Pourquoi Donald Trump menace l’Afrique du Sud

Libre opinion

Donald Trump et son influent conseiller d’origine sud africaine Elon Musk

Dimanche 02 Février, au lendemain de l’adoption en Afrique du Sud d’une loi controversée sur la réforme agraire devant conduire à l’expropriation des terres des fermiers blancs, le président américain Donald Trump écrivait sur son réseau social Truth : « L’Afrique du Sud confisque des terres et traite très mal certaines catégories de personnes. Je couperai tout financement futur à l’Afrique du Sud jusqu’à ce qu’une enquête complète sur cette situation soit achevée. » Ce message a surpris.

Hormis l’Egypte ( du fait de son poids proche orient ), aucun État africain n’était jusque-là apparu sur les radars de la nouvelle administration américaine.

Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer cette soudaine colère contre le pays de Mandela. L’Afrique du Sud joue un rôle de premier plan au sein des BRICS, ce bloc qui veut créer une monnaie concurrente au dollar. Or Donald Trump a maintes fois promis de « détruire » les pays qui mettraient en circulation une telle monnaie. Bien sûr c’est de la rhétorique, mais beaucoup estiment qu’il peut vouloir intimider ainsi l’Afrique du Sud.

La présence du milliardaire Elon Musk à ses côtés est aussi évoquée. L’homme est né Sud-africain de nationalité, et n’a jamais caché son opposition à la politique de l’ANC, qu’il a toujours qualifié de « socialiste ».

La réforme agraire est un vieux débat qui agite l’Afrique du Sud, tout comme ce fut le cas au Zimbabwe voisin. Dans cette partie de l’Afrique, la majorité des terres sont ou ont été détenues par la minorité blanche, résultat de décennies de colonisation puis d’apartheid.

Au Zimbabwe, la réforme agraire du début des années 2000 fut brutale. Plus de 4 000 fermiers blancs ont été dépossédés de leurs exploitations sans compensation, pour être attribués à des Noirs. Mais ceux-ci n’avaient ni l’expertise, ni les moyens financiers pour les faire fonctionner. Il s’ensuivit une chute de la production, et la famine, pour un pays qui était autrefois le grenier de l’Afrique australe. Les exportations agricoles se sont effondrées, plongeant le Zimbabwe dans des difficultés budgétaires et monétaires dont il peine à en sortir à ce jour.

En Afrique du Sud, la loi promulguée fin Janvier prévoit « dans certaines circonstances et par mesure d’intérêt général, l’expropriation sans compensations des fermiers blancs ». Certains y voient un remake du scénario zimbabwéen. Mais pour les autorités sud-africaines, « cette loi n’est pas un instrument de confiscation des terres, mais une procédure légale qui garantit l’accès à la terre de manière juste et équitable selon la constitution ». On remarquera que les dirigeants zimbabwéens avaient un discours similaire à l’époque, disant vouloir corriger les inégalités issues de la colonisation.

En fait, le message de Donald Trump n’est pas nouveau. Tout le monde semble avoir oublié que l’homme était déjà intervenu sur la question de la réforme agraire en Afrique du Sud lors de son premier mandat (2016-2020). A l’époque il avait dénoncé un « génocide en préparation » envers la communauté blanche, et demandé à son secrétaire d’Etat ( Mike Pompeo ) de mener une investigation à ce sujet, exactement ce qu’il dit aujourd’hui. Elon Musk ne faisait pas partie de son entourage à ce moment, ce qui discrédite la thèse le présentant comme le véritable instigateur du message de Trump. La vérité est que pour une raison que l’on ignore, Donald Trump garde un œil sur cette question, il semble s’y intéresser personnellement depuis son premier mandat. Les dirigeants sud-africains auraient tort de prendre sa menace à la légère, car Trump semble avoir fait du problème une affaire personnelle.

L’Afrique du Sud a-t-elle vraiment besoin d’une telle réforme ? On ne voit pas comment le résultat pourrait être différent de celui du Zimbabwe, comme au Zimbabwe, les noirs ne deviendront pas des business-farmers du jour au lendemain. La vérité est que l’Afrique du sud est sur le déclin. Il faut avoir à l’esprit que le pays a le plus fort taux de chômage en Afrique (environ 40% ). Les Noirs sud-africains à qui on a promis monts et merveilles à la chute de l’aparteid, ont depuis perdu toute illusion. Les infrastructures se dégradent et la corruption gangrène l’économie. Le secteur agricole tenu par les fermiers blancs est l’un des rares secteurs encore performants dans le pays. Pourquoi vouloir forcément le démanteler ?

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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