L’AGEECI appelle le Conseil National de Sécurité (CNS) à reconsidérer les dissolutions « dictatoriales » des syndicats étudiants

Chers camarades élèves et étudiant-e-s,
Chers partenaires du systèmes éducatif ivoirien,
Chères ambassades accréditées en Côte d’Ivoire,
Chers organismes internationaux et des droits de l’homme,
Le jeudi 17 octobre 2024, le Conseil National de Sécurité (CNS) a annoncé une série de mesures
visant à sécuriser l’espace universitaire, notamment la progression de l’enquête sur
l’assassinat d’AGUI Mars Aubin Deagoué.
Cependant, la décision la plus marquante reste la dissolution des associations syndicales en
milieu scolaire et universitaire.
Nous saluons, d’une part, les efforts de sécurisation qui ont conduit à la découverte de caches
d’armes, à la saisie de drogue et à l’interpellation des personnes incriminées ,dans cet
assassinat, dans le cadre de l’enquête ouverte par le Procureur de la République.
Il est important de rappeler que l’AGEECI a toujours attiré l’attention des autorités sur la
présence de trafics de drogue et de caches d’armes au sein de nos différentes universités
notamment l’université Félix Houphouët-Boigny et des résidences universitaires d’Abidjan.
Nous nous réjouissons donc de la prise de conscience du gouvernement sur ce sujet.
Cependant, Nous nous opposons fermement à la reconduction de la dissolution de toutes les
organisations syndicales étudiantes.
Pour l’Association Générale des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire (AGEECI), cette décision
constitue une violation flagrante et grave du droit des étudiants à se regrouper pour exprimer
leurs opinions. Il s’agit d’un recul inacceptable des libertés et de la démocratie dans le milieu
éducatif.
Conformément à notre Constitution, en son article 20, et à la loi n°60-315 du 21 septembre
1960, nous qualifions cette mesure d’anticonstitutionnelle.
Ainsi:
1)Sur la question de la violence au sein du milieu étudiant
Concernant la violence exercée par certaines organisations d’etudiants, l’AGEECI, dans sa
quête pour l’amélioration des conditions d’étude et de vie des élèves et étudiants, a
malheureusement vu plusieurs de ses membres torturés, violés et tués.
ABIB DODO, membre fondateur de notre organisation, est le symbole amer de cette barbarie.
De nombreux anonymes ont perdu la vie, certains vivent avec des séquelles à vie, et d’autres
ont été contraints d’abandonner leurs études.
Pour l’AGEECI et toutes les victimes de crimes en milieu scolaire et universitaire, la meilleure
leçon à tirer de cette crise qui secoue les universités publiques serait de faire en sorte que
nulle ne soit désormais au-dessus de la loi.

2) De l’exemplarité de la justice et appel à la fin de l’impunité

La justice doit se montrer exemplaire face aux crimes commis à l’école, ce qui permettra de
mettre fin à l’impunité. Par conséquent, aucun crime ne doit désormais être toléré dans le
temple du savoir. Il est impératif de faire la lumière sur tous les crimes commis dans les
universités et les lycées de Côte d’Ivoire.

C’est dans cette optique que l’AGEECI a lancé un appel pour la création d’un collectif visant à
mettre fin à l’impunité des crimes en milieu scolaire et universitaire.

En outre, les élèves et étudiants de Côte d’Ivoire ont besoin d’une éducation à la démocratie,
où les syndicats jouent un rôle actif dans l’élection des représentants étudiants, comme le
prévoit l’article 58 du décret n°2023-613 du 15 juin 2023 sur les attributions, l’organisation, le
fonctionnement des universités publiques.

Chaque année les syndicats devraient rendre compte aux étudiants de leurs gestions et
naturellement les étudiants sanctionneront l’organisation ou les organisations qui les
réprimes, ponctionnent leurs bourses et ne défendent pas leurs intérêts.
Toute organisation qui viole ses statuts et règlements doit être sanctionnée conformément à
la loi.

Les mécanismes légaux existent mais ne fonctionnement pas.

3) De l’appel à un dialogue national pour une nouvelle vision de l’école

C’est pourquoi l’AGEECI appelle le Conseil National de Sécurité (CNS) à reconsidérer cette
décision et demande l’organisation des états généraux de l’enseignement supérieur. Il est
crucial que tous les acteurs de l’école, y compris la société civile et les organisations d’élèves
et étudiants, se réunissent pour réfléchir aux fondements d’une nouvelle école répondant aux
aspirations de développement de notre pays, tout en respectant les principes de gestion
démocratique du système éducatif.

Nous interpellons le Président de la République et le Gouvernement sur le maintien de cette
mesure, qui pourrait être perçue comme un prélude à une restriction plus large des libertés.
Les organisations de défense des droits humains sont également invitées à suivre de près
cette menace qui pèse sur les libertés fondamentales.

Nous appelons enfin nos camarades élèves et étudiants à se préparer et mobiliser pour
répondre massivement à une Assemblée Générale, dans les prochains jours.

En attendant, cette Assemblée Générale, l’AGEECI demande aux camarades élèves et
étudiants de garder leur calme et à rester à l’écoute pour les actions à mener et l’attitude à
adopter. Ce n’est que de droit.

Fait à Abidjan, le 21 octobre 2024
Pour le Bureau Exécutif National AGEECI
Le Secrétaire Général National
DIABY Mohamed Lamine

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire