La triste fin du léopard

“Le demi-dieu n’était pas immortel.” C’est par ces mots que le Belge Thierry Michel conclut son documentaire de 135 minutes sur Mobutu Sese Seko, le maréchal zaïrois mort et enterré au Maroc, loin de la terre de ses ancêtres, loin de Gbadolite où il s’était construit un immense palais dans lequel il recevait les soi-disant grands de ce monde.
Dans chaque pays, Mobutu avait une villa ou un château où l’argent côtoyait le luxe le plus insolent pendant que le peuple zaïrois, zombifié et imbécilisé par des slogans creux à la gloire du dictateur, croupissait dans une misère déshumanisante.

En 1997, rongé par la maladie, le léopard ne pouvait plus mordre. Il avait perdu toutes ses dents. Il était si affaibli qu’il ne pouvait pas faire face à l’offensive de Laurent-Désiré Kabila, chef d’une rébellion financée et soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. Qui ne se souvient pas de cette image où Nelson Mandela essayait de l’aider à se tenir debout sur le navire de guerre sud-africain Outeniqua lors de la brève rencontre entre lui et Laurent-Désiré Kabila au large du port congolais de Pointe-Noire, le 4 mai 1997? Le guerrier qui va de victoire en victoire sans que personne ne puisse l’arrêter n’existait plus. Mobutu n’était plus que l’ombre de lui-même. Il était fini.

C’est ce moment que choisirent ses “amis” et parrains occidentaux pour le lâcher. Robert Bourgi raconte que Mobutu avait sollicité un visa pour se soigner en France et qu’Alain Juppé donna cette réponse à Bourgi: »Qu’il aille mourir ailleurs! » Et Mobutu mourut au Maroc. Les prédécesseurs de Juppé et autres profiteurs/opportunistes occidentaux l’avaient pourtant utilisé en 1961 pour se débarrasser de Patrice Lumumba, l’homme qui ne mâchait pas ses mots et qui n’avait qu’un rêve : travailler pour un Congo libre et souverain.

Les Africains qui laissent l’Occident piller nos matières premières, ceux qui prennent un malin plaisir à affamer et à brutaliser leurs peuples, ceux qui pensent que le pouvoir leur donne un droit de vie et de mort sur leurs semblables, les idiots qui se croient indéboulonnables, devraient regarder “Mobutu, roi du Zaïre” et réfléchir sur la triste fin de cet homme qui se croyait invincible.

J’ose espérer que voir ce documentaire réalisé en 1999 leur permettra de comprendre que le mal que l’on fait au peuple ne reste jamais impuni, qu’aucun demi-dieu n’est immortel et que les dirigeants occidentaux vous abandonnent quand ils n’ont plus d’intérêt avec vous.

Jean-Claude Djéréké

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire