Agnès Kraidy, présidente du comité scientifique du SICA : « La Côte d’Ivoire se positionne comme terre de tournage et d’opportunités »

Dans un entretien accordé au Centre d’Information et de Communication gouvernementale, la présidente du Comité scientifique du Salon international du contenu audiovisuel d’Abidjan (SICA), revient sur les enjeux dudit salon en termes de développement socio-économique pour la Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce que le SICA ?
Le SICA est le Salon International du Contenu Audiovisuel d’Abidjan. C’est une initiative du gouvernement, portée par le ministère de la Communication. Il vise à offrir aux professionnels du secteur de l’audiovisuel un lieu de retrouvailles, un lieu de partage et d’échange d’expériences, leur permettant de réfléchir sur les problématiques liées à leur profession, à leurs pratiques. C’est un espace qui permet de questionner les nouvelles pratiques afin de rendre possibles les échanges et la diffusion de contenu audiovisuel pour les chaînes publiques et privées.

« Innovation, diversité et financement dans le secteur audiovisuel : solutions pour une nouvelle ère du contenu en Afrique ». Pourquoi le choix de ce thème pour l’édition 2024 du SICA ?
C’est une problématique qui s’impose au continent africain à travers ses quatre piliers que sont l’innovation, la diversité, le financement et les solutions pour cette nouvelle ère. L’Innovation a trait aux nouveaux modes de production et de consommation qui ont changé par rapport aux technologies, avec notamment l’intelligence artificielle (IA). Il convient donc de les intégrer, tant au niveau des professionnels que des consommateurs.
La diversité peut être perçue en termes de formats, notamment les séries, les films, les documentaires, les films d’animation, les jeux vidéo, ou tout autre flux pour diffusion. Il faut toutefois identifier les différents consommateurs dans leur diversité culturelle, géographique et en termes de vision et de perception de manière plus globale dans un monde en perpétuelle évolution.
Et puis le financement afin d’assurer les productions. Pour cette édition 2024, les banquiers, qui ont une culture traditionnelle d’accompagnement de certains secteurs, ont été invités à animer une session spéciale sur le financement, afin de prendre connaissance d’un secteur qui n’est pas forcément leur domaine de prédilection. Les professionnels et les banquiers ont à cet effet eu une rencontre pour faire converger leurs points de vue.
Il y a également la mise en lumière d’un système de financement public mis en place par l’État avec des formes de garantie ou des financements qui permettent d’encadrer et d’accompagner les producteurs de sorte à créer les conditions pour une émergence de professionnels capables de produire un contenu à la hauteur des normes internationales.
Il y a enfin les solutions qu’il faut trouver ensemble. Le SICA est donc un espace de réflexion (panels, ateliers, masterclass et autres études de cas) et de partage d’expériences pour migrer ensemble vers des solutions adaptables et convenables dans un environnement inspiré d’expériences qui viennent d’ailleurs.
Tout cet univers créé autour du SICA permet, in fine, d’aboutir à des solutions pour une ère nouvelle du contenu en Afrique.

Quel est l’impact du SICA sur le développement de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire et de façon générale sur la transformation de la société ?
Avec la mise en œuvre de la TNT, la Côte d’Ivoire a amorcé le développement du secteur audiovisuel avec la libéralisation de l’espace. Des chaînes privées, plus nombreuses, existent à côté des chaînes publiques, mais surtout qui ont pour obligation de diffuser du contenu local. Le SICA crée les conditions pour que, dans la confrontation des réflexions, des créations, l’on puisse avoir du contenu qui soit à la hauteur des ambitions des chaînes de télé et surtout capable de répondre au cahier de charge qui leur fait l’obligation de diffuser un quota bien fixé de contenu audiovisuel en production locale.
La professionnalisation du secteur permet au personnel local de s’enrichir des expériences venues d’ailleurs en acquérant des connaissances à même de renforcer leurs compétences. Ils vont ainsi s’enrichir des expériences pour intégrer l’évolution de leur univers de travail.
La question de la place des jeux vidéo et celle de l’utilisation de l’Intelligence artificielle dans la scénarisation contribuent à faire émerger un monde de plus en plus moderne et adapté à une évolution d’un écosystème qui converge dans une forme de mondialisation par rapport à l’évolution globale.
Le ministre en charge de la Formation professionnelle et celui de la Promotion de la jeunesse étaient des acteurs du SICA 2024, pour, non seulement aider ce secteur à pouvoir se professionnaliser et développer un marché, mais aussi créer des métiers ou offrir des opportunités à la jeunesse. Il s’agissait également de permettre à des jeunes de plus en plus curieux de ces métiers d’avenir de se former et intégrer un système qui apporte de la valeur ajoutée au monde qui est le nôtre.
L’exemple du Nigeria avec Nollywood dénote à souhait l’impact réel de ce secteur sur le Produit intérieur brut (PIB), d’autant plus que le pays a réussi à devenir une puissance mondiale grâce à l’audiovisuel et au cinéma.
La Côte d’Ivoire se positionne aujourd’hui comme une terre d’hospitalité, de tournage et d’opportunités. L’impact du secteur se ressent donc à la fois sur l’économie, la société, la transformation sociale, de même que sur le plan touristique dans la mesure où des lieux qui ont servi de site de tournage d’une série ou d’un film peuvent devenir un lieu d’enracinement dans notre pays et vice-versa, ainsi que sur le plan humain et sociétal en termes de transformation.
C’est également l’occasion pour une société d’avoir son propre narratif, mais aussi de mettre en lumière ses héros, écrire son histoire et être dans cette aventure humaine de rencontre et de don de soi.

Votre mot de fin
On se donne rendez-vous au SICA 2025. Mais retenons que ce SICA 2024, dans sa section concours pitch, a permis de récompenser quatre jeunes gens qui ont été capables de soumettre leur projet à un jury international, dans les catégories séries, documentaires, films et autres flux.
Le SICA, c’est la valorisation des talents. Il offre des opportunités aux jeunes et accueille le monde. Nous avons enregistré pour l’édition 2024, des délégations issues d’une vingtaine de pays (Nigeria, Afrique du Sud, Canada, France, États-Unis, Kenya, Ouganda, Éthiopie et bien évidemment la Côte d’Ivoire). Et aussi des producteurs de renom tels que Cygne Galante, Alex Berger (France), Kunle Afolayan (Nigeria).
En deux éditions, le SICA est devenu le rendez-vous incontournable du secteur de l’audiovisuel en Afrique de l’Ouest, en Afrique francophone, en Afrique tout court. L’ambition de la Côte d’Ivoire est de devenir le hub du contenu audiovisuel en Afrique de l’Ouest et en Afrique. Nous donnons rendez-vous au SICA 2025.
CICG

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