L’Afrique cherche à se faire une place dans l’industrie du jeu vidéo
Quelques studios africains engrangent de beaux succès sur un marché local encore balbutiant, mais qui suscite de plus en plus l’intérêt des grands noms du secteur, comme Sony ou Microsoft.
Par Marie de Vergès
Dans la république imaginaire du Mboa, vous êtes un fonctionnaire bien décidé à gravir les échelons. Tout au long de votre quête vers les sommets, opterez-vous pour une gestion scrupuleuse de l’argent public ou céderez-vous aux sirènes de la corruption ? Voilà le genre de défis que propose Le Responsable Mboa, jeu vidéo pour mobile développé par le studio camerounais Kiro’o Games et dont une version préliminaire est déjà disponible sur Play Store, le magasin d’applications de Google.
« Pour fabriquer cette parodie sociale, nous sommes partis de ce dont les Africains parlent tous les jours sur les réseaux sociaux : pourquoi est-ce qu’on est pauvres alors que nos responsables politiques ont l’air de vivre leur meilleure vie ? », résume, caustique, le fondateur de Kiro’o Games, Olivier Madiba. Le jeu devrait être finalisé en 2026, prédit le quadragénaire, qui promet à ses futurs adeptes des fous rires « toutes les cinq minutes ».
Un nouveau pari pour Kiro’o Games, pionnier de l’industrie vidéoludique en Afrique, qui a déjà engrangé de beaux succès. Salué par la critique depuis son lancement en 2016 sur PC, son jeu signature, l’« African fantasy » Aurion, est sorti en avril dernier sur Xbox, la célèbre console de Microsoft. « Une première pour un studio d’Afrique noire », se réjouit Olivier Madiba. Et la preuve d’un intérêt croissant des acteurs mondiaux du secteur pour la scène africaine du jeu vidéo.
Suivre les traces de Nollywood ou de l’afrobeats
« Le moteur, c’est l’envie de nouveaux récits, de nouvelles histoires, décrit Nick Hall, cofondateur de l’Africa Games Week, la grand-messe de l’industrie continentale qui se tient chaque année depuis 2016 en Afrique du Sud. L’Afrique est la dernière région à avoir été encore peu explorée par ces grandes sociétés et la qualité des talents locaux commence à être reconnue. » Ainsi, Microsoft a organisé en juillet la deuxième édition africaine de son Xbox Game Camp, à Johannesburg (Afrique du Sud), Nairobi (Kenya) et Casablanca (Maroc), afin de réunir des experts, développeurs et amateurs de jeux de tout le continent.
Ces derniers mois, plusieurs deals ont marqué les esprits. Parmi eux, le rachat, fin 2023, du studio sud-africain 24 Bit Games par l’éditeur américain Annapurna Interactive. Ou encore l’investissement réalisé début 2024 par Sony dans l’éditeur de jeux sud-africain Carry1st. Le fabricant de la Playstation a puisé dans son nouveau fonds – le Sony Innovation Fund – destiné à soutenir l’industrie vidéoludique africaine et doté de 10 millions de dollars. Des partenariats se mettent également en place, tel celui scellé en février entre Disney et le studio nigérian Maliyo Games pour créer un jeu mobile dérivé de la série d’animation afro-futuriste Iwaju.
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