Un homme, quand il marche, laisse toujours des traces. Cette vérité intemporelle trouve une résonance particulière dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Depuis les années 90, des hommes et des femmes se sont engagés corps et âme dans une lutte pour la souveraineté, l’indépendance véritable et l’instauration du multipartisme. À cette époque, certains avaient à peine 20 ans et, aujourd’hui encore, beaucoup poursuivent ce chemin semé d’embûches, refusant d’abandonner avant leur dernier souffle.
La lutte politique ivoirienne ne saurait être réduite à des événements récents ou à des figures emblématiques isolées. Ceux qui considèrent que l’histoire politique du pays commence avec l’arrestation et la déportation de Laurent Gbagbo se trompent lourdement. Cette approche réductrice ignore des décennies de combat acharné, de sacrifices consentis par une génération entière, souvent au péril de leur liberté et de leur vie.
Cette chronique n’est pas une remise en question de l’importance de Laurent Gbagbo dans la vie politique ivoirienne. Au contraire, il s’agit de rappeler que le combat dépasse les individus, même les plus charismatiques. Dire que l’on respecte et admire un leader n’implique pas de suivre aveuglément toutes ses décisions, surtout lorsqu’elles s’éloignent des idéaux fondateurs.
L’histoire d’une lutte bien plus ancienne
La fin des années 80 et le début des années 90 marquent une période charnière pour la Côte d’Ivoire. Sous la pression intérieure et extérieure, le pays amorce une transition vers le multipartisme. Ce passage, loin d’être linéaire, fut jalonné de confrontations idéologiques, de répressions et de tensions sociales. C’est à ce moment que de nombreux jeunes, animés par un idéal de liberté, rejoignent les rangs de ceux qui luttent pour un avenir démocratique.
Cet engagement n’était pas motivé par des ambitions personnelles, mais par une vision : celle d’une Côte d’Ivoire souveraine, libre et capable de s’émanciper des influences extérieures. Pourtant, plusieurs décennies plus tard, certains de ces pionniers se sentent frustrés. Le chemin parcouru semble long, mais les objectifs initiaux restent, pour beaucoup, encore inachevés.
La nécessité d’une critique constructive
L’une des phrases les plus marquantes de cette réflexion est sans doute : « Ko Gbagbo est ton père… Et donc ? ». Ce ton, à la fois provocateur et direct, traduit un ras-le-bol face à l’aveuglement partisan qui empêche toute remise en question. L’idée n’est pas de nier les mérites de Laurent Gbagbo, mais d’exiger qu’il reste fidèle aux idéaux pour lesquels tant de personnes se sont battues. La politique ne doit pas devenir une affaire de fidélité personnelle ou de culte de la personnalité. Elle doit demeurer une quête collective vers le progrès et la justice.
Aimer un leader, c’est aussi savoir lui dire la vérité. Ce n’est pas un acte de trahison, mais une marque de respect et de loyauté envers les idéaux communs. Cette posture, bien que difficile, est essentielle pour maintenir le cap dans une lutte aussi longue et complexe que celle menée par la Côte d’Ivoire depuis plusieurs décennies.
Un appel à la mémoire et à l’unité
La fin de cette chronique résonne comme un appel à la mémoire et à l’unité. L’auteur rappelle que cette lutte n’est pas une simple parenthèse dans la vie de ceux qui y ont pris part. Elle constitue leur existence entière. Il ne s’agit pas d’un engagement temporaire, mais d’un combat qui durera jusqu’au dernier jour.
L’invocation des ancêtres africains dans la conclusion souligne l’importance des racines culturelles et spirituelles dans ce cheminement politique. Ce n’est pas une lutte isolée dans le temps ou l’espace, mais un combat qui s’inscrit dans une continuité historique. Les ancêtres sont les témoins silencieux de cette marche, et leur présence spirituelle inspire les générations actuelles à persévérer, malgré les épreuves.
Conclusion : Le devoir de vigilance
Cette chronique nous rappelle une chose essentielle : la lutte politique n’a de sens que si elle reste fidèle à ses principes fondateurs. Les individus peuvent inspirer et guider, mais ils ne doivent jamais devenir des symboles intouchables. Il est du devoir de chaque acteur politique de rester vigilant, de rappeler les idéaux lorsque le chemin semble s’en éloigner, et de ne jamais perdre de vue l’objectif final.
L’histoire politique d’un pays ne s’écrit pas par la volonté d’un seul homme, mais par l’action collective d’un peuple déterminé. Il appartient à cette génération, et à celles qui suivront, de continuer cette marche en laissant des traces indélébiles sur le chemin de la liberté et de la souveraineté.
Bonne semaine à tous, sous la supervision bienveillante de nos ancêtres africains. Que leur sagesse continue de nous éclairer dans notre quête inlassable d’un avenir meilleur.
Jean-Marie Dekpai
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