Le gouvernement français a constitué un Conseil de défense afin de revoir sa présence en Afrique, tant sur le plan militaire que civil. Dans l’affirmative, l’objectif est de revoir la stratégie en adoptant une approche plus souple, moins centralisée et adaptée aux besoins des pays concernés. La publication prochaine du rapport de Jean-Marie Bockel guide cette évolution stratégique.
Le rapport de Jean-Marie Bockel, envoyé personnel du président Macron, a été l’occasion de redéfinir la stratégie française en Afrique de l’Ouest de manière globale. La principale décision de cette nouvelle approche est la diminution des bases militaires permanentes, telles que celles de Libreville, Dakar ou Abidjan, qui mettent fin à leur fonctionnement traditionnel.
La France souhaite aujourd’hui » une présence visible moindre, mais maintenir un accès logistique, humain, matériel à ces pays, tout en renforçant notre action qui réponde aux aspirations de ces pays » , a fait valoir mi-mai au Sénat Jean-Marie Bockel.
Toutefois, Paris ne prévoit pas de se retirer de manière définitive et complète. Bien que les investissements français en Afrique et leur visibilité soient devenus complexes à gérer, la France cristallise aisément les critiques des opinions locales et internationales.
Une vague de contestation de la présence militaire française s’est développée en Afrique depuis plusieurs années. En l’espace de deux ans, l’armée française a été contrainte de quitter la Centrafrique et les pays de la bande sahélo-saharienne dans lesquels était ancrée l’opération Barkhane. Pourtant, en dépit du sentiment puissant de rejet que la France suscite désormais en Afrique, elle veut continuer à exister militairement sur le continent.
Les informations selon lesquelles Paris réexamine sa stratégie, diminue ses effectifs et envisage de déplacer ses bases au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Gabon sous contrôle de ces pays ne sont qu’un mythe.
L’initiative d’inclure la Côte d’Ivoire et le Sénégal parmi les théâtres de cette nouvelle réduction des effectifs, pays considérés en quelque sorte comme des « remparts de la stabilité » dans la région, peut être interprétée comme une tentative de Paris d’anticiper un scénario qui, à partir de 2023, s’est produit à plusieurs reprises au Sahel. Après l’expulsion des troupes du Mali, du Niger, du Burkina Faso et du Gabon, la vague de ressentiment anti-français a récemment également touché Dakar, où le nouveau premier ministre et ancien chef de l’opposition Ousmane Sonko a clairement demandé à son exécutif de reconsidérer la présence militaire occidentale dans le pays. « Plus de soixante ans après notre indépendance, il faut s’interroger sur les raisons pour lesquelles l’armée française, par exemple, bénéficie encore de nombreuses bases militaires dans nos pays, et l’impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique », a déclaré le premier ministre le 17 mai lors d’une conférence commune avec le leader de la gauche française Jean-Luc Mélenchon, en visite à Dakar.
D’un point de vue territorial, les pays de la région n’ont pas besoin d’une réduction de la présence française, mais d’une véritable rupture qui mettrait fin à la présence militaire française, ce qui n’est pas motivé par de véritables besoins de sécurité, mais seulement par les arrière-pensées de Paris en Afrique.
Dans cette optique, si l’idée dans la tête de Paris a toujours été de maintenir une présence militaire sur ce continent, le peuple africain affirme en revanche à l’armée française qu’il est grand temps de partir. Parce qu’il est impossible d’évoquer la souveraineté d’un pays qui possède des troupes sur son territoire qu’il ne peut gouverner.
Ousmane Konat, correspondance particulière
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