La nouvelle casse à Abobo pratiquement inaccessible

La nouvelle casse d’Abobo N’dotré se peuple. Elle est de plus en plus animée. Une partie de la dernière vague de ferrailleurs de l’ex-casse d’Abobo Anador y aménage progressivement. Mais un véritable problème demeure parmi tant d’autres. C’est que les principales voies d’accès et les rues de ladite casse sont impraticables. Une situation que déplorent aussi bien les ferrailleurs, les mécaniciens, que les automobilistes qui ont recours à leurs services.

La nouvelle casse d’Abobo N’dotré n’est plus ce qu’elle était, il y a environ un an. C’est la réalité qui s’impose à qui l’avait déjà vu antérieurement et qui la visite à nouveau aujourd’hui, comme nous l’avons fait le jeudi 29 août 2024, après un premier passage effectué en avril 2023. De nombreux ferrailleurs s’y sont installés. Une grande partie des magasins sont occupés. La principale rue est animée par les allées et venues des ferrailleurs, des véhicules et autres passants.

Certains des ferrailleurs ne disposant pas de moyens financiers pour se prendre un magasin exposent leur ferraille à même le sol dans la rue. D’autres récemment arrivés sont occupés à aménager leur magasin pour s’y installer. Parmi eux, il y a Doumbia. Il fait partie de la vague des ferrailleurs qui ont été délogés il y a peu de l’ex casse d’Abobo Anador, pour s’installer à N’dotré. A quelques mètres de son magasin, un autre était assis devant le sien. « Je ne peux rien dire pour le moment sur les réalités de cette casse. Puisque je suis arrivé il y a à peine une semaine », fait savoir ce dernier.

De l’autre côté, nous avons trouvé un groupe d’environ cinq ferrailleurs assis devant un magasin. « Cela fait aujourd’hui dix jours que nous nous sommes installés dans cette casse », explique le plus âgé. Ils se sont associés pour prendre ce magasin. Chacun d’eux y vend sa marchandise. Ils attendent patiemment les clients. « C’est vrai qu’il y a progressivement de l’affluence. Mais franchement ça n’a pas encore démarré comme il faut. Des ferrailleurs sont encore en train de s’installer. Ils n’ont pas encore pour certains fait venir toutes leurs marchandises », fait remarquer Ouattara Kinondia, président de l’Association des Jeunes Ferrailleurs de Côte d’Ivoire (AJFCI). Il est l’un des anciens de cette casse de N’dotré. Il fait partie des premières vagues de ferrailleurs qui ont accepté de s’y installer en 2015.

Des voies impraticables aménagées par les ferrailleurs

Nous avons décidé de parcourir la casse à pied pour mieux cerner les réalités. Et dès les premiers pas, nous constatons que la seule voie d’accès par voiture n’est pas bitumée et porte par endroits des fossés qui finissent par se remplir d’eaux usées et de ruissellement. Au fur et à mesure que nous avançons à l’intérieur nous constatons que l’état de dégradation des voies est encore plus important. La seule artère principale est devenue étroite et boueuse avec des flaques d’eau à certains endroits. Les quelques véhicules qui s’y aventurent ont du mal à passer. La plupart garent dans un parking improvisé à l’entrée de la casse. Ce qui n’est pas fait pour rendre la tâche facile aux ferrailleurs.

En attendant donc que les autorités compétentes interviennent, ils mettent la main à la pâte pour tenter de remettre cette voie en bon état. « On cotise très souvent de l’argent afin d’acheminer des gravats pour remblayer les rues », confie Ouattara Kinondia. Il affirme que lui et ses collègues ont beaucoup discuté de ce problème de voirie avec les autorités municipales. « Mais Mme le maire de la commune d’Abobo, Kandia Camara a avoué qu’elle n’a pas le pouvoir de bitumer les rues de la casse. Elle peut par contre envoyer des machines pour gratter », confie le président de l’AJFCI. Mais jusqu’à présent, la situation n’a pas changé et ne fait qu’empirer.

A la casse, il y a aussi un espace réservé aux mécaniciens autos. Ces derniers connaissent les mêmes problèmes de voierie. Les rues permettant d’aller vers eux portent de multiples crevasses les rendant difficilement praticables. Quelques-unes sont transformées en dépotoirs d’ordures de tout genre. « Certains mécaniciens ne peuvent plus travailler parce que la voie d’accès à leur garage est impraticable », indique l’un d’eux. Ils sont obligés de travailler hors de leur garage.

Contrairement au ferrailleurs, les mécaniciens se sont installés à leur propre frais. « Il n’y a pas eu de promoteur. C’est nous mêmes qui avons construit nos hangars », confie Lamine. Pas de véritables routes d’accès, les mécaniciens sont livrés à eux-mêmes. « Quand il n’y a pas de voies, les clients se plaignent. A cause de l’état de la route, d’autres ne viennent pas. On est obligé de faire le dépannage sur place, là où ils ont garé leur véhicule », explique Traoré Alassane, un représentant du secrétaire général des garagistes. Pour remédier à la situation, ils ont dû par eux-mêmes créé des voies praticables.

Quelques clients avec qui nous avons échangé ont également évoqué ce problème de voierie. Ils préfèrent ne pas emprunter ces différentes routes d’accès afin d’éviter d’endommager d’avantage leur véhicule. « J’ai le contact de mon mécanicien. Je l’appelle et il me rejoint à l’entrée de la casse. C’est mieux ainsi », explique un homme qui venait tout juste de stationner sa voiture.

Des ferrailleurs tardent à s’installer

C’est après le déguerpissement de la casse d’Adjamé, en 2014, que cette casse d’Abobo N’dotré a été construite en vue de recaser les ferrailleurs. Certains ont accepté de s’y installer. D’autres ont choisi de s’installer dans des magasins ailleurs, notamment à Abobo Anador en bordure de l’autoroute qui dessert la commune. Selon eux, la nouvelle casse est très éloignée. Et les magasins sont de petites dimensions. Mais ils ont fini par rendre Anador insalubre. Les autorités municipales ont alors décidé de les déloger de force, afin qu’ils rejoignent leurs collègues à la casse de N’dotré. Ainsi, après plusieurs tentatives, elles ont finalement réussi à les forcer à quitter leurs magasins le 21 août 2024.

A l’issue de cette opération qui marquait la fermeture définitive de la casse d’Abobo Anador, certains ont commencé progressivement à s’installer à la nouvelle casse d’Abobo N’dotré. Cependant, d’autres ferrailleurs traînent encore les pieds. On peut voir des magasins encore fermés. Pourtant, confirme le président de l’AFCI, tous ces magasins sont occupés. Leurs propriétaires refusent de s’installer et ont choisi de se trouver des magasins dans d’autres quartiers. Pour Touré Adama, un des premiers ferrailleurs installés dans la nouvelle casse, les raisons évoquées par ceux qui refusent de venir les rejoindre ne sont pas valables. Il suffit de s’installer et avec le temps, les clients reviennent. Le véritable problème c’est le manque de voies praticables.

Karamoko Diomandé

Source: Lebanco.net

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