Industries Créatives Africaines: Entre ambitions globales Et défis structurels

Prêt à faire progresser votre entreprise de mode ? Les programmes d’incubation et d’accélération de Fashionomics Africa sont faits pour vous ! Notre programme a soutenu plus de 5 000 entrepreneurs africains, attribué 20 000 $ à 6 gagnants et renforcé les compétences de 99 % des participants.

Un Levier Économique Transformateur

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Le Pari d’Une Transformation Globale

Les industries culturelles et créatives (ICC) ont connu une croissance remarquable en Afrique au cours des dix dernières années. Pourtant, leur impact sur l’économie est encore largement sous-exploité. En cause : des écosystèmes insuffisamment structurés et une capacité limitée à exporter des produits à forte valeur ajoutée vers les principaux marchés internationaux. C’est précisément ce défi qu’Afreximbank s’efforce de relever à travers son programme Creative Africa Nexus (CANEX), dont la prochaine édition se tiendra du 16 au 19 octobre à Alger. Tour d’horizon.

Par Goudet Abalé

Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton, pose, en ce 4 septembre 2019, aux côtés de l’actrice suédoise Alicia Vikander et d’un jeune homme à l’allure longiligne, au visage de chérubin et au sourire pincé, en contraste avec l’émotion qu’il doit sans doute éprouver ce jour-là. Car en ce 4 septembre, pour la première fois, un styliste africain vient de remporter le prestigieux Prix LVMH pour les Jeunes Créateurs de Mode. Ce styliste, né, élevé et formé en Afrique du Sud, c’est Thebe Magugu. Il fait ainsi son entrée sur la scène internationale, prouvant au passage que la mode made in Africa n’est plus qu’une tendance émergente, mais une force créative à part entière, capable de rivaliser avec les plus grands. Une reconnaissance internationale qui n’efface pas les défis auxquels sont confrontés les créateurs africains. Magugu lui-même le reconnaît : « Être créateur de mode [en Afrique] est un véritable défi, surtout lorsqu’il s’agit de distribution et d’exportation ».

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La Mode Africaine : Entre Ambitions Globales Et Défis Structurels

L’industrie africaine de la mode – dont la valeur à l’export est estimée à 15,5 milliards de dollars annuels – aspire aujourd’hui à se hisser parmi les leaders mondiaux. Pourtant, jusqu’à présent, c’est surtout par son rôle dans les chaînes de valeur du textile que l’Afrique s’est fait connaître– avec 37 pays producteurs de coton sur 54. Paradoxalement, le continent importe pour 23,1 milliards de dollars de vêtements, textiles et chaussures. Ce déséquilibre met en lumière des défis structurels majeurs, relevés par l’UNESCO dans son rapport de 2023, intitulé Le secteur de la mode en Afrique : Tendances, défis et opportunités de croissance. En particulier, l’organisation multilatérale pointe du doigt le manque de protections juridiques des créateurs et des professionnels de la mode, lui-même lié à « l’informalité » du secteur, ainsi que les faibles niveaux d’investissement dans les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent pourtant 90 % des entreprises continentales. Selon Marie Lora-Mungai, experte du domaine, « 99 % du secteur est constitué de petites ou très petites entreprises générant entre 100 000 et 600 000 dollars par an ». Avec une demande de haute couture africaine projetée en hausse de 42 % au cours de la prochaine décennie selon l’UNESCO, une question se pose : comment le continent peut-il répondre à cette demande croissante, et quelles initiatives sont mises en place pour y parvenir ?

« 99 % du secteur est constitué de petites ou très petites entreprises générant entre 100 000 et 600 000 dollars par an ».

Une partie de la solution semble résider dans les efforts de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) qui, à travers son initiative Creative Africa Nexus (CANEX), lancée en 2020, s’engage à soutenir les créateurs africains sur la scène internationale, leur offrant les ressources nécessaires pour développer et exporter leurs créations. L’une des personnalités soutenues par Afreximbank est justement le créateur sud- africain Thebe Magugu, que l’institution bancaire a mis en lumière lors de la Fashion Week de Paris de septembre dernier. « Nous facilitons les liens entre les créateurs et les acteurs de l’industrie, y compris les acheteurs, investisseurs, fabricants et la presse, leur offrant des opportunités d’accès à de nouveaux marchés et facilitant l’intégration de l’industrie de la mode africaine dans la chaîne de valeur mondiale », explique Kanayo Awani, Vice- Présidente Exécutive d’Afreximbank en charge du Commerce Intra-africain et du Développement des Exportations. Cette démarche trouve écho au salon TRANOÏ – le salon le plus fréquenté par les acheteurs internationaux et le principal événement de mode pour les créatrices féminines pendant la Fashion Week de Paris –, qui joue un rôle majeur dans la mise en avant de créateurs internationaux émergents. Le partenariat établi en 2022 entre le programme CANEX d’Afreximbank et TRANOÏ a permis d’offrir une visibilité unique à une nouvelle vague de talents africains venus du Ghana, du Kenya, du Nigéria et de Côte d’Ivoire. À l’occasion de l’édition 2024 de la Fashion Week de Paris, Afreximbank a réuni ces créateurs (20, provenant de 11 pays du continent) dans un pavillon dédié au Palais Brongniart/ex-Palais de la Bourse. L’un des événements les plus marquants a été le défilé de mode de trois marques exclusives (Lagos Space Programme, Sukeina et Thebe Magugu), sous la direction artistique du prodigieux Jenke Ahmed Tailly. Des tables rondes et des événements dédiés ont également été organisés aux Galeries Lafayette Haussmann. Grâce à cette initiative, Afreximbank a non seulement soutenu la diversité de la mode africaine, mais aussi son ambition d’avoir un impact sur la scène mondiale.

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