuis trente ans, ont fait au moins 2 900 morts, selon l’ONU.

Vendredi, le M23 et les troupes rwandaises ont pris le contrôle de l’aéroport de Bukavu, site stratégique où étaient positionnées les forces armées congolaises.

Puis, selon des sources sécuritaire et humanitaire, une avant-garde a pénétré dans la ville par ses quartiers nord-ouest.

Tirs sporadiques à Bukavu

La chute imminente de Bukavu, déjà tombée en 2004 aux mains de soldats dissidents de l’armée congolaise, donnerait au M23 et aux troupes rwandaises le contrôle total du lac Kivu, qui s’étire le long de la frontière rwandaise. En face, l’armée congolaise est soutenue par des troupes sud-africaines et burundaises.

Des tirs sporadiques résonnaient encore à Bukavu samedi matin, selon des journalistes de l’Agence France-Presse. La majorité des habitants restent terrés chez eux. Les rues sont quasi désertes, il n’y a pas de circulation. Des pillages survenus au cours de la nuit ont été signalés.

« La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC doivent être respectées », a exhorté Antonio Guterres, samedi. S’il a pointé la responsabilité du M23, le secrétaire général de l’ONU n’a pas mentionné le Rwanda.

Paris a, de son côté, appelé samedi à l’arrêt « immédiat » de l’offensive du M23 sur Bukavu et demandé « le retrait sans délai » des forces rwandaises soutenant ce groupe armé.

Appels à la désescalade
Quelque 4 000 militaires rwandais interviennent dans l’est de la RDC, selon l’ONU. Ce conflit fait planer le risque d’une guerre régionale, plusieurs des voisins de la RDC, immense pays de l’Afrique centrale, ayant une présence militaire sur le sol congolais.

« La violation en cours de l’intégrité territoriale de la RDC ne restera pas sans réponse », a déclaré samedi un porte-parole de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Anouar El Anouni, tout en blâmant les « forces du M23, soutenues par le Rwanda ». « L’UE examine en urgence toutes les options à sa disposition », a-t-il poursuivi.

Depuis la récente intensification du conflit, et alors que Kinshasa réclame en vain des sanctions internationales contre Kigali, les appels de la communauté internationale à une désescalade et à un cessez-le-feu se sont multipliés, notamment de la part des dirigeants d’Afrique de l’Est. Mais ils sont restés lettres mortes.

« Mettre le Rwanda à l’index »
Le président congolais, Félix Tshisekedi, n’a pas pris part à la réunion du conseil paix et sécurité de l’Union africaine, vendredi, et s’est rendu la Conférence de Munich sur la sécurité, en Allemagne, où il a dénoncé les « velléités expansionnistes » du Rwanda et appelé à le « mettre à l’index ».

« La résolution des conflits (…) doit rester au cœur de nos efforts », a lancé le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, lors de l’ouverture du sommet à Addis-Abeba.

Le président angolais, Joao Lourenço, très impliqué depuis plusieurs années dans les tentatives de médiation entre la RDC et le Rwanda, a pris, samedi, à la suite du chef de l’Etat mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, la présidence tournante de l’UA, un rôle honorifique.

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