Adjoumani (ministre d’État): Une sortie funeste pour la démocratie et la préservation de la civilité politique en Côte d’Ivoire !

Comprendre Adjoumani dans sa réécriture mythologique de l’histoire de Thiam…

Le samedi 21 décembre 2024, lors d’un meeting à Aboisso, Tidjane Thiam, candidat du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) à l’élection présidentielle de 2025, a présenté sa vision politique pour un avenir plus prospère et démocratique pour la Côte d’Ivoire.

Ce discours, pourtant axé sur la réconciliation nationale et la construction d’un futur commun, a suscité une réaction virulente [ici plus bas] de la part du ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), transfuge du PDCI.

À travers une déclaration enflammée et emplie de violence verbale, le ministre a décidé de répondre à Thiam par une avalanche de critiques acides et de sous-entendus. Une sortie, qui s’apparente à une tentative de déstabilisation, mérite d’être analysée sous l’angle de sa nocivité pour le débat démocratique et la préservation de la civilité politique en Côte d’Ivoire.

Une réponse qui dépasse la simple critique politique

La prise de parole de Kobenan Kouassi Adjoumani s’apparente davantage à une attaque personnelle qu’à une réplique politique proprement dite. En dénonçant l’attitude de Tidjane Thiam, le ministre n’a pas seulement contesté les propos du leader du PDCI, mais a également choisi de le mettre en scène de manière caricaturale et dégradante. En qualifiant le discours de Thiam d’une « goutte d’eau de trop » et en le défiant à « danser au son du ZoblaZo politique », Adjoumani réduit la politique à une simple danse grotesque, en méprisant l’enjeu majeur de la rencontre, à savoir l’avenir du pays et la vision pour la réconciliation nationale.

Le recours à de telles métaphores et à des termes dévalorisants témoigne d’une volonté manifeste de déshumaniser le débat et de ramener la politique à une forme de spectacle, où les ambitions légitimes et les visions divergentes sont reléguées au second plan au profit de la moquerie et de l’insulte. Or, la politique en général et le débat démocratique en particulier, exigent une attitude respectueuse et des échanges constructifs, surtout lorsqu’il s’agit de préparer l’avenir d’un pays, aussi complexe que celui de la Côte d’Ivoire.

L’attaque personnelle : un détournement des enjeux réels

Ce qui frappe particulièrement dans les propos d’Adjoumani, c’est l’effort pour dénigrer le parcours personnel de Thiam. En le qualifiant de « fils prodigue » ayant abandonné son pays, d’abord en fuyant un « royaume attaqué » et ensuite en « coupant tout lien avec ses parents et ses compatriotes », le ministre s’engage sur un terrain éminemment personnel et émotionnel. Au lieu de discuter des enjeux politiques soulevés par Thiam, Adjoumani se concentre sur la biographie du leader du PDCI, cherchant à en faire une caricature d’opportunisme et de trahison.

Dans cette réécriture mythologique de l’histoire de Thiam, Adjoumani cherche à excuser le bilan de la gouvernance d’Alassane Ouattara en mettant en avant un récit de fidélité à la « lignée royale » et au « royaume » dirigé par le président sortant. Cette manière de traiter les sujets politiques sous forme de contes allégoriques ne fait qu’obscurcir les véritables questions soulevées par l’opposition et écarter du débat les problèmes réels que traverse la Côte d’Ivoire : la gouvernance, les inégalités, la gestion des conflits, et la question de la réconciliation nationale.

La violence verbale : un dérapage inquiétant

Les propos d’Adjoumani ne s’arrêtent pas à une critique des idées de son adversaire politique. Ils franchissent la ligne de la violence verbale, ce qui est particulièrement problématique dans un contexte de tensions politiques déjà palpables. En déclarant que Thiam « devra désormais s’attendre à une réplique vigoureuse » et en appelant à « ne pas franchir la ligne rouge », le ministre semble poser un ultimatum, incitant à une escalade des hostilités plutôt qu’à un apaisement. Ce type de langage, empreint de menaces implicites, est dangereux pour le climat politique du pays.

La rhétorique guerrière et l’appel à la confrontation alimentent l’extrémisme et risquent de polariser davantage la société ivoirienne, alors même que le pays a besoin de sérénité et de dialogue pour traverser ses fractures sociales et politiques. En incitant à une réplique « vigoureuse » au lieu de privilégier la parole constructive, Adjoumani nourrit un cycle de violence verbale qui menace de déstabiliser les fondements du débat démocratique.

Le retour à une politique de dénigrement : une régression

L’attitude de Kobenan Kouassi Adjoumani illustre un recul dans la qualité du discours politique en Côte d’Ivoire. Au lieu de s’engager dans une analyse argumentée des propositions de son adversaire, le ministre préfère le dénigrer en le réduisant à une figure sans consistance, dont les propos seraient insignifiants et non dignes d’attention. Il n’est pas question de défendre une vision de société, mais bien d’anéantir l’adversaire, quitte à verser dans l’injure et la diffamation.

Une telle posture met révèle la dérive autoritaire et démagogique du système politique ivoirien, où l’on préfère aborder la politique par l’affrontement personnel plutôt que par le débat d’idées. En ce sens, la sortie d’Adjoumani n’enrichit en rien le dialogue démocratique, bien au contraire, elle en appauvrit les fondements. Au lieu d’une confrontation intellectuelle constructive, nous assistons à une dérive violente et populiste, qui ne fait que nourrir le clivage entre les partisans des différentes formations politiques.

Appel à la retenue et à la dignité

Les propos de Kobenan Kouassi Adjoumani à l’encontre de Tidjane Thiam sont un dérapage regrettable et dangereux. Ils ne contribuent en rien à l’édification d’un débat démocratique serein, fondé sur le respect des principes républicains et des valeurs de civilité. À travers sa réponse violente et personnelle, le ministre d’État s’éloigne des enjeux essentiels pour s’engager dans une attaque ad hominem qui dessert l’intérêt général.

A un moment où la Côte d’Ivoire cherche à trouver son chemin vers une paix durable et une stabilité politique, il est impératif que les acteurs politiques se recentrent sur les enjeux réels et privilégient le dialogue et la confrontation d’idées plutôt que les attaques personnelles. Il en va de la crédibilité de la politique et du respect des citoyens, qui attendent de leurs dirigeants qu’ils incarnent la dignité et la hauteur de vue nécessaires pour résoudre les crises qui secouent le pays. En ce sens, un appel à la retenue et à la responsabilité s’impose à tous les responsables politiques, afin de préserver la démocratie et de favoriser une culture du débat pacifique.

Ouattara Kassoum
Libre Penseur

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RÉPONSE AU MINISTRE D’ÉTAT KOBENAN KOUASSI ADJOUMANI : LA POLITIQUE EST UNE AFFAIRE DE RESPONSABILITÉ, NON DE RAILLERIES !

Monsieur le Ministre d’Etat,

Votre réaction à la mobilisation d’Aboisso et aux propos du Président Tidjane Thiam mérite une clarification. Nous comprenons que la symbolique et l’importance de cette rencontre ont suscité un intérêt particulier de votre part. Cependant, votre réponse semble davantage motivée par une volonté de dénigrement personnel que par un débat constructif, il est donc nécessaire de rappeler certains faits, non pas pour alimenter une guerre de mots, mais pour rétablir la vérité et recentrer la discussion sur ce qui importe réellement pour les Ivoiriens.

UNE OPPOSITION RESPONSABLE NE SIGNIFIE PAS UNE OPPOSITION SILENCIEUSE

Depuis son élection à la tête du PDCI-RDA, le Président Tidjane Thiam a démontré son attachement au dialogue et à une opposition responsable. Lors de ses premières interventions, il a respecté les institutions en place, y compris le Président Alassane Ouattara, tout en restant fidèle aux aspirations du peuple ivoirien. Être opposant ne signifie pas renoncer à exprimer des critiques ou à proposer une alternative crédible.

La métaphore évoquée à Aboisso, bien que perçue comme ironique, avait pour objectif de traduire les frustrations ressenties par une grande partie des populations ivoiriennes face aux défis actuels : la cherté de la vie, les inégalités sociales et régionales, et le manque de gouvernance inclusive. Ces préoccupations ne sont pas des railleries, mais des faits tangibles que tout homme politique sérieux devrait aborder avec lucidité.

LE COUP D’ÉTAT DE 1999 : UNE LEÇON DE COURAGE ET D’INTÉGRITÉ

Contrairement à vos insinuations, le Président Tidjane Thiam n’a jamais fui ses responsabilités envers son pays. En 1999, alors qu’il était ministre du Plan et du Développement, il se trouvait en congé chez sa belle-famille à Philadelphie, aux États-Unis, lorsque le coup d’État a éclaté. Comme tout individu rationnel, il aurait pu choisir de ne pas revenir en Côte d’Ivoire dans un contexte aussi instable.

Pourtant, Tidjane Thiam a pris l’avion, est retourné à Abidjan et s’est volontairement présenté au général Robert Guéï, demandant à être constitué prisonnier à Akouédo aux côtés de ses collègues ministres. Le général, surpris par une telle démarche, lui aurait répondu : « Mais tu es fou ou bien quoi ? ». Tidjane Thiam a également refusé l’offre du général Guéï de devenir secrétaire général de la présidence, une proposition faite en présence de Marcel Zadi Kessy, paix à son âme , président de la CIE et de la SODECI.

Ces faits témoignent d’un courage rare et d’un sens aigu de la responsabilité. En pareille circonstance, personne ne peut raisonnablement contester son intégrité ou sa loyauté envers la Côte d’Ivoire.

L’ENGAGEMENT CONTINU DE TIDJANE THIAM : LE PROGRAMME PPTE

Après le coup d’État, Tidjane Thiam a poursuivi son engagement pour la Côte d’Ivoire depuis l’étranger. Il a été nommé par l’ancien premier Ministre Britannique Tony Blair comme le seul Africain au sein d’un comité chargé de la gestion de la dette africaine. C’est dans ce cadre qu’il a défendu le dossier ivoirien pour intégrer le programme des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), permettant un allègement significatif de la dette de la Côte d’Ivoire et offrant une bouffée d’oxygène à l’économie nationale.

Peut-on accuser d’opportunisme un homme qui, malgré son absence physique, a continué de poser des actes concrets pour le redressement de son pays ? Si Tidjane Thiam n’aimait pas profondément la Côte d’Ivoire, aurait-il entrepris de tels efforts ? La question mérite réflexion.

L’ABSENCE DU TERRITOIRE N’EXCLUT PAS LE PATRIOTISME

Vous reprochez à Tidjane Thiam son éloignement de la Côte d’Ivoire. Mais cette critique soulève une incohérence. Le Président Alassane Ouattara lui-même a passé de nombreuses années à l’étranger avant d’être rappelé en 1990 par le Président Houphouët-Boigny pour présider le Comité interministériel, puis devenir Premier ministre. Loin d’être un handicap, son expérience internationale a été un atout majeur pour contribuer au redressement économique du pays.
De la même manière, Tidjane Thiam revient aujourd’hui avec une expertise unique, forgée au sommet des plus grandes institutions mondiales, pour offrir à la Côte d’Ivoire un leadership éclairé. L’important n’est pas où l’on a été, mais ce que l’on apporte à son pays.

LA CRITIQUE N’EFFACE PAS LES RESPONSABILITÉS

Vous affirmez que les “états de service” du Président Alassane Ouattara sont reconnus de tous. Mais il est également vrai que ces réalisations cohabitent avec des défis majeurs : l’endettement croissant, les inégalités persistantes, la corruption galopante, l’enrichissement illicite d’une minorité spontanée au détriment de millions d’Ivoiriens qui vivent les difficultés à joindre les deux bouts. Ces réalités doivent être abordées, et non dissimulées sous des métaphores ou des accusations de jalousie.

Le Président Tidjane Thiam n’a jamais attaqué l’homme, le Président Alassane Ouattara. Il s’adresse aux Ivoiriens pour leur proposer une alternative, en insistant sur des valeurs de justice sociale, de transparence et de gouvernance inclusive. Ses critiques portent sur des politiques et des résultats, et non sur des individus.

LA POLITIQUE N’EST PAS UN TERRAIN DE RÈGLEMENTS DE COMPTES PERSONNELS

Votre récit, teinté d’ironie et de mépris, détourne le débat des vrais enjeux. L’heure n’est pas à la narration de contes imaginaires ou aux invectives. Elle est au débat d’idées. Plutôt que de caricaturer l’engagement de Tidjane Thiam, pourquoi ne pas répondre aux préoccupations soulevées par les Ivoiriens ? Pourquoi ne pas discuter des solutions concrètes à leurs problèmes ?

Nous ne sommes pas ici pour raconter des histoires, mais pour poser des questions cruciales : Comment rendre la croissance économique plus inclusive ? Comment réduire la fracture sociale entre les régions ? Comment créer des emplois stables pour notre jeunesse ? Comment garantir une gouvernance transparente et responsable ? C’est sur ces sujets que nous souhaitons échanger avec vous et les membres du RHDP. Car, au final, ce sont les Ivoiriens qui jugeront sur la base des idées, des projets et des résultats.

UN MESSAGE DE PAIX ET DE RESPONSABILITÉ

Le PDCI-RDA, sous la direction du Président Tidjane Thiam, s’engage à mener une opposition respectueuse, mais ferme. Nous ne tomberons pas dans la facilité des attaques personnelles. Nous répondrons toujours par des propositions concrètes, une vision claire et un engagement sincère envers les Ivoiriens. Aussi, Monsieur le Ministre, nous vous invitons à recentrer vos interventions sur l’essentiel : l’avenir de la Côte d’Ivoire. La politique ne devrait pas être une danse de zoblazo ou une guerre de métaphores, mais une compétition d’idées et de visions pour un pays meilleur.
En 2025, les Ivoiriens choisiront entre deux visions : celle d’une continuité limitée par ses propres insuffisances ou celle d’un renouveau porté par l’expérience, la compétence et l’intégrité. Tidjane Thiam incarne cette alternative crédible, capable de bâtir une Côte d’Ivoire inclusive, prospère et fraternelle.

Avec tout le respect dû à votre fonction,
Hamed Koffi Zarour
Militant du PDCI-RDA

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