Travail de Pénélope

Ce lundi 5 août 2024, j’ai parcouru la ville d’Abidjan, de la cité Concorde du pk 18 à Abobo à la cité Sir, à la Riviera, en passant par Yopougon et Adjamé.

Et je me suis rendu compte de l’ampleur du travail de titan qui attend le ministre-gouverneur Cissé Ibrahim dit Bacongo et sa brigade de salubrité urbaine dans l’exécution de leur travail de Pénélope.

Lancée le 22 juillet 2024 pour lutter contre l’indescriptible désordre abidjanais, cette brigade composée de 295 fonctionnaires de police, mal équipés et mal outillés, est passée à l’action. Des étals, des charrettes appelées « wotro », des étables et petits commerces ont déjà été détruits dans certains communes.

Mais le plus dur reste à faire et à venir: la libération des grandes artères colonisées par les milliers de vendeurs ambulants, les mendiants et tous les « bana bana ». Une tâche ardue attend donc le gouvernorat du district autonome d’Abidjan.

Le ministre de la Sécurité et de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, a déjà échoué dans cette opération alors qu’il avait bien pris un arrêté, le 26 juillet 2013, interdisant ces activités sur la voie publique. Ce fut un coup d’épée dans l’eau.
Il avait certainement mis la charrue devant les boeufs, ne disposant pas d’une unité spécialement dédiée à cette mission. Bacongo y a paré.

Toutefois, pour la mégalopole d’Abidjan d’environ 10 millions d’habitants, le nombre de 295 policiers se révèle largement insuffisant. Ils risquent, ces agents, de s’épuiser très rapidement dans le jeu du chat et de la souris auquel se livrent ces vendeurs à la sauvette et qui a vaincu Hamed Bakayoko.

De plus, notre pays a une particularité: non seulement l’État ne prévoit aucune mesure d’accompagnement, mais il n’assure jamais le service après-vente. Et alors, presque personne ne revient jamais sur les sites déplacés et ainsi les mauvaises habitudes se réinstallent.

Sans compter que nos éléments des forces de l’ordre se distinguent toujours par leur zèle au démarrage de toute opération (interdiction de téléphoner au volant, port du casque obligatoire à moto, etc. que plus personne ne respecte) avant d’être gagnés par le train-train quotidien et de jeter l’éponge dans l’ambiance bien entretenue des arrangements et de l’extorsion de fonds. Et cette campagne de salubrité publique court le risque, par notre laxisme chronique, de faire feu de paille. Comme d’habitude.

F. M. Bally

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