A malin malin et demi – Moins de 48 heures après avoir voulu tordre le coup au mandat d’arrêt historique de la CPI contre les responsables israéliens [même si aucun autre pays ne l’a encore suivie dans son raisonnement farfelu], la France vient de perdre, l’un de ses derniers soutiens qui lui donnaient encore l’illusion d’une (grande) puissance. Après avoir été invité a déguerpir le Mali, le Burkina, le Tchad, et mis sous pression au Sénégal, Paris vient de perdre le Tchad, pays autrefois important dans le dispositif militaire français en Afrique.
Selon des indiscrétions, c’est la position « rocambolesque » de Paris sur le mandat d’arrêt contre Netanyahou qui a fini par irriter grandement Deby -fils, déjà très mécontent du soutien aveugle de l’axe des pays de l’OTAN aux crimes israéliens contre les Palestiniens et les Libanais.
« Le Tchad a grandi » et rompt ses accords de défense avec la France
Jeune Afrique avec AFP
Le Tchad a annoncé mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris, quelques heures après une visite du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, le 28 novembre. « Le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a déclaré le ministre tchadien des Affaires étrangères Abderaman Koulamallah sur la page Facebook du ministère.
Le Tchad est un maillon clé de la présence militaire française en Afrique, constituant le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger. « La France est un partenaire essentiel mais elle doit aussi considérer désormais que le Tchad a grandi, a mûri et que le Tchad est un État souverain et très jaloux de sa souveraineté », avait souligné Abderaman Koulamallah à l’issue une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby Itno et Jean-Noël Barrot.
En mai dernier se sont achevées à N’Djamena trois années de transition avec l’élection de Mahamat Idriss Déby Itno, porté au pouvoir après la mort de son père Idriss Déby. « Ce n’est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs », a assuré à l’AFP Abderaman Koulamallah, joint par téléphone, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français. « Le Tchad, conformément aux dispositions de l’accord, s’engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis », précise le communiqué, qui n’évoque pas de date de retrait des troupes françaises.
La décision a été « prise après une analyse approfondie » et marque un « tournant historique », a souligné le chef de la diplomatie tchadienne. « Après 66 ans de la proclamation de la république, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », a-t-il ajouté, assurant que la visite du ministre français avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales « à tous les niveaux ».
Situation au Soudan
Jean-Noël Barrot a fait le déplacement pour prendre la mesure de la crise humanitaire provoquée par la guerre au Soudan. Aux côtés du ministre tchadien, il a visité les camps de réfugiés saoudiens à Adré où il a annoncé une aide supplémentaire de la France de 7 millions d’euros pour aider les organisations humanitaires.
Il a en outre exhorté les belligérants au Soudan à cesser leurs hostilités et invité « les puissances étrangères qui sont alliées aux belligérants à cesser de jeter de l’huile sur le feu » en leur fournissant des armes. Il n’a pas cité de pays autre que la Russie. Mais les Émirats arabes unis sont accusés de fournir des armes aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), et le Tchad de les soutenir en laissant transiter des armes sur son territoire.
Le 25 novembre, l’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel, avait remis au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, qui prône un partenariat « renouvelé » et « coconstruit », selon l’Élysée.
(Avec AFP)
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