Suspension de l’aide américaine: Quel sort pour l’échangeur du grand carrefour de Koumassi ?

Dès son premier jour à la maison blanche, le président Donald Trump signait une batterie de décrets dont l’un suspendait avec effet immédiat pour une période de 90 jours, tous les financements américains relatifs aux aides extérieures de tout genre, le temps qu’une étude soit menée pour s’assurer de leur compatibilité avec la politique générale qu’il compte mettre en œuvre.

Dans la foulée, les États-Unis se sont aussi retirés de l’Organisation Mondiale de la Santé-OMS, pour la seconde fois.

En effet, en 2020 lors de la pandémie du COVID-19, Trump avait retiré son pays de l’OMS, au motif « qu’elle était trop alignée sur les positions de la Chine ». le président Joe Biden avait réintégré les États-Unis dans l’organisation.

Cette fois il pointe  » l’incapacité de l’OMS à entreprendre des réformes », et des « paiements injustement onéreux » exigés des États-Unis.

Concernant la suspension de l’aide, le secrétaire d’État Marco Rubio précisait que deux pays, l’Égypte et Israël étaient exemptés. De même l’aide alimentaire d’urgence des États-Unis allait se poursuivre. Ll’agence fédérale américaine chargée de l’aide, l’USAID, est à l’arrêt. Son siège à Washington et toutes ses agences à travers le monde sont fermés, ainsi que son site internet.

L’arrêt des activités de l’USAID a été brutal. Personne ne s’y attendait.

Un autre volet de l’aide américaine concerne le Millénium Challenge Corporation-MCC. C’est un programme qui consiste pour les Américains à financer des infrastructures dans les États après une évaluation sur une série de critères portant sur la bonne gouvernance et la démocratie. En fonction du score obtenu par les États lors de cette évaluation, des financements sont octroyés. La confusion a régné durant un moment car le MCC dépend du Congrès américain et non du gouvernement fédéral comme l’USAID. Des articles de presse mentionnaient que les activités et les financements du MCC n’étaient pas concernées par cette suspension de l’aide. Mais on s’est très vite rendu compte qu’il n’en était rien. Les activités du MCC sont aussi suspendues.

La Côte-d’Ivoire bénéficie d’un financement de 525 millions de dollars [331 milliards FCFA] dans le cadre du MCC, pour le financement de plusieurs projets, dont la construction d’un échangeur au grand carrefour de Koumassi, la réhabilitation du boulevard de la Paix, la réhabilitation du boulevard de vridi ou « boulevard du port » ( y compris la réhabilitation du pont qui se trouve sur le tronçon ), la réhabilitation de la voie expresse de Yopougon, et la réhabilitation du boulevard VGE.

En Juin 2024, les Américains ont suspendu la partie du financement concernant la réhabilitation du boulevard de la paix, en cause des vices de procédures concernant l’indemnisation des populations impactées. Les autres chantiers ont continué.

Aujourd’hui, la question qui se pose est de savoir ce que vont devenir les chantiers pas encore achevés, en bonne place l’échangeur du grand carrefour de Koumassi. La suspension décidée par le président Trump est de 90 jours. Une décision sera prise au terme de ce délai. Aussi l’incertitude demeure. Les financements seront-ils supprimés ?

Nous avons affaire à une administration très à droite, ultra libérale, réfractaire au principe même de l’aide extérieure. Il ne fait aucun doute que certains chapitres de l’aide seront purement et simplement supprimés, on ne doit pas perdre de vue que l’objectif en toile de fond est de tailler dans les dépenses de l’Etat fédéral.

On prête à Donald Trump l’intention de vouloir supprimer purement et simplement l’USAID. La question alimente les débats sur les chaînes américaines. Pour certains juristes, la Constitution américaine ne lui donne pas cette prérogative. Il ne peut pas supprimer cette agence. Par contre, comme on l’a vu avec la réforme de l’assurance maladie adoptée sous Barack Obama, qu’il a vidée de sa substance par un certain nombre de décrets, il peut fortement réduire l’aide, et rendre les conditions d’éligibilité plus draconiennes pour les pays qui la sollicitent.

C’est aussi des limites de la démocratie américaine avec un régime présidentiel fort certes délimité par les pouvoirs de la justice.

Le gouvernement ivoirien doit sérieusement envisager de poursuivre à son compte les projets actuellement en cours dans le cadre du MCC. Le grand échangeur de Koumassi ne peut pas rester dans cet état quel que soit la décision américaine. Idem pour le boulevard du port. Ce sont des infrastructures vitales pour l’activité économique. S’ils restent à l’état de chantier, ils impacteront négativement l’économie, et les coûts d’impact seront très énormes pour l’économie ivoirienne. L’équation est simple pour l’Etat ivoirien aujourd’hui, que l’aide américaine soit retirée ou qu’elle reprenne, ces deux chantiers sont condamnés à être menés à leur terme. Il n’y a pas d’autre issue.

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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