Tarifs douaniers: Le Canada rejette les accusations de Trump sur la drogue fentanyl et les migrants

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Le premier ministre sortant du Canada Trudeau a indiqué que le Canada et les États-Unis ont bénéficié du « partenariat économique, militaire et de sécurité le plus réussi que le monde ait jamais connu ».

Selon lui, les deux pays exploitent l’une des frontières les plus solides et les plus sûres au monde. Moins de 1 % du fentanyl entrant aux États-Unis provient du Canada, et moins de 1 % des migrants illégaux entrant aux États-Unis proviennent du Canada, a déclaré le premier ministre lors d’une conférence de presse.

« Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas plus à faire et c’est pourquoi nous avons investi [0,9 milliard de dollars ou 1,3 milliard de dollars canadiens] pour renforcer nos frontières et nous constatons déjà une diminution significative du nombre de personnes à la frontière au cours des deux derniers mois », a-t-il déclaré, ajoutant que le Canada a pris des mesures comme l’envoi d’équipes en Chine pour discuter de la question des précurseurs nécessaires à la fabrication du fentanyl.

Mais Trudeau a également averti directement les citoyens américains que les tarifs douaniers de Trump auraient de « réelles conséquences » pour eux en termes d’augmentation des prix et des coûts de fabrication, ainsi que d’accès limité à un certain nombre de biens essentiels comme l’acier, l’aluminium et l’uranium.

Il s’est abstenu de discuter des détails des éventuels tarifs énergétiques.

« Toute discussion sur de nouvelles mesures, en particulier impliquant une industrie ou une région du pays plus que d’autres, est quelque chose que nous allons faire avec soin et réflexion et avec le plein partenariat des dirigeants et des entreprises régionales. Aucune partie du pays ne devrait porter un fardeau plus lourd que les autres. »

Pour lutter contre la sévère crise des opioïdes qui touche les États-Unis, Donald Trump a souhaité renforcer les contrôles aux frontières du Mexique. Mais pour les experts, une telle mesure reste insuffisante.

C’était une de ses promesses de campagne de Donald Trump : renforcer les contrôles à la frontière mexicaine pour lutter contre la crise des opioïdes. L’année dernière, plus de 70 000 personnes sont décédées d’une overdose aux opioïdes, principalement liée à une drogue de synthèse appelée le fentanyl. Bien que le nombre de décès soit en baisse depuis trois ans, un renfort aux frontières seul ne suffira pas à limiter les dégâts selon les experts.

Surnommée la drogue du Zombie en raison des effets de léthargie qu’elle provoque sur les personnes accros, cet opioïde de synthèse est normalement utilisé pour traiter les fortes douleurs. Mais c’est surtout son côté euphorisant qui est apprécié. Le produit est si puissant qu’une petite dose suffit en ressentir les effets. Le fentanyl est 100 fois plus puissant que la morphine, 20 à 40 fois plus fort que l’héroïne. Le tout avec un énorme potentiel addictif et des conséquences très lourdes pour la santé : troubles neuropsychiatriques, respiratoires, etc. Et c’est aussi ce qui compte pour les narcotrafiquants : fidéliser leur clientèle, quitte à mélanger la drogue de synthèses avec de l’héroïne pour renforcer encore cette addiction. Le fentanyl est devenu la première cause de décès des 15-44 ans aux États-Unis.

Un espoir de baisse de la consommation ?

Depuis un pic de décès par overdose atteint en 2021, les chiffres semblent repartir à la baisse. Un sujet de société dont s’était félicité l’ex président Joe Biden, et qui était au cœur des campagnes de Kamala Harris et Donald Trump. Tous deux s’étaient engagés sur un renfort des frontières avec le Mexique, principal fournisseur du Fentanyl. La drogue généralement en provenance de Chine est importée sur le sol américain par la route, sous forme de cachet de la taille d’une moitié de Doliprane, avant d’être broyée et vendue.

Mais d’après l’analyse de Bertrand Monnet, professeur à l’Edhec interrogé par Le Parisien, dire que renforcer les contrôles aux frontières pourrait tout régler « serait totalement démagogique. » Il y a selon lui trois axes à exploiter pour réduire drastiquement ce trafic mortel. Premièrement, affaiblir la production en faisant pression sur les autorités mexicaines, mener davantage d’actions de prévention, de sensibilisation et de prises en charge des personnes addictes en utilisant par exemple un antidote appelé la naloxone ; et lutter contre le blanchiment d’argent qui enrichit les trafiquants.

Encore peu présent en Europe

Même si les scientifiques ne peuvent pas déterminer avec certitude ce qui sera le plus efficace, beaucoup s’accordent à dire qu’il faut poursuivre et renforcer cet ensemble de mesures pour ne pas perdre l’impulsion donnée par le gouvernement de Joe Biden les années précédentes. Si le fentanyl n’est pas encore très présent en Europe, les autorités restent sur leurs gardes face à des narcotrafiquants qui ont pour but d’étendre encore leur marché.

Avec Ladepeche.fr

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