Karitia Coulibaly De Medeiros, DG de l’AGEFOP: « La formation professionnelle est un levier de croissance inclusive »

Organisme de prospection et d’ingénierie de la formation professionnelle de l’État de Côte d’Ivoire, l’AGEFOP prépare l’organisation du Forum International des Métiers et des Compétences, les 10 et 11 février 2025. Dans cet entretien, sa Directrice générale, Karitia Coulibaly De Medeiros revient sur les enjeux de cette rencontre et présente les perspectives de développement de l’agence.
Qu’est-ce que l’AGEFOP et quelles sont ses missions ?
 L’AGEFOP est l’Agence Nationale de la Formation Professionnelle de Côte d’Ivoire. C’est le cabinet d’ingénierie, le BNETD de la formation professionnelle.
 Les missions de l’AGEFOP se résument premièrement à aller auprès du secteur productif pour capter ses besoins en compétences et les traduire ensuite en référentiel de formation, de compétences. Secundo, c’est d’être un opérateur de formation. L’AGEFOP ne dispose certes pas de centre de formation, mais joue un rôle de garant de l’assurance qualité. Nous avons, pour ce faire, établi les référentiels en sélectionnant les établissements ou les centres de formation avec lesquels nous jugeons bon de travailler en termes de qualité et nous supervisons les formations qui y sont données. C’est d’ailleurs ce rôle que nous avons dans le cadre du Projet Emploi Jeune Et Développement des Compétences (PEJEDEC) pour les formations par apprentissage.
Enfin, l’AGEFOP a aussi pour mission de professionnaliser les secteurs d’activités, d’autant plus que nos économies sont en majorité informelles. Nous entendons faire le répertoire des métiers dans un secteur d’activité et élaborer les référentiels de compétences associés à ces métiers pour que l’on puisse standardiser la façon de travailler afin de professionnaliser ces métiers.
Vous avez récemment lancé le Programme National Passeport Compétences. Que renferme ce programme et quelle est la population cible ?
Le Programme National Passeport Compétences a été initié et mis en œuvre par l’AGEFOP. Précédemment, nous avions juste une mission d’étude, d’identification des besoins ou être simplement un opérateur de formation ou professionnaliser les métiers. Mais avec ce Programme, nous irons dans les territoires des collectivités territoriales où nous choisirons un secteur d’activité pour y déployer toutes les missions de l’AGEFOP, notamment l’identification des besoins en compétences du secteur productif local, ainsi que toutes les étapes d’élaboration de référentiels afin de répondre aux besoins locaux et former les populations.
Vous organisez le Forum International des Métiers et des Compétences, les 10 et 11 février prochains. Pourquoi avoir choisi d’organiser un tel Forum et quelles en seront les articulations ?
La première édition du Forum International des Métiers et des Compétences (FIMEC) aura effectivement lieu, les 10 et 11 février 2025, au Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire.
Nous avons décidé d’organiser ce Forum pour contribuer à améliorer la perception que plusieurs ont de la formation professionnelle, à savoir que celle-ci est réservée à ceux qui ont échoué dans l’enseignement général. L’organisation d’un tel Forum permettra donc d’aider à transformer la perception publique sur la formation professionnelle.
Ce sera également l’occasion de présenter au grand public tout ce qui est fait par l’AGEFOP et les autres structures de la formation professionnelle afin de montrer que la formation professionnelle n’est pas seulement une deuxième chance, mais également une voie d’opportunités et un levier important sur lequel il faudra se baser pour une croissance inclusive du pays.
Ce Forum permettra par ailleurs une synergie d’actions entre les différentes structures de l’écosystème de la formation professionnelle, tant au niveau local qu’international, puisque ce sera le lieu de partager des expériences, les bonnes pratiques qui ont lieu dans les pays qui se sont appuyés sur la formation professionnelle pour se développer. Nous profiterons pour écouter toutes les parties prenantes, notamment le secteur privé, les jeunes, les collectivités territoriales et les autres ministères techniques partenaires pour savoir si nous allons dans le bon sens, répondant aux besoins et aux attentes des uns et des autres.
À la fin de ce Forum, nous espérons avoir des recommandations claires qui rencontreront l’adhésion de tous, aussi bien sur les mécanismes de financement innovants de la formation professionnelle, les défis à relever pour enfin arriver à cette adéquation formation-emploi et pour bien d’autres sujets tels que le soft skills qu’il faut introduire dans tous les programmes de formation.
Et nous espérons que l’une des conclusions sera l’instauration d’un marqueur, c’est-à-dire une composante transversale dans tous les projets structurants du pays, qu’ils soient financés par l’État ou par des bailleurs étrangers, dans la mesure où le développement des compétences est une nécessité. Que l’on soit en train de programmer un projet dans le secteur de l’énergie, de l’agriculture ou dans tout autre secteur, il faut, en amont, identifier les besoins en compétences, former nos populations localement pour éviter que la mise en œuvre de ces projets se fasse avec des travailleurs venus d’ailleurs.
 
Madame la Directrice Générale, quels sont les prochains chantiers de cette institution ?
Les chantiers sont déjà énormes. Il faut poursuivre le Programme national Passeport Compétences, mener la bataille de l’image, en travaillant à la bonne perception de l’AGEFOP. Nous envisageons nous rapprocher davantage des populations de l’intérieur du pays. Nous avons déjà 15 représentations à l’intérieur du pays, l’objectif, in fine, est de pouvoir être dans les 31 régions et pouvoir déployer toutes les missions dans toutes les collectivités territoriales du pays.
Il s’agit pour l’AGEFOP de développer les compétences des populations ivoiriennes, surtout des jeunes. Qu’ils se rendent compte que le développement de leurs compétences constitue leur passeport vers une insertion professionnelle réussie, vers une autonomie financière durable. L’AGEFOP a toute sa partition à jouer dans le tournant décisif de la Côte d’Ivoire à l’instar de tous les pays africains qui ont une population à majorité jeune. Il nous faut former nos jeunes pour qu’ils constituent la main d’œuvre qualifiée de demain comme c’est le cas aujourd’hui en Chine ou en Turquie.
 
Votre mot de fin
Que les jeunes se disent qu’apprendre un métier constitue un avenir certain, car cela leur permettra d’avoir de l’argent et d’être autonomes. Je voudrais donc lancer un appel aux jeunes, qu’ils soient diplômés ou en quête d’emploi, leur dire que la formation professionnelle peut être également une voie d’excellence. D’autant plus que les pays comme la France, la Suisse, l’Allemagne ou la Chine se sont développés en s’appuyant sur la formation professionnelle.
Il faut que chacun se dise que tout le monde ne travaillera pas dans des bureaux et peut-être qu’on peut mieux gagner sa vie en exerçant un métier. Mais tout cela ne peut être valorisant et productif que si l’on développe ses compétences.
Je voudrais inviter la jeunesse à s’intéresser à la formation professionnelle, à comprendre que les compétences sont la clé de leur avenir. Il faut se former, quel que soit le domaine d’activité, pour avoir cette autonomie financière.
Venez nombreux au FIMEC, le Forum International des Métiers et des Compétences, dont nous organisons la première édition les 10 et 11 février prochains, au Palais des Congrès de l’Hôtel Ivoire. Vous y découvrirez les métiers de demain, les outils pour se former afin d’accéder à ces métiers. Venez nombreux, la formation professionnelle est l’affaire de tous.
CICG

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