Sémillant, le verbe haut, 65 ans mais paraissant moins, maniant parfaitement la langue de Molière, l’ex-ministre Danho Claude Paulin (DCP) était très en vue lorsqu’il occupait le portefeuille des sports.
Maire de la commune d’Attécoubé depuis 2001, Député de cette commune depuis 2018, Danho Claude Paulin semblait avoir son avenir parfaitement entre les mains. Sûr de lui, intelligent (du moins projetant cette image), il semblait être ses ’’jeunes ministres’’ destinées à prendre un jour la relève. On ne le voyait certes pas comme ’’héritier’’ du président Ouattara, mais néanmoins un « élément important du système », un technocrate qui donnait une image de jeunesse et d’efficacité au gouvernement. On lui prédisait un « avenir ».
Tout laissait croire qu’il serait ministre pour encore « longtemps », pas forcément aux sports, en passant plutôt d’un portefeuille à un autre. On ne le voyait pas se faire débarquer si tôt. Aussi le fait qu’il ne soit pas reconduit dans le gouvernement du nouveau PM Beugré Mambé en Novembre 2023, fut une grosse surprise pour l’opinion. Evidemment on a tout de suite compris qu’il payait cash l’inondation de la pelouse du stade olympique d’Ebimpé lors de la rencontre amicale opposant les Éléphants de CI aux aigles du Mali le 12 Septembre 2023, à quatre mois de la CAN. Avant lui, la directrice de l’Office National des sports (ONS), avait aussi été limogée.
La sanction aurait pu être jugée sévère si une première déconvenue ne s’était produite concernant cette même pelouse. Lors d’un match de qualification pour la coupe du monde, opposant la CI et le Cameroun en Septembre 2021, la pelouse du stade olympique était apparue impraticable. 20 milliards de FCFA avaient alors été décaissés pour entreprendre les travaux de remise à niveau, travaux dont le ministère des sports était le maître d’ouvrage, et l’Office National des Sports (ONS), le maître d’ouvrage délégué. On croyait la question définitivement réglée, lorsque l’inondation du 12 Septembre 2023 est intervenue pour encore mettre à nu les déficiences du stade.
Cette fois, il fallait que des têtes tombent car visiblement les travaux engagés n’avaient pas respecté le cahier de charges. On avait certainement entrepris un travail au rabais afin de se partager une partie de l’argent décaissé. Les choses ont toujours fonctionné ainsi. A 04 mois de la CAN, des sanctions s’imposaient. Ejecté du gouvernement, Danho Paulin s’est retrouvé avec les ailes brisées. Ce brillant personnage, qui avait toujours fière allure, était brutalement mis sur la touche. Il affichait le détachement, mais la sanction fut rude pour lui. Il semblait désormais avoir son avenir derrière lui.
On peut faire un parallèle avec Téné Birahima Ouattara, ministre de la défense et jeune frère du président. L’affaire des soldats détenus au Mali l’a brutalement ramené sur terre alors qu’il commençait à s’élever au-dessus de la mêlée en ce qui concerne une éventuelle relève de son frère. Bien qu’ayant conservé son poste de ministre, il est désormais mis sur la touche. S’il semble avoir tiré un trait sur les ambitions qu’on lui prêtait, ce n’est pas le cas de Danho Paulin qui visiblement n’ a pas accepté sa mise à l’écart. Ainsi il va constamment manoeuvrer pour avoir les projecteurs braqués sur lui, multipliant les interventions en tant que membre de la direction du parti au pouvoir, maire d’Attécoubé, et président de l’UVICOCI, l’Union des Villes et Communes de CI. Lors de la cérémonie des vœux au Président en Janvier 2024, il était très en vue.
La CAN ( 13 Janvier – 11 Février 2024 ) fut un calvaire pour lui en termes d’image. Personne ne faisait attention à lui. Il s’est senti abandonné, estimant avoir eu une contribution dans le succès de l’événement notamment en mettant tout en œuvre afin que les stades soient livrés à temps. Voulant absolument bénéficier d’une exposition médiatique durant cette période, il s’est arrangé pour être reçu par le président de la transition gabonaise, Brice Oligui N’Guema, le 26 Janvier 2024, en sa qualité de président de l’UVICOCI. Mais dans le communiqué final de la rencontre, il était surtout question de sport, ce qui montre bien que l’homme » accepte difficilement son éviction du ministère des sports ».
Son activisme a fini par payer. Le 03 mai dernier, il est nommé premier vice-gouverneur du district d’Abidjan, un poste de toute évidence créé sur mesure, un lot de consolation pourrait-on dire. Pourtant c’est une tribune qui lui est accordée, et on peut compter sur lui pour se mettre en avant, même si les contours du poste paraissent flous. Danho Paulin est du genre à ’’forcer le destin’’. Il n’est pas exclu que des dissensions apparaissent rapidement entre le gouverneur Bacongo et lui. Ce sont deux fortes têtes qui doivent « partager » le pouvoir, et on le voit pas être un spectateur de la gestion de Bacongo.
Pourra-t-il redevenir Ministre ? C’est visiblement son objectif. Pourtant en le nommant vice-gouverneur, le président Ouattara semble lui dire que c’est tout ce qu’il peut lui offrir « pour le moment ». Mais comme on l’a dit, c’est un « fonceur ». Dans le domaine politique, celui qui fait constamment du bruit, qui est constamment sur l’initiative, qui s’arrange pour être toujours sous les feux des projecteurs, finit toujours par être propulsé. Danho paulin fonctionne dans ce registre. Et en tout état de cause, on doit pouvoir encore entendre parler de ce garçon dont on peut admirer la combativité. Il a une « carte à jouer » au sein du régime.
Douglas Mountain
Le Cercle des Réflexions Libérales
oceanpremier4@gmail.com
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