A l’image de la tour F, le futur pont au-dessus du canal de vridi est un autre pari fou qui se dessine à l’horizon. Avec un tablier (la partie sur laquelle circulent les véhicules) haut de 70 mètres, soit la hauteur d’un immeuble de 23 étages, et deux piliers haut de 190 m chacun, soit un immeuble de 64 étages, le pont à haubans de Vridi sera assurément le plus haut d’Afrique, surclassant ceux de Maputo et de Brazzaville, qui font aujourd’hui référence sur le continent. La construction de l’infrastructure résulte d’un partenariat public privé (PPP) entre l’Etat Ivoirien et l’entreprise PFO de l’architecte ivoiro-libanais Pierre Fakhoury. Le pont sera à péage, et sera exploité par une entreprise privée, à l’image de la SOCOPRIM, qui gère le péage du pont HKB. Ainsi ce pont ne va pas générer de « dette passive ». Ce sera une infrastructure BOOT (Build, Own, Operate, Transfer) comme le troisième pont d’Abidjan.
Quand la construction de ce pont va-t-elle commencer ? C’est en 2021 que les premiers articles sur ce pont sont apparus. Le lancement du chantier était alors annoncé pour 2023 au plus tard. Aujourd’hui, alors que les études sont désormais bouclées, la mise en œuvre du projet bute sur l’indemnisation des populations à déguerpir. La question est double, il faut indemniser les populations impactées, puis les recaser sur un nouveau site. Si le financement de l’infrastructure relève du partenaire privé, l’indemnisation et le recasement des populations impactées relèvent de l’Etat. C’est la règle dans les PPP.
Pour le quatrième pont, les fonds pour les indemnisations étaient compris dans le prêt de 109 milliards, sollicité auprès de la BAD pour mener cet investissement. Or il se trouve que pour le futur pont de Vridi, l’Etat ivoirien ne soit pas encore parvenu à intéresser ses partenaires financiers traditionnels (BAD, BOAD, BM, BID, AFD, BERD, etc……). D’immenses zones densément peuplées, et des usines sont concernées. Il apparaît que le coût des indemnisations sera de loin supérieur à celui des impactés du quatrième pont (30 milliards FCFA). Selon les informations qui filtrent, les choses coincent à ce niveau, l’Etat ne parvenant pas à débloquer la somme.
La question des indemnisations a toujours été épineuse pour les grands projets d’infrastructure, elle peut faire échouer tout le processus. Le second terminal à conteneurs du port aurait initialement dû être construit sur l’île Boulay. Les indemnisations étaient si élevées qu’on a dû renoncer à cet emplacement pour le construire au sein même du port. La seconde ligne de métro qui devait relier Bingerville à Yopougon, est maintenant abandonnée (vu le coût des indemnisations) au profit d’une ligne BRT (Bus Transit Rapide). Le 12 Juin, le MCC a suspendu son financement consacré à la réhabilitation du boulevard de la paix, du fait d’indemnisations qui n’auraient pas été menées selon les procédures.
La démesure du projet semble dissuader les éventuels bailleurs de fonds, qui le jugent risqué, et qui ont des doutes sur sa viabilité économique. Des investisseurs américains s’étaient signalés en Janvier 2022, mais n’ont plus donné signe de vie depuis. Pourtant le pont va désenclaver une immense partie du littoral demeurée inaccessible depuis l’ouverture du canal de vridi. Depuis la construction d’un pont sur la lagune du côté de Songon, Jacqueville et son périmètre sont accessibles par la route en passant par la commune de Yopougon. Mais il faut pour cela traverser toute la ville d’Abidjan. Avec le futur pont sur le canal, ce sera possible en 20 minutes à partir de vridi. C’est une immense zone qui va rapidement s’ouvrir à l’urbanisation industrielle et résidentielle. Trois lacs se trouvent dans la zone.
Il y a aussi le volet touristique qu’il ne faut pas négliger concernant ce futur pont. Il permettra une vue imprenable sur l’atlantique et sur l’intérieur des terres. Avec le pont de Vridi, on pourra se rendre compte que la terre est ronde et non plate !!! La Côte d’Ivoire aura son viaduc de Millau. On notera que ce pont résulte aussi d’un partenariat public privé entre l’Etat français et la société Eiffage. A l’instar de la basilique de Yamoussoukro, ce pont fera parler de lui, il va frapper les esprits. La future tour » F » et le futur pont de Vridi vont s’imposer au regard du visiteur depuis l’aéroport. Abritant déjà la plus grande basilique du monde, et bientôt le plus haut gratte-ciel d’Afrique sub-saharienne, la Côte d’ivoire va compléter ce trio avec le plus grand pont d’Afrique, si le pont de vridi est construit. Aussi les autorités ivoiriennes doivent-elles se montrer plus pro actives, plus agressives, plus innovantes, et surtout plus déterminées dans leur recherche de financementafin de tout mettre en œuvre pour que la construction soit enfin lancée.
Douglas Mountain
oceanpremier4@gmail.com
Le Cercle des Réflexions Libérales
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