Le scandale qui secoue la Direction générale des Douanes ivoiriennes dans l’affaire des 87 agents, accusés de faux diplômes n’a pas fini de livrer ses secrets. Ils ont été privés de leurs primes trimestrielles en violation de la loi, et le silence des autorités persiste.
L’affaire des 87 agents des Douanes ivoiriennes, accusés de détenir de faux diplômes, semble aujourd’hui abandonnée par les autorités et les médias. Malgré les promesses d’assainissement faites par le gouvernement ivoirien, ces agents, suspendus en mai 2024, n’ont toujours pas perçu leur prime trimestrielle pour les mois de janvier, février et mars 2024, en violation flagrante des textes en vigueur. Ce silence radio après une suspension retentissante laisse planer un doute profond sur la gestion équitable de cette situation.
En mai 2024, la Direction générale des Douanes ivoiriennes avait révélé le cas de 87 agents impliqués dans des concours professionnels exceptionnels de 2021, suscitant une onde de choc à travers le pays. La révélation de cette fraude présumée avait déchaîné les passions, mais aujourd’hui, les voix se sont tues. Trois mois après la suspension des agents, aucune avancée significative n’a été communiquée, et les agents continuent de subir les conséquences d’accusations non prouvées par la justice ivoirienne où l’affaire est pendante.
L’affaire a bien été portée devant les tribunaux pour que justice soit rendue, mais entre-temps, les agents concernés restent sans réponse, ni indemnisation de leur prime trimestrielle. Une telle situation soulève des interrogations sur le respect des droits des fonctionnaires dans un État qui prône la transparence et la rigueur. Depuis 2015, le gouvernement ivoirien s’est engagé dans une vaste opération de nettoyage des administrations pour éradiquer les faux diplômés et garantir l’accès aux postes pour les candidats méritants. Toutefois, dans le cas des douaniers, les incohérences sont flagrantes.
Notre enquête précédente, publiée le 20 mai 2024, sous le titre « Côte d’Ivoire : Affaire faux diplômes en douanes – Des questions qui attendent des réponses », par le site crocinfos.net avait déjà mis en lumière les dysfonctionnements dans la gestion de cette affaire. Le 6 juin, nous avons approfondi cette enquête avec « Côte d’Ivoire : Affaire faux diplômes en Douanes – Le vrai visage de l’abus d’autorité », par le même site où le journaliste a démontré que la Direction générale des Douanes avait contourné les lois pour mener sa chasse aux sorcières, bafouant ainsi les droits des agents concernés.
Où sont passées les primes des 87 agents ?
La prime impayée des 87 agents restent un nœud gordien à élucider dans cette honteuse affaire. Il est important de rappeler que selon l’article 17 du régime disciplinaire des douanes, « l’application des sanctions est subordonnée à l’établissement de la faute ». Pourtant, les primes trimestrielles des douaniers ont été versées à l’ensemble des agents trois jours après la mesure conservatoire, sauf pour les 87 agents suspendus, sans aucune notification formelle, une pratique contraire aux dispositions statutaires de la Fonction publique.
Pis encore, l’article 19 alinéa 1 du même code disciplinaire stipule clairement que « l’avertissement n’entraîne pas de sanction pécuniaire ». Les primes de ces agents devraient donc être considérées comme dues, et leur suspension financière en l’absence de preuves formelles constitue une violation manifeste de leurs droits.
Où sont passées les primes des 87 agents ? Pourquoi la Direction des moyens généraux (DMG) des Douanes continue-t-elle de les retenir sans justification légale ? Cette situation révoltante ne fait que ternir davantage l’image de la gestion des affaires publiques en Côte d’Ivoire. Les responsables, à commencer par le directeur général des Douanes, doivent s’expliquer et rétablir la transparence dans cette affaire qui porte atteinte à l’intégrité des institutions.
En attendant une clarification, les 87 agents concernés subissent une injustice criante, abandonnés à leur sort par un système qui, malgré les réformes annoncées, semble encore gangrené par des pratiques douteuses. La lumière doit être faite, et les responsables de ces abus doivent rendre des comptes. Le silence persiste, et les souffrances des agents continuent, alimentant une frustration croissante face à l’impunité qui règne.
Encadré
Un appel à la transparence
L’affaire des faux diplômes en Côte d’Ivoire n’est pas nouvelle, mais cette fois, la Direction générale des Douanes innove en traduisant les présumés coupables devant la justice, une première dans le pays. Cependant, une autre question brûlante émerge : la gestion des primes trimestrielles des douaniers. Alors que l’État a déboursé ces fonds, 87 agents suspendus n’ont reçu aucune notification officielle, en violation des règles de la Fonction publique. Où sont passés ces millions destinés à ces agents ? L’opinion publique exige des réponses, et les institutions de bonne gouvernance, telles que l’Inspection générale de l’État (IGE) et la Haute autorité pour la bonne gouvernance (HABG), sont appelées à enquêter avec transparence. La suite de cette affaire judiciaire est attendue avec impatience.
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