Johnny Patcheko, une campagne violente au profit de l’opposition ivoirienne

Le scandale du moment en CI, ou ce qu’on peut présenter comme tel, c’est l’accusation portée par le cyber activiste Koukougnon Chris Yvon, plus connu sous le pseudonyme de Johnny Patcheko, envers le ministre de l’agriculture et porte-parole principal du parti au pouvoir, un homme très en vue de la place, Kobenan Kouassi adjoumani, accusé aujourd’hui par l’activiste d’avoir offert une range rover de 157 000 euros (environ 100 millions de FCFA) à sa maîtresse, la journaliste Khady Touré.

Johnny Patcheko qui se présente aujourd’hui comme un « lanceur d’alerte », ou même un « cyber activiste », était dans un premier temps un détracteur du régime. Puis il a retourné sa veste pour devenir un relais de la propagande du pouvoir. On le voyait s’afficher aux côtés de certains des membres du gouvernement, notamment l’ex Premier-Ministre Hamed Bakayoko (décédé en …2021), Patrick Achi, le ministre Kobenan Adjoumani et bien d’autres. Puis ce fut la séparation pour des raisons qui restent encore inconnues.

Dans la toute première vidéo après son divorce d’avec le camp présidentiel, l’homme affirme que lui et d’autres activistes avaient été approchés pour « polir l’image du régime sur les réseaux sociaux », du fait de leur audience. Ils recevaient pour cela un « salaire d’un million de FCFA chaque mois ». Dans cette même vidéo, il révèle qu’il est désormais « en exil » en Finlande suite à une tentative d’assassinat dont il fut l’objet, de la part du commandant supérieur de la gendarmerie, le général Alexandre Apalo Touré. Il n’entre pas dans les détails de l’affaire, mais dit « avoir désormais rompu tout lien avec le camp présidentiel et ne plus être intéressé par l’argent que le régime continue à lui envoyer ».

Depuis cette vidéo mise en ligne en fin d’année dernière, il anime régulièrement des directs où il divulgue des informations qui se veulent compromettantes pour le régime, du moins qu’il présente comme telles. Cette campagne médiatique virulente cible principalement le président de la république, qu’il traite de tous les noms. Tout est analysé sous l’angle des complots, le décès des Premiers Ministres Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko, le départ des soldats français, la dissolution des organisations estudiantines….etc….etc…..les complots sont vus partout. En fait, c’est du déjà vu. La procédure n’est pas nouvelle. Elle rappelle un certain Chris Yapi, que les Ivoiriens ont fini par ne plus écouter. C’est le même schéma.

Johnny Patcheko fait ses vidéos en arborant le portrait d’un leader de l’opposition ivoirienne. En tant qu’ Ivoirien, il a le droit de choisir son camp, mais cela pose la question de la crédibilité des infos qu’il donne, car sa démarche n’est pas impartiale. Ces vidéos font objectivement l’affaire de l’opposition, il faut donc les prendre dans ce contexte, l’homme affirme ouvertement se battre pour que l’opposition et plus exactement l’ex chef d’Etat, accède au pouvoir. Encore une fois, il n’y a rien de répréhensible dans la démarche. Seulement le fait qu’elle soit construite pour favoriser un camp ne rend pas crédible le contenu des informations qu’il délivre. Elles sont certes sensationnelles, mais ne sont étayées sur rien.

Venons-en maintenant à l’affaire du moment, l’accusation portée contre le ministre de l’agriculture. Beaucoup s’étonnent que l’homme garde le silence, notamment un certain Simplice Ongui qui dans une longue tribune sur le site connectionivoirienne.net qu’on peut lire sur le lien https://connectionivoirienne.net/2025/02/06/le-mutisme-du-ministre-kobenan-adjoumani-un-scandale-politique-inacceptable/, trouve inacceptable que le ministre ne « fasse rien pour prouver son innocence ». En fait, ce n’est pas au ministre de prouver son innocence, c’est à Johnny Patcheko de prouver la culpabilité du Ministre. La charge de la preuve revient à l’accusation. Monsieur Johnny doit apporter les preuves de ce qu’il avance. C’est facile d’accuser quelqu’un sans rien apporter et de lui demander de prouver son innocence. C’est à vous de prouver qu’il est coupable en apportant les éléments nécessaires. Or à ce jour ce ne sont que des affirmations qui ne sont étayées sur rien en dehors de sa parole.

Que le ministre entretient une relation extra-conjugale est certes répréhensible en soi au regard de la morale et du code de la famille, mais cela n’a rien d’extraordinaire. Un ministre reste un homme, faillible comme tous les mortels. D’ailleurs Johnny Patcheko reconnaît avoir lui aussi entretenu une relation avec la concernée, la journaliste Khady Touré. On peut aussi noter que le leader de l’opposition dont il se réclame n’est vraiment pas un modèle de fidélité conjugale.

Que le ministre offre une voiture à sa maîtresse, là encore la chose n’est pas extraordinaire. Que cette voiture coûte 100 millions de FCFA, évidemment cela choque, cela frappe les esprits. Et c’est ce que recherchait Monsieur Patcheko. Dans sa vidéo, il demande à la dame de présenter les papiers de dédouanement de la voiture si elle affirme l’avoir achetée. Mais c’est à lui de présenter sa source d’information. C’est à lui d’apporter la preuve que la voiture a été acquise à 100 millions de FCFA. C’est à lui de présenter les documents qui attestent ce qu’il avance. Les 04 X 04 range rover sont des véhicules certes coûteux, mais il y en a de tous les prix dès lors que nous avons affaire à des véhicules qui ne sont pas à leur premier acquéreur. Le montant de 150 000 euros (soit 100 millions FCFA) a été visiblement choisi pour frapper les esprits.

Il y a une autre dimension dans cette affaire qu’il ne faut pas perdre de vue. Dans la vidéo, Johnny Patcheko reconnaît avoir entretenu une relation avec la dame, avant qu’elle ne devienne la maîtresse du ministre Adjoumani. Certainement a-t-elle été sensible aux arguments financiers que l’homme politique a mis sur la table. Pour faire court, le ministre Adjoumani a « soufflé » Khady Touré à l’activiste du fait de sa fortune. D’où la rancœur de ce dernier, un besoin de vengeance vis-à-vis de l’homme politique. Cela se voit dans la vidéo. Ce ne sont pas des choses que les hommes oublient et pardonnent facilement.

Enfin une dernière réponse à Monsieur Simplice Ongui. Dans sa tribune, il fait état de ce qu’on pouvait réaliser avec 100 millions de FCFA dans le domaine de l’éducation, de la santé, et de la fourniture en eau. On pourrait humblement lui suggérer de faire des recherches succinctes sur les investissements réalisés en Côte d’Ivoire depuis 2011 dans ces trois domaines. Il en sera édifié.

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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