Jean le baptiste, dont le martyre est commémoré, ce 29 août, dans l’Église catholique, était un « homme de Dieu » atypique en ce sens qu’il parlait « cru et dru », qu’il appelait à la repentance ceux et celles qui venaient de Jérusalen, de Judée et des environs du Jourdain pour écouter sa parole qui était aussi tranchante que l’épée.
Le fils de Zacharie ne disait pas aux gens ce qu’ils avaient envie d’entendre. Il n’était pas coutumier des promesses farfelues. Il ne vendait ni huile ni parfum censés rendre des naïfs riches ou puissants. Sa force et sa grandeur venaient d’abord de là mais elles venaient aussi de la vie simple qu’il menait. En effet, Jean se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage, portait des habits faits de poil de chameau et une ceinture de cuir autour de la taille, ne logeait pas dans un palais.
Il estimait que sa petite personne avait peu d’importance. Ce qu’il souhaitait, c’était de diminuer pour que Jésus soit davantage connu et aimé.
Pasteurs, prêtres, évêques et cardinaux ne seront jamais écoutés ni pris au sérieux s’ils sont attirés par le luxe et le matériel, si la prison leur fait peur, s’ils sont incapables d’interpeller et de bousculer ceux qui affament, terrorisent et oppriment le peuple, si leur obsession est que les gens s’attachent à eux plutôt qu’à Jésus.
L’Église en Afrique n’a besoin ni d’affairistes ni de petits escrocs ni de vendeurs d’illusion mais de prophètes et le prophète, c’est avant tout un empêcheur de tourner en rond, celui qui dit la vérité à temps et à contretemps.
Hier, Bernard Yago (Côte d’Ivoire), Joseph Malula (ex-Zaïre), Luc Sangaré (Mali), Christian Tumi (Cameroun), Raymond-Marie Tchidimbo (Guinée) et d’autres ont joué ce rôle prophétique, ce qui leur valut le dénigrement, la persécution ou l’emprisonnement. Yago fut traité de « fétichiste en tiare » par Houphouët pour avoir refusé d’adhérer au mensonge selon lequel Ernest Boka s’était donné la mort dans la prison d’Assabou. Malula fut expulsé au Vatican par Mobutu parce qu’il ne voulait pas faire partie des Zaïrois qui considéraient Mobutu comme un messie.
Les nouveaux pasteurs, prêtres et évêques marcheront-ils dans leurs pas?
Jean-Claude Djéréké
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