La production pétrolière en Côte d’Ivoire est devenue indéniablement un secteur stratégique pour l’économie nationale. Depuis les découvertes successives de champs pétroliers et l’expansion des activités d’exploration et de production, notamment dans les blocs « offshore », le pays a renforcé sa position en tant que producteur d’hydrocarbures en Afrique de l’Ouest. Cependant, ce secteur souffre d’une grande opacité et de manque de transparence quant à l’utilisation des revenus générés.
La production pétrolière en Côte d’Ivoire
• Volumes produits : En 2023, la production pétrolière de la Côte d’Ivoire s’élevait à environ 50 000 barils par jour, principalement grâce aux champs offshore comme Espoir, Baobab, et Baleine (ce dernier étant un projet en expansion porté par ENI).
• Acteurs majeurs : Des entreprises internationales comme ENI, Tullow Oil, et Petroci (la société nationale d’hydrocarbures) jouent un rôle clé dans le développement de l’industrie pétrolière.
• Importance économique : Les hydrocarbures représentent une part significative des exportations du pays, générant des revenus considérables. En 2023, la Côte d’Ivoire a produit 10,75 millions de barils de pétrole brut, soit une augmentation de 15,61 % par rapport aux 9,3 millions de barils produits en 2022. Cette hausse est principalement due à la mise en production du champ pétrolier « Baleine » le 27 août 2023.
La Société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci) a réalisé un bénéfice net de 20,6 milliards de FCFA en 2023, contre 2,49 milliards en 2022. Soit 10 fois plus de bénéfices en un an. De plus, la Société ivoirienne de raffinage (SIR) a généré un chiffre d’affaires de 2 661 milliards de FCFA en 2022, après une hausse de près de 100 %.
Bien que ces chiffres, émanant des institutions locales, témoignent de la croissance du secteur pétrolier ivoirien, les données précises sur le montant total des revenus pétroliers générés en 2023 ne sont pas (encore) disponibles.
Opacité dans la gestion des ressources
• Manque de transparence : Malgré les initiatives internationales comme l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), la Côte d’Ivoire est souvent pointée du doigt pour le manque de clarté dans la gestion des revenus pétroliers. Les rapports financiers détaillés, tels que les contrats d’exploration et les redevances versées, ne sont pas toujours accessibles au public.
• Corruption et détournements : Des enquêtes indépendantes et des rapports d’organisations comme la Banque mondiale ou Transparency International ont évoqué des risques de corruption et de détournements dans le secteur pétrolier. Les mécanismes de contrôle sont jugés insuffisants.
• Problèmes de redistribution : Une partie des revenus pétroliers semble mal redistribuée, avec peu d’impact sur le développement des infrastructures, l’éducation, ou la santé des populations locales, notamment dans les zones directement affectées par les activités extractives.
Où vont donc les ressources issues de l’exploitation du pétrole ivoirien ?
La question de l’utilisation des ressources pétrolières reste cruciale. En théorie, les revenus issus du pétrole devraient contribuer à :
1. Alimenter le budget de l’État : Une partie des ressources finance les dépenses publiques, mais les montants exacts restent flous.
2. Investir dans le développement local : Les communautés proches des zones d’exploitation devraient pouvoir bénéficier de projets sociaux et économiques, ce qui est souvent insuffisant voire inexistant.
3. Servir la dette publique : Une partie des revenus est parfois utilisée pour rembourser les emprunts contractés par l’État.
4. Soutenir l’économie nationale : Les revenus pétroliers sont aussi censés être réinvestis dans d’autres secteurs pour diversifier l’économie et assurer un accompagnement social solidaire et soutenu.
Cependant, les critiques soulignent que la répartition effective semble déséquilibrée, avec une part importante des ressources captée par une élite économique et politique. Les fonds publics sont parfois mal gérés ou utilisés à des fins personnelles, alimentant un climat de défiance.
Vers une meilleure gouvernance ?
• Renforcement des institutions : La Côte d’Ivoire pourrait tirer des leçons des pays voisins comme le Ghana, qui a mis en place des mécanismes plus transparents pour la gestion des revenus pétroliers.
• Engagement citoyen : Une pression accrue des citoyens et des organisations de la société civile pourrait encourager une meilleure redevabilité si l’espace d’expression des libertés n’était comprimé et hélas bien trop compressé.
• Rôle des partenaires internationaux : Les institutions internationales pourraient jouer un rôle clé en exigeant davantage de transparence dans les projets financés ou soutenus.
En conclusion:
La gestion des ressources pétrolières en Côte d’Ivoire est un enjeu majeur qui nécessite des réformes et une approche pour garantir que les bénéfices profitent réellement à la population et au développement durable du pays.
© Dr KOCK OBHUSU
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