Agé de 24 ans, K.B.B. est un désœuvré rencontré récemment dans le coin d’une rue abidjanaise faisant le manche pour avoir sa pitance du jour. Sa façon de se présenter à nous, dans une tenue défraichie, la barbe et les cheveux hirsutes mais s’exprimant dans un français correct, attire notre curiosité de journaliste. A notre question de savoir pourquoi il était dans cet état, il n’a pas hésité à conter sa situation, faisant des révélations sur la vie conjugale de sa génitrice, Guédé Juliette «partie en France ». Une absence qui impacte négativement son existence sur les bords de la lagune Ebrié. Difficile pour lui de s’accommoder avec la violence de son beau-père, il est réduit presqu’à la mendicité pour ses besoins alimentaires.
« J’ai quitté la maison, parce que je vivais avec ma maman, Guédé Juliette et mon beau-père. Au début, tout allait bien, mais après, il a commencé à être très violent, méchant. Il nous traitait comme ses esclaves. Heureusement que ma mère a su partir d’ici, pour se retrouver en France, sinon elle ne serait jamais en sécurité à cause de ce monsieur».
Il a continué en disant : « Ma maman était une femme très courageuse, qui gagnait son pain à la sueur de son front, et ce dernier-là voulait profiter de son argent. Je ne pense pas que ce soit par amour, qu’il s’est marié. La preuve, il est venu avec une jeune femme, avec laquelle il avait des relations intimes. Quand ma mère a découvert son infidélité et qu’elle lui faisait des reproches, il la battait chaque fois. Quand notre maman partait au travail et que mon petit frère et moi remarquions certaines choses, et qu’on lui faisait le point à son arrivée; quand il rentrait, il se dressait contre nous tous. Et ça me poussait à réagir. Parfois, je voulais me battre contre lui pour défendre ma maman. Mais elle avait peur qu’il me donne un coup fatal.
C’était une maison où la violence régnait. Avant son mariage avec ce monsieur, on était tranquilles dans la maison. Mais depuis qu’il est venu là, il n’y a plus la paix. Je me rappelle ce jour, quand il avait pris une barre de fer pour me taper. Il a failli me tuer avec. On a même envoyé plusieurs convocations, mais rien. Il dit que personne ne peut lui faire quelque chose. C’est quelqu’un qui n’a peur de personne. Un jour, maman avait encore décidé d’aller en vacances, changer un peu d’air avec mon petit frère. Et elle n’est plus revenue avec lui ».
Le jeune a conclu : « J’avais déjà quitté la maison parce que je ne supportais plus tout ce qui s’est passé. Aujourd’hui, je suis dans la rue, le monsieur a occupé la maison avec sa concubine. Récemment ils ont cassé certaines maisons des quartiers précaires à Abidjan. Je me suis dit, il faut bien que je vienne réclamer la maison de maman. Il m’a encore menacé de mort. Étant dans la rue, je ne sais pas ce qu’il me fera en me rencontrant un jour. C’est vrai que je suis dehors, mais je suis content que maman soit partie sinon, elle serait la victime de ce monsieur-là. C’est un méchant et dangereux type ! Et puis, si on a pu échapper à ce monsieur, c’est l’essentiel »
Désespéré et désemparé face à la situation qu’il vit, KBB n’en veut pas à sa mère. Il a le sentiment de porter le fardeau qu’elle aurait porté si celle-ci était encore sur le territoire ivoirien. Il espère qu’un jour, le soleil brillera pour lui et qu’il retrouvera une existence meilleure.
SD à Abidjan
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