Avec des drones d’attaque désormais aux mains des combattants de l’Azawad, vers un « équilibre des forces » au Mali ?

Depuis la bataille de Tinzaouten les 25, 26 et 27 Juillet dernier, où l’armée malienne et ses supplétifs russes ont subi un important revers (environ 80 mercenaires russes et une cinquantaine de soldats maliens ont perdu la vie), on soupçonne les rebelles Touaregs du CSP (Cadre Stratégique Permanent) d’être en possession de drones offensifs. On en a désormais la confirmation, suite à une vidéo qu’ils ont récemment publiée, montrant le vol « réussi » d’un drone qu’ils affirment avoir conçu et mis aux points par leurs « ingénieurs », à partir de composants qu’ils ont « achetés ». Ils reconnaissent être en possession de drones depuis « un certain temps », et confirment en avoir fait usage pour la toute première fois lors de la bataille de Tinzaouaten, ce qu’on soupçonnait plus ou moins.

Et c’est cela qui suscite l’inquiétude, ils sont en possession des drones d’attaques, des engins en mesure de larguer depuis les airs, des grenades et des explosifs sur des cibles au sol. Aujourd’hui la technologie des drones s’est vulgarisée, et dans beaucoup de pays africains, ces engins sont mis au point. Mais leur usage militaire relève d’une expertise qui n’est pas à la portée de tous. Or les « ingénieurs de l’azawad » semblent l’avoir acquise, certainement « coachés » par les Ukrainiens, ce qu’ils réfutent, mais personne n’est dupe. Tout cela porte la marque de l’Ukraine, qui sous la force des événements est aujourd’hui très en pointe dans la mise au point de drones bon marché, faciles à opérer.

On peut peut-être se rassurer du fait que les drones aux mains des combattants de l’azawad sont des engins encore rudimentaires, à faible rayon d’action (quelques centaines de mètres tout au plus), et de faible autonomie en vol, destinés principalement à intervenir dans des combats rapprochés. Mais attention, quoique relativement rudimentaires comparés à ceux en possession des armées du Sahel, la bataille de Tinzaouaten est là pour montrer que ces engins peuvent faire de gros dégâts. Et même s’ il est encore tôt pour parler « d’équilibre de forces » tout laisse à penser que les Touaregs vont miser à fond sur cette carte.

D’ailleurs, le 11 Septembre dernier, ils attaquaient aux drones un camp de l’armée malienne situé à environ une centaine de kilomètres de la grande ville de Tombouctou. C’était le premier engagement après la bataille de Tinzaouaten. L’attaque n’a pas fait de victimes, mais ils ne se sont pas privés de mettre une vidéo en ligne montrant des drones larguant des explosifs sur le camp. A noter que depuis le revers de Tinzaouaten, les combattants de la milice russe ne sont pas encore réapparus. Selon la presse spécialisée, un nouveau protocole d’engagement serait en discussion avec les autorités maliennes. En attendant sa validation, ils restent cantonnés dans leur base à l’ aéroport de Bamako.

Et précisément, c’est dans cette atmosphère encore pesante qu’est intervenue l’attaque contre l’aéroport et l’école de gendarmerie de Bamako, le 17 Septembre au petit matin entre 03h et 07h du matin, et en début d’après-midi. Elle n’est pas l’œuvre des Touaregs du CSP, mais du GSIM, un autre groupe rebelle. Evidemment les deux parties donnent un bilan différent, l’état major malien parlant de  » quelques pertes en vies humaines’’, tandis que le GSIM faisant état de centaines de soldats tués, dont des combattants russes. Dans leur vidéo, on les voit tirer dans le hall vide de l’aéroport, et incendier l’avion présidentiel. Cette dernière attaque semble avoir porté un coup au moral à la fois de l’armée et des populations, qui s’interrogent sur les capacités réelles de l’armée. Notons que l’attaque s’est produite au lendemain des festivités consacrées à l’an 1 de l’ ’’AES’’, où le Colonel Goita avait prononcé un discours insistant sur le fait que l’armée avait « considérablement affaibli les groupes djihadistes ». Visiblement un long chemin reste encore à parcourir.

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

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