Les nouvelles autorités sénégalaises ont fait un pas supplémentaire dans leur volonté annoncée de renégocier les contrats pétroliers, gaziers et miniers pour qu’ils bénéficient davantage aux populations, avec la mise en place d’une commission d’experts, a indiqué le Premier ministre Ousmane Sonko.
Le pays est devenu producteur de pétrole en juin et doit commencer à exploiter son gaz naturel au second trimestre 2024. Classé parmi les 25 Etats les moins développés au monde, il mise sur ces ressources pour faire un bond économique. Mais les nouvelles autorités ont promis de renégocier les contrats signés sous l’ancien pouvoir car ils les jugent défavorables.
La commission, formée de hauts cadres de l’administration sénégalaise, des experts dans les domaines pétrolier, minier, fiscal et économique, a été lancée lundi en présence du chef de gouvernement, a précisé la télévision publique RTS lundi soir dans un reportage.
Elle “découle de la volonté de respecter un engagement. Nous avions eu à regretter et dénoncer vigoureusement la manière dont les accords et les conventions ont été conclus au détriment la plupart du temps des intérêts stratégiques du Sénégal et de son peuple”, a déclaré sur la RTS le Premier ministre Ousmane Sonko, nommé par le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars.
“Nous avions pris l’engagement ferme de revenir sur ces différents accords, de les réexaminer et de travailler à les rééquilibrer dans le sens de l’intérêt national”, a-t-il dit. “La logique est de travailler de manière scientifique, rigoureuse, méthodique sur tous les aspects (de) ces conventions. Le premier exercice (sera) de passer en revue ces conventions à l’aune des différentes bases juridiques qui les fondent”, a-t-il ajouté.
Le Sénégal a démarré en juin sa production pétrolière dans le champ de Sangomar (centre-ouest) où opère le groupe australien Woodside Energy. Le début de l’exploitation du gaz naturel est attendu dans le second trimestre de 2024 pour le gisement de Grand tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière avec la Mauritanie, développé par le britannique BP avec l’américain Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et la société publique nationale Petrosen.
Avec kewoulo.info
À la Une: au Sénégal, «la chasse aux contrats léonins»
« Le gouvernement ouvre la chasse aux contrats léonins », titre Seneplus, qui parle d’une « démarche audacieuse ». Le Premier ministre Ousmane Sonko vient de créer une commission chargée d’examiner les contrats signés par l’État avec des compagnies étrangères. Seneplus parle d’une « commission d’élite composée des meilleurs experts du pays ». Leur mission, écrit le site d’information : « traquer les déséquilibres, débusquer les failles juridiques et redonner au Sénégal la place qui lui revient dans les partenariats économiques », notamment dans le secteur pétrolier et gazier, précise Jeune Afrique. Qui ajoute que la commission est « attendue principalement dans les dossiers Woodside – qui exploite le bloc pétrolier de Sangomar, à 100 kilomètres au sud de Dakar – et British Petroleum – qui opère le champ gazier de GTA, partagé avec la Mauritanie au nord du pays ». « Il y a beaucoup à revoir et beaucoup à récupérer pour le compte du Sénégal », assure Ousmane Sonko.
La Tribune du Sahel rappelle qu’il s’agissait d’une promesse de campagne du duo Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko, qui ont remporté la présidentielle en mars dernier. Mais « alors que certains saluent cette initiative pour plus de justice économique, d’autres craignent des conséquences désastreuses pour l’économie du pays », écrit le quotidien malien, qui note d’ailleurs que côté gouvernement, « la prudence est de mise ». Car, estime La Tribune, « on ne joue pas impunément avec des accords internationaux qui, même s’ils sont imparfaits, ont le mérite d’exister et de stabiliser des relations économiques souvent fragiles ». Bref, écrit le quotidien, « le défi est de taille : il s’agit non seulement de faire mieux, mais aussi de ne pas tout casser en chemin ».
Embouteillages pour le Grand Magal
Sénégal toujours, vendredi 23 aout se tiendront les célébrations religieuses du Grand Magal à Touba. Et Walf Quotidien se penche sur « le défi de la mobilité » : l’arrivée en nombre des pèlerins commence à occasionner des embouteillages sur les axes menant à la cité religieuse. Voitures particulières, bus, charrettes… Habitants et visiteurs plaident pour la construction de ponts et d’autres infrastructures qui pourraient aider à désengorger les routes pendant le Magal.
Autre problème, la hausse des prix : les tarifs, selon les voyageurs, ont déjà doublé, voire triplé, et ils pourraient quintupler dans les prochaines heures. Pour le moment, on en est à 1 000 francs CFA à l’aller comme au retour, écrit Walf Quotidien. Et puis il y a la sécurité : Dakar Matin rappelle que le Khalife général des mourides a appelé les conducteurs et usagers de la route à faire preuve de prudence, « l’affluence des fidèles étant souvent accompagnée de tragédies sur les routes, avec de nombreux accidents entraînant des pertes en vies humaines ».
L’asile politique en France pour un ex-ministre nigérien ?
Selon Jeune Afrique, Rhissa Ag Boula a obtenu l’asile politique en France. Ce vétéran des rébellions touarègues, ex-ministre d’État, est en exil depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. L’hebdomadaire affirme qu’il avait déposé une demande d’asile devant l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), expliquant qu’il lui était impossible de rentrer au Niger sous peine d’être arrêté par les nouvelles autorités, la junte dirigée par le général Abdourahamane Tiani. Selon Jeune Afrique, l’Ofpra lui aurait reconnu le statut de réfugié le 31 juillet dernier.
Contacté par RFI, Rhissa Ag Boula nie ces affirmations de Jeune Afrique.
Au Mali, la rentrée des classes s’annonce difficile
Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga veut suspendre les subventions allouées aux écoles catholiques. Une décision, écrit Bamada.net, qu’il justifie par « des principes de laïcité et d’égalité, inscrits dans la nouvelle constitution ». Dans les faits, écrit Maliweb, « au Mali, les écoles catholiques sont reconnues d’utilité publique depuis 1960. Ce faisant, l’État accordait une subvention à hauteur de 80 % des salaires des enseignants, sur la base d’une convention avec l’Église catholique » datant de 1972. Cette subvention serait suspendue à partir de janvier prochain. Et l’État, précise Maliweb, n’a jusque-là pas proposé une solution alternative pour la prise en charge des milliers d’élèves et des 1 613 enseignants de ces écoles « réputées pour leur excellence dans le travail », rappelle Maliweb.
Conséquence, écrit Mali Actu : les évêques du pays menacent de fermer ces écoles dès septembre si aucune solution n’est trouvée. Une situation délicate pour le gouvernement à quelques semaines seulement de la rentrée scolaire, écrit Bamada.net. Les parents vivent eux dans « l’angoisse et la crainte », Maliweb est allé les interroger, certains proposent même aux établissements catholiques de trouver un arrangement si le gouvernement ne revient pas sur sa décision : « nous serons prêts à accepter une augmentation des frais de scolarité ». « Face à cette crise », écrit Mali Actu, « le gouvernement malien se trouve confronté à un dilemme : comment concilier ses engagements en matière de laïcité avec la nécessité de garantir l’accès à l’éducation pour tous ?
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