Les régimes des pays sahéliens: Des « modèles » pour le continent ?

Beaucoup d’intellectuels et d’hommes politiques ivoiriens (dont l’ex-chef de l’Etat) ont montré leur ‘’admiration’’ pour les dirigeants de « l’AES », et font régulièrement leur éloge. Ces pays, affirment-ils, ont acquis leur « pleine souveraineté ». L’ex-chef de l’Etat, il y a peu, annonçait même son intention d’ intensifier la coopération avec ces régimes, s’il revenait aux affaires.

Se prétendre démocrate, et dans le même temps faire l’éloge de militaires parvenus au pouvoir en renversant des régimes civils comporte en soi une contradiction flagrante et grave. Des militaires qui ont interdit toute activité politique, ne rendent de compte à personne, et ne parlent à aucun moment de leur retrait. Cela doit être dénoncé avec force par tous ceux qui affirment « se battre pour la démocratie », comme l’ex-chef de l’Etat ivoirien. Aujourd’hui la question qui se pose dans les pays du Sahel est de savoir si les militaires comptent se retirer un jour. Ou avons-nous affaire à des « présidences à vie », tel au Rwanda, en Ouganda, au Congo-Brazzaville, en Guinée équatoriale, au Togo, au Cameroun …etc…. ? Es-ce cela la voie du panafricanisme ? Es-ce cela la voie de salut du continent ?

Que va gagner la Côte d’ivoire en « intensifiant sa coopération » avec ces pays comme certains le suggère, dont l’ex-chef de l’Etat ? Si ce n’est consolider ces régimes, ou encore insuffler la graine dans l’esprit des officiers. Il faut noter que mis à part quelques exercices militaires, ces pays ont une coopération de façade. Ils sont dans la rhétorique, dans les effets d’annonce. Depuis la signature du « traité » le 06 Juillet 2024, une multitude d’objectifs ont été annoncés. Mais tout est à l’état de projets. Aucun organe, aucune administration n’ont été mis sur pied.

Ces régimes sont uniquement préoccupés par leur survie, et rien d’autre. Sortir de la CEDEAO leur a permis de ne plus avoir à rendre des comptes sur le respect des calendriers de fin des transitions. ‘’L’AES’’ reste pour le moment une coquille entièrement vide. On ne voit pas comment elle pourra se remplir un jour. Ces pays prétendent vouloir mettre en place une ‘’confédération qui aura sa propre monnaie’’ !!! Ils prétendent vouloir se ’’ libérer du CFA’’, mais n’ont entrepris la moindre démarche dans ce sens à ce jour. Aucun plan n’a été mis sur la table concernant les étapes à suivre vers cette ‘’confédération’’. Ils jouent à fond la carte de la communication depuis le début.

Aujourd’hui ces régimes sont isolés en Afrique. Hormis le Togo, aucun pays du continent ne veut les recevoir. Repliés sur eux-mêmes, dans une impasse économique et militaire, ils n’ont rien à proposer à leurs populations, et naviguent à vue sans objectif clairement définis en dehors de leur maintien au pouvoir. Ils sont dans une fuite en avant. Comment peuvent-ils constituer des modèles pour les autres pays du continent comme le prétend l’ex-chef de l’Etat ivoirien ?

En fait ces régimes restent une tumeur cancéreuse pour la sous-région, et partant pour toute l’Afrique. Ils ont totalement bâillonné les peuples. Au Burkina par exemple, le régime s’appuie sur la délation pour arrêter les ‘’ennemis de la transition’’. Deux numéros gratuits ont été mis à la disposition de la population à cet effet. Et les autorités annoncent fréquemment le nom des personnes arrêtées suite aux dénonciations. Chaque semaine ou presque, les médias officiels annoncent l’échec de complots, « préparés en collaboration avec une puissance étrangère ». Ce n’est pas le retour aux putschs et à la pensée unique dans les pays, qui vont accélérer le développement de l’Afrique. Ceux qui prétendent le contraire sont dans le déni.

Douglas Mountain

Le Cercle des Réflexions Libérales

oceanpremier4@gmail.com

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