Les coulisses de l’implantation de Betclic en Côte d’Ivoire sont marquées par des jeux d’influence subtils et des réseaux puissants. L’arrivée du géant des paris en ligne, Betclic, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest n’est pas le fruit du hasard, mais bien d’une série de négociations stratégiques dans lesquelles plusieurs personnalités influentes ont joué un rôle crucial. Parmi elles, l’ex-président français Nicolas Sarkozy et l’ex-Premier ministre ivoirien Patrick Achi se trouvent au cœur de ce dossier. Leurs actions, souvent discrètes, ont permis au bookmaker français d’étendre son empire en Afrique.
Betclic en Côte d’Ivoire : Un dossier traité avec diligence
La Côte d’Ivoire, avec son marché de plus en plus ouvert aux jeux en ligne et aux paris sportifs, a attiré l’attention des acteurs internationaux. Betclic, créée en 2005 à Londres par Éric Moncada et Nicolas Béraud, et dirigée aujourd’hui par Stéphane Courbit, est l’un des leaders européens du secteur. La firme revendique plus de 11 millions de joueurs inscrits sur sa plateforme.
Mais son arrivée en Côte d’Ivoire, en 2022, n’a pas été simple. Pour qu’elle soit régulée et légalement opérante, Betclic Côte d’Ivoire a dû obtenir une licence délivrée par la Loterie Nationale de Côte d’Ivoire (LONACI), conformément aux régulations locales. La convention entre Betclic et la LONACI a été signée le 11 mai 2022, et la société a été enregistrée sous le numéro CI-ABJ-03-2022-B17-00028 au registre du commerce d’Abidjan.
Derrière cette formalité administrative se cache un véritable jeu d’influence où le rôle de Patrick Achi, Premier ministre de la Côte d’Ivoire de mars 2021 à octobre 2023, a été central. En 2022, Patrick Achi, suivant des instructions de la présidence de la République, a reçu à plusieurs reprises les dirigeants de Betclic pour faciliter leur implantation dans le pays. Selon des sources proches du dossier, l’« ordre » était clair : traiter ce dossier avec « la plus grande diligence ». L’objectivité économique et les perspectives d’investissements ont certainement pesé dans la décision. Cependant, ce n’est pas seulement la perspective de création d’emplois et de recettes fiscales qui a motivé les autorités ivoiriennes. Un acteur discret a facilité ce processus.
Nicolas Sarkozy : Le lobbyiste des intérêts de Betclic
Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française, a toujours entretenu des liens étroits avec des figures influentes du monde des affaires. Son rôle dans l’implantation de Betclic en Côte d’Ivoire n’a fait que renforcer cette image d’homme de réseaux et de lobbyiste influent. Il ne faut pas oublier que Sarkozy est lié de manière intime à Stéphane Courbit, le dirigeant du groupe Lov, propriétaire de Betclic.
D’après des révélations de l’émission Complément d’enquête sur France 2, Sarkozy a rejoint, en 2020, le conseil d’administration de Lov Group Invest et de Financière Lov, deux holdings détenues en grande partie par Stéphane Courbit et sa famille. Ces entités gèrent un portefeuille d’activités diverses allant de la télévision (avec Banijay) aux jeux en ligne (Betclic) en passant par l’hôtellerie. Au sein de ces structures, Sarkozy se positionne comme un conseiller stratégique, un lobbyiste de poids. Il est le pont entre le monde des affaires français et des acteurs politiques africains.
Les dessous d’une influence transnationale
La relation entre Sarkozy et Courbit ne se limite pas à des considérations purement économiques. Selon plusieurs sources, l’ancien président français a facilité l’ouverture de Betclic en Afrique, non seulement en Côte d’Ivoire, mais aussi dans d’autres pays du continent. Le Sénégal, la République Démocratique du Congo et le Bénin sont également des cibles d’expansion pour le groupe.
L’implantation de Betclic en Afrique semble avoir suivi un parcours balisé par des contacts privilégiés entre Sarkozy, ses anciens collaborateurs (notamment Alain Minc et Marc Ladreit de Lacharrière, deux figures proches du monde des affaires) et les autorités politiques locales. Au Sénégal, par exemple, la régulation des paris en ligne a été ajustée en fonction des demandes spécifiques de Betclic. Même mécanisme en RDC et au Bénin, où les négociations ont souvent été facilitées par les anciennes relations politiques de Sarkozy.
La manière dont ces négociations ont été menées, souvent sous le sceau de la confidentialité, témoigne d’un lobbying d’influence bien rodé. Les acteurs politiques africains, tels que Patrick Achi, jouent un rôle clé en facilitant l’accès au marché local tout en étant conscients des enjeux économiques et diplomatiques sous-jacents.
Les implications d’une implantation réussie : Entre emplois, régulation et rentabilité
L’arrivée de Betclic en Côte d’Ivoire a également des implications concrètes pour le pays. D’un point de vue économique, la présence de Betclic Côte d’Ivoire a permis la création d’emplois directs et indirects, notamment dans le secteur technologique et celui des services associés aux paris sportifs. La régulation de ce secteur, bien que rigoureuse, reste un défi pour la LONACI qui doit surveiller la concurrence tout en maintenant l’intégrité du marché.
Cependant, ces bénéfices se font à un prix. Le marché des jeux en ligne et des paris sportifs en Afrique, bien que prometteur, soulève des préoccupations éthiques et sociales. Les risques liés à la dépendance aux jeux de hasard, ainsi que la question de la régulation stricte pour éviter les abus, demeurent des enjeux cruciaux pour les autorités ivoiriennes.
LA REDAC’
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