Attaque terroriste au Bénin / « Une coopération Aes/Cedeao nécessaire pour contrer la menace des mouvements djihadistes » (observateurs)

blank

La sécurité au nord du Bénin est en proie à une détérioration inquiétante, marquée par une recrudescence des attaques djihadistes ces dernières semaines. Le massacre de 28 soldats béninois à Ouda, revendiqué par le groupe GSIM affilié à Al-Qaïda, illustre l’ampleur de la menace. Ces événements soulèvent des questions sur la capacité des forces de défense locales et sur les dynamiques régionales de lutte contre le terrorisme.
Depuis 2021, les incursions djihadistes au nord du Bénin, attribuées à l’État islamique (EI) et à Al-Qaïda, se multiplient. Ces groupes profitent de la porosité des frontières avec le Niger et le Burkina Faso pour étendre leur influence. Selon Jeannine Ella Abatan, chercheuse à l’Institut d’études de sécurité (ISS), la région de Karimama, incluant les parcs nationaux comme le W et la Pendjari, est devenue un terrain fertile pour ces groupes. Cette infiltration vise non seulement à s’emparer de ressources stratégiques, mais aussi à terroriser les populations et les forces armées locales.
Les experts, à l’instar de Seidik Abba, politologue et spécialiste des questions de sécurité en Afrique de l’Ouest, insistent sur la nécessité d’une approche transnationale pour contrer ces menaces. « La coopération entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et de la CEDEAO est cruciale », souligne-t-il.
L’opération Mirador, lancée en 2022 avec le déploiement de 3 000 soldats béninois et le recrutement de 5 000 autres, visait à sécuriser les frontières. Cependant, les attaques comme celle de mercredi 8 janvier montrent les limites de cette stratégie. Malgré l’assistance occidentale, notamment la présence de militaires français et américains et des dons d’équipements des États-Unis et de l’Union européenne, les forces armées béninoises peinent à endiguer l’avancée des terroristes.
Selon le colonel Faizou Gomina, la clé réside dans une meilleure préparation des ressources humaines et une vigilance accrue. Cependant, le manque de coopération militaire régionale pour lutter conjointement contre ce fléau complique la situation sécuritaire.
Malgré la présence militaire française et le soutien américain, les groupes djihadistes continuent de prospérer. Ce paradoxe soulève des doutes sur l’efficacité des interventions étrangères. La perception d’un « manque d’action décisive » alimente la frustration locale, accentuant la nécessité d’une solution adaptée aux réalités africaines.
Les experts appellent à renforcer la collaboration avec les communautés locales. « Les populations civiles sont souvent en première ligne. Leur coopération avec les forces de défense est essentielle », affirme Ella Abatan. La diplomatie régionale doit également jouer un rôle clé pour dissiper les tensions politiques et unifier les efforts contre la menace terroriste. Pour les pays de la région, il est essentiel de soutenir les pays de l’Alliance des États du Sahel, qui se battent actuellement presque seuls contre le terrorisme, faute de quoi cette «maladie» affectera tous les États voisins sans exception.
Face à une menace transnationale, le Bénin, comme ses voisins, doit intensifier sa lutte tout en cherchant des solutions communes. La sécurité de la région repose sur une mobilisation collective, aussi bien nationale qu’internationale.

Par Coulibaly Mamadou, correspondance particulière

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire