Le Capitaine Traoré et Kim Jung Un: Des similitudes frappantes

Le jeune dictateur Kim Jong-Un de la Corée du Nord, fait-il des émules en Afrique ?

La Corée du Nord est le pays le plus fermé au monde. Les citoyens n’ont pas le droit de voyager, ils n’ont pas accès à internet, Malheur à celui qui sera pris en possession d’un magazine étranger. Les seules informations disponibles sont celles servies par la propagande du régime. Les rares étrangers autorisés à visiter le pays sont sous bonne escorte de « guides touristiques », à qui ils doivent strictement obéir sous peine d’être arrêtés. Les photos et vidéos sont interdites. Le parcours est soigneusement organisé pour éviter tout contact avec les citoyens.

Le pays vit un communisme strict, les pénuries et les famines sont fréquentes. Pourtant les citoyens ne doivent en aucun cas se plaindre. Quiconque émet la moindre critique est passible de camp de travaux forcés, lui et sa famille. Le peuple doit montrer du zèle envers le régime, chanter et danser à l’honneur du « guide suprême », le jeune leader Kim Jong Un, 43 ans. Il avait 29 ans lorsqu’ il hérita du pouvoir de son père en 2011. Sur le continent, l’Erythrée est souvent citée comme une « Corée du Nord africaine ». C’est un pays fermé, tenu d’une main de fer par le dictateur Issayas Afewerki depuis sa sécession de l’Éthiopie en 1993. Pas de partis politiques, pas de syndicats, pas d’élections, pas de société civile, interdiction aux citoyens de sortir du pays, la conscription est impitoyable, le pays est interdit aux touristes etc….etc…..

Mais la trajectoire du Burkina interpelle, inquiète. En 2024, son jeune leader le capitaine Ibrahima Traoré (36 ans) prolongeait de façon unilatérale la « transition » de cinq ans supplémentaires. Pendant cette période, les partis politiques ont interdiction d’exercer. Les libertés syndicales sont officiellement permises, mais dans les faits aucune grève n’est plus tolérée. La société civile, les activistes, les médias etc… ont interdiction de commenter la situation sécuritaire du pays. Les citoyens sont appelés à dénoncer les « traîtres », toute personne qui émet une critique du régime. Des centaines de citoyens ont ainsi été arrêtés sur dénonciation et sont en attente de leur procès. On attend des citoyens qu’ils montrent du zèle pour le régime. Le peuple doit montrer qu’il « aime » son dirigeant. Une chape de plomb se met peu à peu en place.

En Corée du Nord, la propagande insiste sur la guerre avec l’Occident, et plus spécifiquement les Etats-Unis. C’est une rhétorique omni-présente, enseignée depuis la maternelle, afin que les enfants grandissent avec la haine des Etats-Unis dans le cœur. Au Burkina Faso, la propagande désigne aussi les impérialistes, les Occidentaux, et là ce ne sont pas les USA, mais la France qui est pointée du doigt. C’est une véritable fixation que le régime entretient sur la France, qui est vue comme la source de tous les problèmes du pays. Selon le gouvernement burkinabè, la France « arme, finance et forme les djihadistes, dans le but de déstabiliser le sahel et s’accaparer ses richesses ». C’est la rhétorique officielle. Quiconque la remet en cause peut faire l’objet d’une arrestation sur simple dénonciation !!!

De même que la Corée du Nord voit la Corée du Sud comme une « colonie » des Etats-Unis, et mobilise une armée de hackers pour y déverser des vidéos de propagande, de même les autorités actuelles du Burkina voient les pays qui coopèrent avec la France, principalement la Côte d’Ivoire, comme une « colonie » de celle-ci, un « pays vendu », et à l’image de la Corée du Nord, ont mobilisé une armée de cyber activistes qui chaque jour déversent des vidéos sur les réseaux sociaux présentant la Côte d’Ivoire comme un pays à la dérive, en proie aux troubles, un pays qui soutient les djihadistes …..etc……etc……

En 2017, les Etats unis ont envoyé deux portes avions au large de la Corée du Nord avec pour instructions d’intervenir si les Nord-Coréens franchissaient la frontière avec la Corée du Sud où ils avaient massé d’importantes troupes et de l’artillerie. Le jeune leader Kim Jong-Un promettait de « détruire » à la fois la Corée du Sud et les Etats-Unis. C’était un moment de grande tension, avec des déclarations guerrières de part et d’autre. Mais les choses ont fini par s’apaiser, certainement des adultes dans l’entourage de Kim Jong-Un lui ont fait comprendre que la Corée du nord ne pouvait pas soutenir une confrontation avec les Etats Unis. Un sommet avec le président Trump a ainsi été organisé à Singapour en Juin 2018, et un second au Vietnam six mois plus tard.

Entre la Côte d’Ivoire et le Burkina plusieurs graves incidents se sont produits à la frontière depuis la prise de pouvoir du capitaine Traoré en 2022, amenant la CI à renforcer sa présence dans la zone, avec des troupes, des hélicoptères et des drones. Ayant passé une partie de sa vie au Burkina, le président Ouattara veut éviter l’escalade. Il a même offert un lot d’équipements militaires à ce pays en 2023, d’un coût de 2.3 milliards. Mais le capitaine Traoré, du fait certainement de sa jeunesse, n’avait visiblement pas conscience que les incidents pouvaient dégénérer, entre les deux armées, mais aussi pour les 6,2 millions de Burkinabés (chiffres consulaires) résidant en CI. Si la tension à la frontière a baissé suite à la rencontre des deux ministres de la défense, sur internet par contre, la guerre de la désinformation fait rage, avec des activistes burkinabés qui déversent des vidéos grotesques et surréalistes sur la CI, avec comme objectif affiché la déstabilisation du pays.

Comme dans toutes les dictatures, nous avons des régimes qui reposent sur l’armée. La dictature nord-coréenne est en place depuis les années 50. La loyauté des troupes est donc inscrite dans le marbre. Au Burkina la dictature est naissante. La fidélité de l’armée n’est pas totalement acquise. Suite à l’attaque de Mansilla (107 victimes parmi les soldats en Juin 2024 ), le capitaine Traoré fut invisible pendant une semaine. La rumeur le disait réfugié dans une base où étaient installés des paramilitaires russes. Depuis, sa protection est assurée par ces derniers. L’homme a aussi mis en place des « bataillons d’intervention rapide », censés être déployés sur le front, mais en réalité ces unités ont pour mission de parer à toute tentative de « déstabilisation ». Pour faire simple, ces unités constituent sa garde personnelle.

Sur un tout autre plan, le capitaine Traoré a souvent proclamé que les pays de l’ ’’AES’’ se réservaient le droit « d’attaquer » le franc CFA, sans toutefois clarifier ce qu’il entendait par ce terme. Mais là encore, il est probable que des adultes lui ont certainement fait comprendre qu’en l’état actuel des choses, il serait suicidaire pour le Burkina de sortir du CFA. Depuis, la rhétorique anti-CFA n’est plus au menu de ses discours. En fait, au Burkina et en Corée du Nord, nous avons au sommet des Etats, deux jeunes encore immatures, avec comme conséquence une gouvernance erratique, imprévisible. Leurs propos font souvent penser à des « gamins qui insultent tout le monde à la maison parce que mécontents de leurs jouets ». Ils n’ont pas forcément la pleine conscience des implications de leurs actes, du ressenti de leurs décisions.

En violation des résolutions des Nations Unis, le pays des hommes intègres a officiellement renoué les relations diplomatiques avec la Corée du Nord, et le commerce (notamment les armes) a repris entre les deux Etats. Une dictature à la nord coréenne se met peu à peu en place au Burkina, visiblement une dictature au long cours. La pensée unique est en place, l’endoctrinement des populations est en marche, et sur le plan des libertés, le pays est entré dans une nuit qui devient chaque jour plus pesante. Le Burkina Faso va-t-il revivre sa révolution de 2014 ?

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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