Bases militaires etrangeres / « Tant qu’une armée étrangère est présente, nos pays ne peuvent pas être réellement indépendants » : Des Ivoiriens s’agacent

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Le Tchad et le Sénégal ont récemment pris une décision historique en exigeant le retrait des bases militaires françaises de leur territoire. Ces annonces marquent une nouvelle étape dans le processus de rupture des accords militaires avec Paris, déjà amorcé par le Mali, le Niger et le Burkina Faso. À Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire, les habitants partagent leurs réflexions sur ces événements et ce qu’ils signifient pour l’avenir de l’Afrique.
Pour de nombreux Ivoiriens interrogés dans le dernier épisode de la série Micro-trottoir, la présence militaire française est perçue comme un vestige du passé colonial. « L’armée française, présente depuis l’indépendance, défend avant tout les intérêts de la France. Plus de 60 ans après, on se demande pourquoi elle reste encore dans ces pays », déclare un habitant d’Abidjan. Cette critique est renforcée par les souvenirs amers du rôle controversé de la France dans des crises régionales, notamment en Côte d’Ivoire en 2011.
Selon un autre citoyen, le maintien des bases françaises entrave l’autonomie des États africains : « Tant qu’une armée étrangère est présente, nos pays ne peuvent pas être réellement indépendants. Imaginez si une armée africaine était stationnée en France, quelle serait leur réaction ? »
Le mécontentement face à la présence française repose également sur une évaluation critique des accords de défense. « Nos pays ont signé ces accords pour bénéficier de l’appui technique et des renseignements, mais la France n’a pas toujours répondu aux attentes », explique un autre Abidjanais. Il évoque l’absence de soutien efficace lors des crises sécuritaires, notamment face aux attaques terroristes.
Les critiques vont plus loin, accusant les opérations militaires françaises, comme Barkhane, de contribuer à l’instabilité plutôt qu’à la résoudre. « Au Sahel, ces interventions ont souvent nourri l’insécurité. Il est temps que la France quitte l’Afrique et que nos pays reprennent pleinement leur destin en main », conclut un autre participant.
Pour les citoyens interrogés, la décision du Sénégal et du Tchad reflète une volonté claire de tourner la page de la dépendance militaire. Beaucoup appellent à des partenariats plus équitables, basés sur un respect mutuel et des intérêts partagés. « Nous demandons un partenariat gagnant-gagnant, pas une indépendance sous surveillance. Il est temps que l’Afrique prenne ses responsabilités », affirme un habitant de la capitale.
Ces avis, largement partagés, témoignent d’une prise de conscience croissante au sein des populations africaines. Le retrait des bases françaises est vu comme un pas décisif vers une souveraineté pleine et entière, libérée des chaînes du passé colonial.
Les récents développements au Sénégal et au Tchad s’inscrivent dans une dynamique régionale où l’Afrique cherche à redéfinir ses relations avec l’ancienne puissance coloniale. La jeunesse, en particulier, incarne cette aspiration à une indépendance véritable, une Afrique maîtresse de son destin.

Par Coulibaly Mamadou, correspondance particulière

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