Fesci: À quand le procès du Général Sié Tcharcou Kambou ? À quand la justice pour restaurer la liberté syndicale et d’association dans les universités ?

Crise du meurtre du Général Sorcier en Côte-d’Ivoire .:

Par Sa Bin K Blan

Triste coïncidence et lourde responsabilité

C’est avec une profonde douleur que nous constatons ce sombre parallèle entre les destins tragiques de Kambou Sie et de Gl Sorcier : l’un emporté dans les abîmes de l’au-delà, l’autre plongé dans les ténèbres d’une prison. Que leurs sorts soient liés à l’effondrement d’une idéologie aussi noble que celle portée par la FESCI suscite une réflexion profonde et collective.

Les responsabilités, multiples et partagées, s’imposent à nous :

Au niveau générationnel, nous avons failli à préserver l’héritage légué par nos aînés. Certains de ces derniers refusent de s’en détacher, s’accrochant à ce mouvement pour les privilèges qu’il continue de leur procurer, même après avoir accédé à des fonctions professionnelles élevées. Pourtant, il faut savoir transmettre et quitter. La FESCI, qui nous a tant donné, n’est pas un tremplin pour des ambitions personnelles, mais une institution à servir avec abnégation, pour défendre les aspirations des élèves et étudiants.

Hélas, nombreux sont ceux qui, tout en connaissant cette réalité, préfèrent se taire, face à une machine répressive qui gangrène même les entrailles du mouvement. Aujourd’hui, les conséquences de ce silence et de cette compromission sont visibles et dévastatrices.

Au niveau politique, l’exploitation abusive de ce syndicat par des intérêts personnels ou partisans a irrémédiablement contribué à sa déchéance.

C’est un échec collectif. Nous avons trahi les sacrifices de ceux dont le sang a coulé pour que la FESCI demeure une voix forte et indépendante. Jadis bastion des luttes pour les droits et libertés des apprenants, elle est aujourd’hui au bord du gouffre, vouée à une disparition inéluctable.

Les interrogations demeurent, mais les réponses tardent à venir :

À quand le procès de Sie Tcharcou Kambou ?

À quand la justice pour restaurer la liberté syndicale et la liberté d’association ?

Je me souviens encore de ce jour où, pour avoir envoyé un simple SMS dans le cadre d’une élection de renouvellement de section, j’ai frôlé la mort. Modeste militant de base, j’ai été traqué par des manœuvres du bureau national, expulsé de ma chambre et interdit de campus. Cette même année, paradoxalement, j’ai obtenu ma licence grâce à la solidarité des étudiants de la faculté des sciences économiques, qui partageaient avec moi leurs cours et leurs fiches de travaux dirigés.

Les séquelles de cet épisode me hantent encore aujourd’hui. Le souvenir de ce séjour à la cité rouge, ce jour où j’ai été violemment réprimé pour avoir simplement dénoncé, dans le respect, la mise en scène d’une élection dont l’issue était déjà décidée, demeure vivace. Cette réalité qui m’a marqué à jamais est précisément ce qui nous rattrape aujourd’hui.

Je bénis Dieu d’avoir eu la chance de m’en sortir et de pouvoir vivre avec mes enfants. Mais il s’en est fallu de peu pour que je perde tout. Nous aimons dire dans nos meetings que c’est de la divergence que naît la vérité. Si nous-mêmes n’acceptons pas cela, comment espérer que notre lutte soit prise au sérieux ?

Je ne regretterai jamais mes années syndicales. Aujourd’hui, dans mon poste de responsabilité, je mesure à quel point la formation acquise au sein de ce mouvement m’aide, même dans ma vie familiale. Mais il est désolant de constater que certains persistent à vouloir marquer chaque étape de l’histoire de notre mouvement, oubliant que tout finit par passer et que nul n’est éternel.

Il existe des aînés dont le combat a été pur et qui restent des modèles, inspirant respect et admiration. Mais, comme pour tout cadavre, aussi beau soit-il, l’heure de l’enterrement finit toujours par arriver. Nous nous tiendrons au premier rang pour assister à l’ensevelissement de notre chère mère, la FESCI.

Merci à toi, la FESCI.

Kablan Sabin
S.O Abdallah
Anciennement Secrétaire à l’Organisation
Section Port Bouët 1
(Jakarta… c’est mauvais)
— affreusement mal

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire