La Cei, la commission électorale sous Ouattara va-t-elle invalider la candidature de Thiam ?

Thiam déploie beaucoup d’activisme et de leadership. Il occupe le terrain et commence à mobiliser ses soutiens internationaux. Le lundi 02 septembre 2024, il regagnait Abidjan après six semaines passées hors du pays. Les militants de son parti se sont mobilisés pour lui réserver déjà à l’aéroport, puis au siège du parti, un accueil ‘‘présidentiel ’’. Prenant la parole, Thiam s’est comme à son accoutumée immédiatement projeté vers la présidentielle de l’an prochain, « notre équipe est la meilleure et elle gagnera en 2025″, a-t-il martelé, sous des applaudissements nourris.

Avec son parcours universitaire et professionnel, son carnet d’adresses, sa vaste intelligence, sa notoriété,…etc….Thiam écrase la concurrence. Cela, nul ne le conteste. Le parti au pouvoir n’a pas dans son écurie quelqu’un de sa trempe, en dehors du président Ouattara lui-même. Or celui-ci est aujourd’hui desservi par son âge relativement avancé, et  » l’usure de son pouvoir  » après bientôt quinze années aux affaires. Thiam constitue ainsi la seule alternative crédible au pouvoir actuel. Aussi la question qui se pose est de savoir si le pouvoir va prendre le risque de le laisser compétir en 2025 ?

Thiam et son parti auraient tort de prendre sa participation à la présidentielle de l’an prochain pour acquise. Le président Ouattara affiche le détachement, mais sait que Thiam représente la plus grosse menace à son pouvoir, qu’il envisage ou non de briguer un quatrième mandat. Thiam représente dans les deux cas une « menace existentielle », qui devra être écartée d’une manière ou d’une autre. Et cela ne se fera pas forcément dans les urnes.

Le dilemme des occidentaux

Comme le président Ouattara, Thiam est à la fois proche des Français et des Américains. En Décembre 2023, Jessica Davis Ba, l’ambassadrice américaine en Côte d’Ivoire l’avait personnellement félicité pour son élection à la tête de son parti. Son époux, un citoyen sénégalais du nom d’Amadou Mathar Ba, serait un ami de longue date de Thiam selon la presse. La même Jessica Davis Ba fut avant sa nomination en Côte d’Ivoire, la conseillère spéciale pour l’Afrique au bureau de la vice-présidente Kamala Harris, aujourd’hui candidate démocrate. Le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, avait rencontré Thiam en février dernier lors de l’étape ivoirienne de sa tournée africaine.

Côté Français, une première rumeur faisait état de ce que le président Macron aurait voulu le proposer au poste de directeur du FMI, lorsque la Française Christine Lagarde qui occupait ce poste avait été rappelée pour prendre la tête de la Banque Centrale Européenne en 2022. Il aurait décliné l’offre. Une seconde rumeur l’annonçait à Bercy, c’est-à-dire à la tête du ministère des finances français. Là encore il aurait décliné. Vraies ou fausses, ces informations traduisent néanmoins la proximité des deux hommes.

Les Occidentaux auront fort à faire pour opérer un « choix » entre le président Ouattara et celui qui est vu comme son futur challenger. Selon les dire, ils les exhortent à une sorte « d’entente », de « partage du pouvoir ». Le Président Ouattara aurait donné son « accord de principe », tandis que Thiam aurait marqué son scepticisme, tout en n’écartant pas lui également la chose du revers de la main. Des initiatives de rapprochement seraient donc en cours.

Si elles échouaient, il faudra s’attendre à une campagne médiatique intensive contre Thiam, une campagne qui s’appuiera certainement sur l’élément qui est vu comme son handicap majeur, sa double nationalité. Il a certes renoncé il y a quelque temps à sa nationalité française. Mais cela n’annule pas le fait qu’il s’en est prévalu. La Constitution exige que le candidat soit « exclusivement » de nationalité ivoirienne. La disposition a-t-elle un caractère rétroactif ? Tout dépendra de la façon dont le terme « exclusivement » sera interprété par la Cour Constitutionnelle.

Une candidature incertaine

Le président Ouattara prendra-t-il le risque de laisser Thiam compétir ? Des manifestations à prévoir si sa candidature est invalidée, avec certainement une forte pression internationale. Une instabilité politique ne serait pas à exclure. Mais il prendrait un risque plus énorme si Thiam était autorisé à compétir contre lui, ou contre un éventuel  » héritier ». Son bilan, si impressionnant soit-il, ne lui sera pas forcément d’un grand secours du fait du phénomène d’usure dont on a parlé plus haut. A l’inverse Thiam incarne la jeunesse, la compétence, la rigueur, en un mot l’avenir.

C’est un dilemme que le président Ouattara devra trancher. Mais avec des forces de défense et de sécurité solidement tenues, le pouvoir peut espérer contenir les manifestations, plutôt que de prendre le risque de laisser à Thiam toute latitude pour déployer son génie et son charme et rafler la mise. Thiam se projette sans cesse vers 2025 dans chaque discours, mais sait au fond de lui que sa candidature sera l’objet d’un bras de fer. Il veut la planter dans le décor pour la rendre « incontournable ». N’oublions pas que le pouvoir avait tenté d’empêcher son élection à la tête de son parti en Décembre dernier. C’est un signe qui donne des indications pour la suite.

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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