Par Laurent Oupoh
L’abattoir de Port-Bouët a été le théâtre, le lundi 18 novembre 2024, d’un incident révélateur des tensions institutionnelles entre le Ministère des Ressources Animales et Halieutiques (MIRAH), dirigé par Sidi Touré, et le District Autonome d’Abidjan (DAA), dirigé par Ibrahima Bacongo Cissé. En effet, la tentative d’installation d’équipes de contrôle vétérinaire qui a été avortée, dévoile des divergences sur les prérogatives administratives et réglementaires de chaque entité, alors que les textes sont clairs en la matière.
Contexte réglementaire : une compétence dévolue au District
Depuis 1980, la gestion des abattoirs en Côte d’Ivoire a été transférée à la Ville d’Abidjan, puis au District Autonome d’Abidjan. Cette décentralisation est encadrée par des lois et décrets qui confèrent au DAA la responsabilité de l’équipement, de l’administration, de l’organisation et de la gestion des abattoirs situés sur son territoire.
Selon ces textes, le contrôle sanitaire vétérinaire relève également de la compétence du District, avec des agents dédiés. Pourtant, le MIRAH a, par unilatéralisme, tenté de réinstaller des équipes qu’il avait lui-même retirées, contrevenant ainsi aux règles établies.
Chronologie des faits
• 3 octobre 2024 : Le MIRAH informe le DAA de la fin de détachement de 15 agents vétérinaires chargés des inspections.
• 8 novembre 2024 : Le MIRAH annonce par courrier la tenue d’une cérémonie de lancement pour réinstaller des équipes de contrôle vétérinaire à l’abattoir de Port-Bouët.
• 18 novembre 2024 : Une délégation du MIRAH, menée par Sidi Touré, se rend à l’abattoir pour procéder à l’installation. Sur place, le Directeur Général des Services Techniques du DAA demande l’arrêt immédiat de la cérémonie, faute d’autorisation préalable. Face au refus des organisateurs, les installations sont démontées, provoquant un désordre perturbant les activités de l’abattoir.
Des observations
Selon nos informations, la tentative d’installation, sans consultation préalable ni respect des procédures, est perçue comme une violation des droits du District par le ministère des ressources animales et halieutiques.
De plus, le MIRAH a lui-même mis fin à la mise à disposition des agents vétérinaires en mai 2024, et le District a, depuis, assuré le contrôle sanitaire avec ses propres ressources, augmentant significativement les performances de l’abattoir :
• Sécurisation accrue des abattages, passant de 200-300 têtes par jour en décembre 2023 à 500-800 têtes en novembre 2024.
• Amélioration des recettes et lutte efficace contre les abattages clandestins.
Un incident révélateur d’un malaise institutionnel
Cet épisode interpelle sur la nécessité d’un dialogue renforcé entre le MIRAH et le DAA pour éviter d’autres crises, d’autant plus que l’action du DAA est guidée par la recherche de qualité pour la viande consommée par les Abidjanais et par une gestion optimale des abattoirs. Toute tentative d’imposer des décisions unilatérales risque de compromettre ces avancées.
Conclusion : un appel à la concertation
Si le MIRAH souhaite renforcer la coopération dans la gestion des abattoirs, il est indispensable de respecter les compétences établies par la loi. Le développement du secteur des abattoirs et la satisfaction des populations ne peuvent passer que par une collaboration transparente et respectueuse entre ces deux entités. Face à cet incident, le ministre Sidi Touré est invité à revoir sa stratégie pour préserver l’équilibre institutionnel et garantir une gestion efficace des infrastructures publiques.
Laurent Oupoh
2252025laurentoupoh@gmail.com
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