Pas encore indépendants: « Le 7 août c’est notre FÊTE NATIONALE, pas de l’indépendance »

À mon avis, on devrait parler de fête nationale et non de fête d’indépendance parce que fin de la colonisation et indépendance sont deux choses différentes.

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Si la lutte des Houphouët-Boigny, Matthieu Ekra, Victor Biaka Boda, Bernard Dadié, Lama Camara, Moussa Soumahoro, Sékou Traoré, Jean-Baptiste Mockey, Marie Koré, Anne-Marie Essy Raggi et d’autres a abouti à la fin des travaux forcés, elle ne nous a cependant pas apporté l’indépendance parce que, depuis le 7 août 1960, notre pays utilise le franc CFA qui est une monnaie fabriquée en France et profitant plus à l’ancienne puissance coloniale qu’aux pays africains, parce qu’une une base militaire française est toujours installée sur notre territoire, parce que notre économie est contrôlée par des étrangers, parce que nos matières premières profitent d’abord à la France, parce que ce pays fait sur la terre de nos ancêtres ce que bon lui semble. Sur ce dernier point, on peut citer, entre autres, la destruction des avions militaires, le massacre des 64 jeunes ivoiriens devant l’hôtel Ivoire en novembre 2004, le bombardement de la résidence présidentielle, la fermeture des banques et l’embargo sur les médicaments, la tentative d’assassinat d’un président démocratiquement élu et l’installation dans le fauteuil présidentiel d’une marionnette dont la mission est d’aider la France à voler les richesses du pays en 2011.

Il n’est écrit nulle part que nous sommes condamnés à être occupés et exploités par la France. Le Mali, le Burkina et le Niger sont en train de s’affranchir de la tutelle française. Avant eux, la Corée du Sud, Singapour, Hong Kong, Taïwan et le Vietnam avaient démontré qu’un peuple peut changer le cours de son destin et passer “de la médiocrité à l’excellence” (Ebénézer Njoh-Mouellé).

De ces pays, qui n’étaient pas mieux lotis que nous en 1960, nous pouvons et devons apprendre que “l’important n’est pas ce qu’on a fait de moi mais ce que je fais moi-même de ce qu’on a fait de moi” (Jean-Paul Sartre).

En prenant la Bastille en 1789, les révolutionnaires français ne risquaient pas leurs vies pour un gain personnel mais pour que leurs enfants et petits-enfants puissent travailler et vivre dans un meilleur environnement. Chez nous, si des injustices et des dictatures inacceptables perdurent, c’est parce qu’il nous manque la capacité de nous sacrifier. En effet, avant de prendre position, avant de participer à telle ou telle action (manifestation, grève, boycott, etc.), on se demandera si cette action nous profitera personnellement et immédiatement. Nous avons du mal à voir plus loin que le ventre que nous ne pourrons jamais remplir.

Ce qui retarde le changement, c’est aussi la peur de la mort. Or où la mort ne frappe-t-elle pas ? Elle peut nous prendre au champ, dans le lit, dans la douche, devant la télévision, sur un terrain de sport, dans un lieu de culte, etc. La grande faucheuse ne s’abat pas uniquement sur ceux et celles qui se lèvent et luttent contre tout ce qui bafoue la dignité humaine.

Nous ne pourrons pas arracher la vraie indépendance, si nous ne prenons pas conscience que “celui qui ne risque rien, n’a rien” si nous continuons de penser à tort que seules quelques personnes devraient mettre leur vie en danger.

Jean-Claude Djéréké

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