Par Laurent Oupoh
À l’occasion de la première conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique, organisée à Sotchi les 9 et 10 novembre 2024 , la présence de la Russie en Afrique fait l’objet d’un examen attentif. Les promesses d’assistance et de développement économique contrastent souvent avec une réalité marquée par l’exploitation des ressources, la crise sécuritaire et une ingérence politique accrue.
Le poids de la Russie dans les crises africaines
L’influence russe en Afrique s’étend dans plusieurs domaines, mais elle est particulièrement notable dans la sécurité. Par l’intermédiaire du groupe Wagner, une milice paramilitaire privée, Moscou a étendu son empreinte militaire dans plusieurs pays africains, tels que la République centrafricaine, le Mali et le Soudan. Cependant, ces interventions s’accompagnent de nombreuses exactions, de violations des droits humains et de pratiques non conformes au droit international. La présence de Wagner, censée stabiliser des régions en proie aux conflits, a souvent exacerbé les tensions, avec des rapports accablants sur des violences à l’encontre de civils.
Exploitation des ressources : la Russie et la Chine en ligne de mire
Alors que le Salon international des ressources extractives et énergétiques (SIREXE) et le French Mining Tour se tiennent en Afrique fin novembre 2024, la question de l’exploitation des ressources naturelles africaines est plus que jamais d’actualité. La Russie et la Chine sont devenues des acteurs majeurs dans l’extraction des ressources en Afrique, avec une emprise considérable sur les gisements de minerais et de terres rares. Cependant, ces partenariats sont critiqués pour leur manque de bénéfices réels pour les économies africaines.
Loin de renforcer les capacités locales ou d’encourager le développement durable, les entreprises russes et chinoises exportent massivement les ressources naturelles vers leurs propres marchés, souvent avec un faible respect des normes environnementales et sociales. Les accords de partage de production et les bénéfices pour les communautés locales restent limités, tandis que les ressources sont drainées sans réel impact positif sur le développement.
Une ingérence politique aux conséquences multiples
En plus de l’exploitation des ressources, la Russie a renforcé son influence politique en Afrique. Elle s’implique souvent dans les processus électoraux et la gouvernance, avec des accusations d’ingérence électorale dans plusieurs pays. Les pratiques de désinformation et de manipulation des médias par la Russie sont courantes, visant à orienter l’opinion publique africaine et à affaiblir les soutiens occidentaux. Parallèlement, le Kremlin encourage des régimes de plus en plus autoritaires, s’alliant à des dirigeants prêts à restreindre les libertés pour maintenir leur pouvoir.
La Russie a également été critiquée pour la faiblesse de son soutien au développement. Alors que de nombreux partenariats sont vantés, les retombées économiques concrètes pour les pays africains restent rares. Les investissements en infrastructures et les programmes de développement promis tardent à se concrétiser, renforçant l’idée que Moscou est davantage intéressé par l’accès aux ressources que par le développement des nations africaines.
Armements et fiabilité : Moscou, un partenaire contesté
La Russie est un fournisseur majeur d’armement pour l’Afrique, mais la fiabilité de Moscou dans ce domaine est de plus en plus remise en question. Outre les équipements souvent obsolètes et mal entretenus, les experts notent un manque de soutien technique, qui rend ces acquisitions coûteuses et peu utiles pour les forces armées africaines. Par ailleurs, la Russie se montre parfois réticente à respecter ses engagements contractuels, ce qui compromet la confiance de certains pays africains dans ce partenariat militaire. Si la Russie présente son partenariat avec l’Afrique comme un soutien désintéressé et une alternative aux puissances occidentales, la réalité montre un intérêt centré sur l’exploitation des ressources naturelles et l’influence politique. La coopération russo-africaine nécessite une révision approfondie pour garantir que les bénéfices de ces partenariats profitent véritablement aux pays africains et ne se limitent pas à satisfaire les intérêts de Moscou. À l’heure où l’Afrique aspire à une croissance durable et à une souveraineté économique, ces partenariats doivent faire preuve de transparence et respecter les droits et aspirations des populations locales.
Laurent OUPOH
2252025laurentoupoh@gmail.com
les chiens ne peuvent vivre sans maître !
la logique, quand ils trouvent que leurs maîtres ne les méritent plus, serai de vivre à ses propres dépens. voilà ce que nous comprenons au terme souveraineté. se jeter dans les bras d’un autre maître, c’est être ridicule !