Fatogoman Coulibaly (point focal du Programme National d’Amélioration des Premiers Apprentissages Scolaires) : « L’objectif du programme est d’améliorer les compétences de base des écoliers »
Dans un entretien accordé au Centre d’Information et de Communication Gouvernementale (CICG), Fatogoman Coulibaly, Sous-directeur à la Direction de la Pédagogie et de la Formation continue du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation (MENA), point focal du Programme National d’Amélioration des Premiers Apprentissages Scolaires (PNAPAS), revient sur le dispositif mis en place pour améliorer les compétences des écoliers, en lecture, écriture et mathématique.
Qu’est-ce que le PNAPAS ?
Je voudrais d’abord situer le PNAPAS dans son contexte. Les résultats du PASEC 2019, d’une part, ont mis en évidence le faible niveau d’acquisition des élèves ivoiriens en lecture, en écriture et en mathématiques. D’autre part, les États Généraux de l’Éducation Nationale (EGENA) initiés par le professeur Mariatou Koné, dès son avènement à la tête du ministère de l’Éducation nationale, ont fait le diagnostic sans complaisance du système éducatif, avec à la clé des recommandations à travers 42 leviers transformateurs. L’une de ces recommandations phares consiste à faire en sorte que les compétences des enfants puissent s’améliorer en lecture, en écriture et en mathématiques.
Le Programme National d’Amélioration des Premiers Apprentissages Scolaires (PNAPAS) est en effet une mise en convergence de toutes les bonnes initiatives que le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, à travers la Direction de la Pédagogie et de la Formation Continue (DPFC), a eu à expérimenter sur le terrain. Cette expérimentation ayant donné des résultats probants, il a plu à la ministre d’autoriser la mise à échelle de ce programme. Il s’agit, en résumé, d’un programme mis en œuvre dans l’enseignement primaire pour améliorer les compétences des élèves en lecture, en écriture et en mathématiques.
Combien d’acteurs de l’éducation ont bénéficié, à ce jour, du PNAPAS et quel est l’impact sur le secteur ?
Nous sommes, à ce jour, à environ 66 000 acteurs impactés. Au début du programme il y a eu la formation des formateurs nationaux, au préscolaire et au primaire. Environ 180 encadreurs pédagogiques ont été formés à cette nouvelle méthodologie.
Nous nous sommes par ailleurs déployés sur le terrain, en juillet dernier, où nous avons formé l’ensemble des acteurs régionaux, composés de 41 directeurs régionaux de l’Éducation nationale, de 36 chefs d’antenne et de tous les inspecteurs de l’enseignement préscolaire et primaire avec leurs adjoints. Ce sont environ 600 personnes. De même que l’ensemble des professeurs de CAFOP, de Français et de Mathématiques, ainsi que des directeurs de CAFOP. Environ 2000 conseillers pédagogiques du préscolaire et du primaire ont vu leur capacité renforcée pour l’appropriation de ce nouveau programme.
Après la formation de ces formateurs nationaux, tout ce dispositif s’est déployé dans les écoles où nous avons formé, au mois d’août dernier, tous les enseignants qui tiennent des classes du préscolaire, environ 10 000 personnes, et environ 28 000 enseignants qui tiennent les classes de CP1 et CP2. Ces formations ont eu lieu juste avant la rentrée scolaire. Ce qui a permis de déployer ce programme dans les salles de classe à partir du 9 septembre 2024, date de la rentrée scolaire.
Dans la programmation que nous avons effectuée, les activités se sont poursuivies. Depuis le 26 décembre dernier, le ministère de l’Éducation nationale a mis en formation tous les directeurs d’écoles primaires, environ 20 000 (19 988 plus précisément), et environ 11 000 enseignants des établissements privés qui n’avaient pas été formés lors de la première session ont vu leur capacité renforcée.
À ce jour, nous pouvons affirmer que le ministère a formé environ 66 000 enseignants et acteurs du système éducatif qui ont à charge la mise en œuvre effective de ce programme dans nos différentes salles de classe.
Nous sommes donc satisfaits de cette première partie, car nous disons que le ministère a accompli ses missions en permettant à tous les acteurs de premier plan de s’approprier ce programme et sa mise en œuvre effective dans toutes les salles de classe.
En quoi a consisté cette formation et pour quel résultat attendu ?
Il s’agit d’un nouveau programme dont le contenu de la formation vise essentiellement l’appropriation des différentes méthodologies et de ses différents contenus. Il y a trois composantes essentielles dans ce programme : une composante lecture, une composante mathématique et une composante remédiation avec des outils novateurs.
Les enseignants ont été formés à l’utilisation de ces outils qui leur ont été présentés, à la production de fiches pédagogiques selon le canevas du PNAPAS. L’objectif de ce programme étant d’améliorer les pratiques enseignantes afin que nos enfants, qui sont les destinataires finaux, puissent améliorer leurs compétences de base en lecture, en écriture et en mathématiques.
Un élément essentiel dans ce programme consiste en la mise à la disposition des élèves et enseignants des intrants pédagogiques de qualité grâce à la sollicitude de la ministre Mariatou Koné, qui, en plus des manuels scolaires, met à la disposition des enfants des cahiers d’exercice. Dans ce programme, chaque enfant a gracieusement reçu du ministère un manuel de lecture qu’on appelle le décodable, plus son cahier d’exercice et un manuel de mathématiques qu’on appelle le déchiffrable, plus son cahier d’exercice.
Ces outils sont utilisés en classe, et les missions de supervision que nous avons effectuées nous ont permis de voir que les enfants ont commencé à améliorer leurs compétences en lecture, en écriture et en mathématiques.
Il faut en outre signaler la mise à la disposition des conseillers pédagogiques de matériels roulants, composés essentiellement de motos pour leur permettre d’être le plus près possible des enseignants. La ministre de l’Éducation nationale a remis il y a quelques jours au lycée Sainte-Marie (Cocody), 1093 motos à l’ensemble des conseillers pédagogiques, ajoutées aux 300 motos qui avaient déjà été données dans un autre programme dans les zones de Divo et de Soubré.
Nous pensons que l’arsenal a été mis en place pour que chacun puisse véritablement jouer son rôle, afin que nous puissions amener les enfants, qui sont les destinataires finaux, à améliorer leurs compétences en lecture, en écriture et en mathématiques, qui sont le socle de tout apprentissage.
Quels sont les prochains chantiers du PNAPAS ?
Les prochains chantiers du PNAPAS sont énormes. Nous avons fait la première partie consistant à former tous les acteurs qui ont à charge la mise en œuvre de ce programme. Dans l’immédiat, il s’agira pour les conseillers pédagogiques de faire des missions d’encadrement sur le terrain. Dans ce programme, chaque conseiller pédagogique devra en effet rendre des visites de classe aux enseignants formés. Une visite de classe en lecture, une visite de classe en mathématiques.
Une fois par mois, le conseiller pédagogique est tenu d’organiser une journée pédagogique pour faire les remédiations nécessaires, revenir sur les parties du programme qui ne sont pas bien assimilées par les enseignants, afin de faire les corrections nécessaires. L’objectif étant d’amener tous les enseignants qui interviennent au CP1, au CP2 et au préscolaire à appliquer à 100% le contenu de ce programme.
Après la mise en œuvre du PNAPAS au CP1 et au CP2, le ministère est en train de travailler, à une échéance proche, à faire évoluer ce programme vers le CE1. Cela est prévu dans le calendrier, dès septembre prochain. Et c’est maintenant que nous sommes en train de préparer les outils que les enfants vont utiliser l’année prochaine dans les classes de CE1.
Votre mot de fin, M. le directeur ?
Nous sommes en 2025, permettez-moi, de souhaiter, au nom de toute la Direction de la Pédagogie et de la Formation continue, avec à sa tête Mme Naminata Doukouré, la nouvelle directrice, tous nos vœux de bonheur, de bonne santé, de prospérité à toute la communauté éducative pour 2025. Que cette année soit une année parfaite sur tous les plans et fasse Dieu qu’en cette année, nos élèves puissent améliorer substantiellement leurs compétences pédagogiques pour qu’en fin d’année scolaire, les résultats soient bons.
Je voudrais saluer et dire merci à l’ensemble de la communauté éducative qui a fait confiance à l’Éducation nationale, à la Direction de la pédagogie. Traduire également toute notre admiration pour le leadership de notre ministre, qui, depuis son arrivée à la tête de ce département, est en train de faire bouger les choses de façon perceptible. Quand vous regardez l’agenda de la Côte d’Ivoire en matière d’éducation, c’est la première fois qu’un ministre fait autant pour l’Éducation nationale.
Aujourd’hui, tous les élèves en classes de CP1 et CP2 ont eu des manuels scolaires. Ce sont près de 10 millions de manuels scolaires qui ont été acquis par le ministère de l’Éducation nationale. Tous les encadreurs pédagogiques ont reçu leurs motos. Les acquisitions vont se faire par étapes. Nous avons déjà près de 1 200 motos qui sont acquises. Les autres commandes sont en cours. L’objectif étant que, jusqu’à l’année prochaine, tous les 2 000 conseillers pédagogiques soient dotés de moyens de mobilité pour faire l’encadrement de proximité des enseignants.
C’est également la toute première fois que des formations d’une telle envergure sont déployées sur le terrain. Dans un récent passé, l’on voyait des enseignants qui, au sortir des structures de formation initiale, menaient toute leur carrière à l’Éducation nationale sans participer à des formations continues. Ici, en moins d’une année, ce sont près de 66 000 enseignants que le ministère de l’Éducation nationale a formés. Nous rendrons gloire à Dieu et nous disons merci à Madame le ministre pour ce leadership. Espérant que les résultats des enfants vont s’améliorer sur le terrain.
C’est l’occasion pour moi de lancer un appel à tous les enseignants qui sont en situation de classe pour dire que la hiérarchie a fait sa part de travail. Il leur appartient maintenant de s’approprier toutes ces stratégies qui ont été vues et qui ont été partagées lors des séances de formation, à les traduire en activités concrètes dans les salles de classe, afin que tous nos enfants puissent savoir lire, écrire et compter. Nous ferons un bilan à mi-parcours à travers la Direction de la Veille et du Suivi des Programmes (DVSP) qui va organiser une évaluation des acquis. Cette évaluation permettra justement de jauger de la pertinence de ce programme en termes d’amélioration et d’impact sur la qualité des premiers apprentissages.
L’enseignement primaire est le socle de tout apprentissage. Tant que les élèves, à la fin de la classe de CM2, n’ont pas amélioré leurs compétences en lecture, en écriture et en mathématiques, la poursuite de leur scolarité sera problématique. C’est pour cela que le ministère de l’Éducation nationale déploie autant d’efforts pour que, pour les prochaines évaluations du PASEC, la Côte d’Ivoire soit parmi les premières nations qui auront des élèves qui ont maîtrisé les compétences de base en lecture, en écriture et en calcul. Ce sera véritablement notre satisfaction.
Je voudrais donc vous remercier, au nom de Madame le directeur de la Pédagogie et de la Formation continue. Les cours vont reprendre le lundi 6 janvier. Que chaque enseignant, chaque conseiller pédagogique, chaque Inspecteur de l’Enseignement Préscolaire et Primaire (IEPP) sur le terrain joue sa partition, pour qu’ensemble nous puissions nous mobiliser pour réussir la mission qui nous a été confiée par la ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, Professeur Mariatou Koné.
CICG
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