Face à une insécurité préoccupante au nord de la Côte d’Ivoire, le Réseau Communautaire de Sécurité et de Résilience (RECOSEF_CI) a lancé le Réseau de Résilients Communautaires pour la Sécurité (2CRS). Ce projet novateur s’appuie sur la mobilisation d’habitants de plusieurs localités pour renforcer la résilience communautaire face aux risques sécuritaires. En ciblant spécifiquement les villages proches des zones frontalières comme Tengrela, Kafolo et Kong, le 2CRS crée un cadre de vigilance participative où chaque citoyen peut contribuer à la sécurité locale.
Un défi sécuritaire croissant
Les départements frontaliers avec le Burkina Faso et le Mali, sont fréquemment exposées à des menaces liées aux groupes armés terroristes (GAT) et aux trafics illicites. Des localités comme Kafolo, marquée en 2020 par une attaque meurtrière qui a coûté la vie à plusieurs soldats ivoiriens, sont au cœur des défis sécuritaires qui touchent le pays. Cette attaque a d’ailleurs agi comme un électrochoc pour les communautés locales, qui, avec l’aide du RECOSEF_CI, ont pris conscience de la nécessité de s’organiser pour signaler les mouvements suspects et renforcer la sécurité à l’échelle locale.
Des méthodes adaptées aux spécificités locales
Le 2CRS cherche à renforcer les capacités des habitants en matière de sécurité en leur fournissant des formations pratiques sur l’identification et la transmission d’informations sensibles. Le réseau est particulièrement actif à Tengrela, où les habitants ont reçu des formations sur la reconnaissance des comportements suspects et la manière de transmettre ces informations en toute sécurité aux autorités locales. Cette approche vise à instaurer une collaboration étroite entre civils et forces de l’ordre, ce qui permet aux communautés de réagir plus rapidement aux menaces potentielles.
À Kong, par exemple, des groupes de résilience composés de volontaires sont formés à observer et signaler les mouvements inhabituels dans les zones périphériques de la ville. Ces groupes utilisent des canaux de communication sécurisés pour informer les forces de sécurité en cas de danger. Ce système de relais permet une vigilance continue et une réponse adaptée en cas d’incident, réduisant ainsi les risques d’attaques surprises. A Toumadiokaha et Ouangolodougou, des séances de sensibilisation ont été organisées pour former la population aux risques d’infiltration et aux moyens de signalement discrets, une approche essentielle dans des zones où la présence de GAT reste menaçante.
Des premiers résultats encourageants
Depuis sa mise en œuvre, le 2CRS a produit des résultats tangibles dans plusieurs localités du nord de la Côte d’Ivoire. À Kafolo, par exemple, les informations relayées par les habitants ont permis de renforcer la surveillance dans les zones sensibles et de prévenir plusieurs incidents potentiels. Les habitants de Tengrela rapportent également un sentiment de sécurité accru, sachant qu’ils peuvent contribuer activement à la prévention des risques.
La coopération entre les populations locales et les forces de sécurité s’est également améliorée, notamment à Kong, où les échanges réguliers entre les groupes de résilience et la police ont permis d’établir une relation de confiance. Ce lien a encouragé les résidents à signaler des informations sans crainte de représailles, renforçant ainsi la prévention et la cohésion sociale. La sécurité collective a ainsi gagné en efficacité, notamment dans les villages frontaliers où le passage régulier de personnes étrangères était source de méfiance.
Un besoin de financement croissant
Cependant, le réseau 2CRS fait face à des défis importants, notamment le manque de ressources pour étendre ses activités et maintenir l’engagement des populations sur le long terme. Dans des localités reculées comme Toumadiokaha, le manque de financement empêche parfois l’organisation régulière des sessions de formation, et le maintien de la motivation des volontaires devient un défi majeur.
Le RECOSEF_CI envisage de chercher des soutiens institutionnels et internationaux pour garantir la durabilité du réseau, notamment pour renforcer la formation des relais et moderniser les outils de communication sécurisée. À terme, l’objectif est d’étendre ce modèle à d’autres régions de Côte d’Ivoire et d’instaurer un système de sécurité participatif qui puisse répondre aux défis de l’insécurité dans les zones rurales et frontalières.
Une correspondance particulière de Fleur Kouadio, rédactrice en chef de Cap’Ivoire Info
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