Pourquoi est-il si difficile de mettre une armée européenne en place ?

Faut-il une armée propre au continent européen, une armée qui va exister parallèlement à celle des Etst ? La guerre en Ukraine a remis cette question au goût du jour en brisant un tabou, l’Europe peut de nouveau connaître un conflit majeur du type de celui de 1939-1945. Et l’ennemi est tout désigné, la Russie. Aussi une réponse globale de l’Europe est nécessaire si un nouveau pays était attaqué. D’où l’idée d’une armée européenne. Pourtant il y a l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, une alliance mise en place dès 1945 par les Américains pour dissuader une éventuelle attaque des pays de l’Europe de l’Ouest par l’armée soviétique (russe aujourd’hui). Selon le fameux article 5 de ce traité, si un membre de l’OTAN est attaqué, il doit pouvoir avoir le secours des autres, notamment des Américains.

Malgré cela, l’idée d’une armée propre à l’Europe reste toujours sur la table. La France est très en pointe sur le sujet, tandis que l’Allemagne, plus réservée, voit toujours l’OTAN comme la meilleure garantie pour sa sécurité. La mise en place d’une armée européenne se heurte à la différence de vision entre ces poids lourds. Les Français ont toujours été méfiants envers les Américains, une attitude qui remonte au général De Gaulle. Ils ont tardivement adhéré à l’OTAN. Pour eux, il est temps que l’Europe prenne en main sa sécurité, et non pas toujours compter sur les Américains.

La mise en place d’une armée européenne se heurte aussi à la rivalité industrielle entre Etats européens. Dans les programmes de coopération, chaque Etat veut tirer le maximum de l’activité industrielle sur son sol. Et sur ce plan les dirigeants français ont toujours fait preuve d’une certaine agressivité. Et on soupçonne la France de vouloir accaparer l’activité industrielle qui résultera de l’équipement de cette éventuelle armée européenne.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, il fut interdit à l’Allemagne (et aussi au Japon) de fabriquer certains équipements, notamment les avions, les missiles, les fusées, les porte-avions (pour le japon) les armes nucléaires….. etc…. Ainsi, si l’industrie de l’armement en Allemagne (ainsi qu’au Japon) existe toujours, dans les domaines cités plus haut, elle accuse un retard sur celle des autres grandes nations industrielles. Il est instructif de noter que le Japon aussi fait reposer sa défense sur l’OTAN, en ligne avec l’Allemagne.

Ainsi la France sera certainement la nation qui va concentrer l’essentiel de l’activité industrielle dans le cadre de la production des équipements d’une éventuelle armée européenne, du fait de ses industries d’armement relativement en avance. C’est d’autant plus vrai qu’elle accueille la plus grande partie des industries du consortium européen Airbus (production des avions), et de l’agence spatiale européenne, ESA. Le site de Toulouse est le premier site européen des industries aéronautiques et spatiales, devant celui d’Hambourg en Allemagne. La France est le deuxième exportateur d’armes au monde derrière les Etats Unis.

La compétition entre industries européennes est un obstacle sérieux à la mise en place d’une armée européenne. Ainsi depuis 2017, la France et l’Allemagne, rejoints plus tard par l’Espagne, ont décidé de produire en commun un avion de chasse multifonction, un drone et un char. Ce programme intégré est dénommé SCAF (Système de Combat Aérien du Futur). A ce jour, soit sept années plus tard, ce programme bute sur la répartition des charges de travail entre les industriels des trois pays.

Ainsi la France sera certainement la nation qui va concentrer l’essentiel de l’activité industrielle dans le cadre de la production des équipements d’une éventuelle armée européenne, du fait de ses industries d’armement relativement en avance. C’est d’autant plus vrai qu’elle accueille la plus grande partie des industries du consortium européen Airbus (production des avions), et de l’agence spatiale européenne, ESA. Le site de Toulouse est le premier site européen des industries aéronautiques et spatiales, devant celui d’Hambourg en Allemagne. La France est le deuxième exportateur d’armes au monde derrière les Etats Unis.

La compétition entre industries européennes est un obstacle sérieux à la mise en place d’une armée européenne. Ainsi depuis 2017, la France et l’Allemagne, rejoints plus tard par l’Espagne, ont décidé de produire en commun un avion de chasse multifonction, un drone et un char. Ce programme intégré est dénommé SCAF (Système de Combat Aérien du Futur). A ce jour, soit sept années plus tard, ce programme bute sur la répartition des charges de travail entre les industriels des trois pays.

La guerre économique (y compris l’espionnage industriel) fait rage entre les nations occidentales. On ne le dit pas assez. Et sur ce plan, ce ne sont pas les USA, mais bien la France qui est désignée comme « l’empire du mal » par les industriels européens, principalement par les allemands. Les dirigeants français ont toujours fait preuve d’un nationalisme agressif. Ils ne laissent pas les lois du marché opérer lorsque les entreprises françaises sont en difficulté. Ils les renflouent, ce qui fausse la concurrence. Cette guerre économique larvée entre les européens, reste un frein majeur à l’intégration de l’Europe.

La mise en place d’une armée européenne se heurte également à la spécificité des Etats. La France a un régime présidentiel, tandis qu’en Allemagne, en Grande Bretagne, et en Italie, l’activité de l’exécutif est étroitement encadrée par le parlement. Enfin, il y a les aspects techniques du fonctionnement d’une éventuelle armée européenne. Qui va la commander ? Comment seront sélectionnées les troupes ? où vont-elles stationnées ? qui décidera des interventions ? quelle sera sa langue de travail ? etc…etc…la réponse à ces questions n’est pas évidente, sur un continent en proie à une farouche guerre économique, et une guerre de leadership.

La mise en place d’une armée européenne n’est donc pas pour tout de suite. En Afrique également la question se pose. Au sein de la CEDEAO, il est fréquemment question d’une « force en attente ». Mais cela reste de la rhétorique pour le moment. Bien sûr, lorsqu’il y a un besoin, les organisations sous régionales (CEDEAO, SADC, IGAD) se mobilisent pour envoyer des troupes. Mais comme en Europe, la création d’une armée à l’échelle du continent reste pour l’instant un rêve bien lointain, surtout qu’en Afrique se pose aussi le problème de financement.

Douglas Mountain

oceanpremier4@gmail.com

Le Cercle des Réflexions Libérales

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