La France semble durcir le ton contre tout activiste ou intellectuel africain résidant sur son territoire et critiquant ouvertement sa politique africaine sous l’ère Macron. Le cas du philosophe Franklin Nyamsi en est une illustration.
Le professeur Franklin Nyamsi est engagé dans un bras de fer feutré avec Emmanuel Macron.
C’est un autre épisode de la lutte entre les autorités françaises et l’enseignant et philosophe, pourfendeur de la Françafrique, Franklin Nyamsi qui s’est ouvert, mardi, à Rouen en France.
Ce Français d’origine camerounaise qui cumule globalement un demi-million d’abonnés sur toutes les plateformes de réseaux sociaux, est un virulent pourfendeur de la françafrique.
Mardi, il a répondu à une invitation des autorités policières de Rouen. Une convocation du tribunal correctionnel où il doit comparaître le 28 novembre prochain, lui a été adressée.
D’après les déclarations du philosphe, le procureur de la République s’intéresserait, une fois de plus, à la gestion de l’association “ Crush Party de Paris pour Guillaume Soro” qu’il a créée en 2019.
En 2003, il avait déjà été convoqué par la police au sujet de la gestion de cette association, alors qu’aucune plainte n’avait été déposée. Répondant à une question de Franklin Nyamsi faisant remarquer à l’enquêteur l’incongruité de se porter plainte à soi-même, le policier avait répondu : “j’ai l’impression que vous vous êtes abusé”.
Pour le philosophe, il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette convocation participe d’une manœuvre d’intimidation du président français, exaspéré par son franc-parler.
“ Monsieur Macron, incapable de me noyer sur le terrain médiatique, intellectuel et judiciaire, croit instrumentaliser la justice pour nuire à ma liberté, à ma capacité de m’exprimer”, s’indigne-t-il contre ce qu’il considère comme une énième persécution.
En 2023, exaspérées par ses critiques au sujet de la politique africaine de la France, les autorités de l’Education nationale l’avaient suspendu d’enseignement et de solde pendant trois mois. Il lui était reproché d’avoir manqué à son devoir de réserve, en critiquant vertement sur les réseaux sociaux, la politique africaine de la France.
« Le ministre me reproche explicitement mes critiques de la politique africaine de la France. Et j’ai été l’objet de nombreuses convocations disciplinaires depuis mai 2021 pour les mêmes raisons alléguées. L’épée de Damoclès qui planait sur moi depuis 2021 vient donc enfin de s’abattre » avait-il annoncé sur X.
Dans un entretien accordé à l’agence russe Sputnik, Nyamsi a déclaré qu’il exprime ses opinions concernant la politique africaine de la France depuis plus de vingt ans, soulignant qu’il n’avait “jamais été convoqué ni sommé de se taire” sous les présidences de Chirac, Sarkozy et Hollande.
« C’est depuis mai 2021 que cela m’arrive. Ce qui veut dire qu’il y a une dérive autoritaire incarnée par le gouvernement du Président Macron. Il est hors de question que je renonce à être ce que je suis, simplement sur injonction d’un pouvoir en pleine dérive brutale contre les libertés d’abord du peuple français et, c’est une tradition, contre la liberté des Africains”, s’était-il offusqué.
À l’observation, il y a comme un durcissement contre tout activiste ou intellectuel africain résidant en France et critiquant ouvertement la politique africaine de la France sous l’ère Macron.
L’activiste Kemi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, a été déchu de sa nationalité française le 9 juillet 2023. Né il y a 42 ans en France de parents béninois, il est un virulent critique de la Françafrique.
Avant Kemi Seba, l’activiste Camerouno-Suisse Nathalie Yamb avait été interdite d’entrée et de séjour en France ; et ce depuis 2022. Suivie par plus d’un demi-million de personnes, elle utilise les réseaux sociaux pour décrier les dérives des relations entre la France et l’Afrique”.
Quoi qu’il en soit, Franklin Nyamsi est décidé à se défendre jusqu’au bout. Parlant des Africains dont les droits sont “constamment bafoués”, il a souligné : “nous refusons désormais d’être des serpillères de la république”.
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