En Afrique de l’Ouest, les Etats-Unis accélèrent leur retrait du Niger et se rapprochent de la Côte d’Ivoire
Lors d’une conférence de presse à Abidjan, le major général Kenneth P. Ekman a évoqué les contours du futur « partenariat renforcé » avec la Côte d’Ivoire, désignée comme le « leader régional en matière de sécurité ».
Par Marine Jeannin (Abidjan, correspondance)
Le nouveau visage de la présence militaire américaine en Afrique de l’Ouest commence à se dessiner. Le major général Kenneth P. Ekman, coordinateur du ministère de la défense pour l’Afrique de l’Ouest et directeur de la stratégie, du partenariat et des programmes au sein du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), a tenu une conférence de presse à l’ambassade américaine d’Abidjan, mercredi 24 juillet, pour faire le point sur le retrait du Niger et expliquer les contours du futur « partenariat renforcé » avec la Côte d’Ivoire. Des négociations sur les modalités de ce dernier sont en cours entre les autorités politiques et militaires des deux pays.
Le retrait américain du Niger pourrait être terminé « début août, bien avant la date limite », a annoncé Kenneth P. Ekman. Selon l’accord passé entre Washington et Niamey, toutes les troupes américaines devraient avoir quitté le pays avant le 15 septembre. Le 7 juillet, celles de la base de Niamey avaient déjà quitté le territoire, précédant les soldats de la base aérienne 201 d’Agadez, où étaient installés quelque 200 éléments, des moyens de surveillance aérienne et des drones de combat MQ-9 Reaper.
Si l’officier américain s’est dit satisfait que ce départ « se déroule bien, en avance sur le calendrier, et ce grâce à l’excellente coordination que nous avons eue avec nos homologues militaires nigériens, soutenus par les autorités nationales du Niger », il a en revanche considéré que ses conséquences sont « très préoccupantes » pour la sécurité régionale. Il a, à ce titre, indiqué s’être rendu à Abidjan cette semaine pour rencontrer les responsables militaires et politiques du pays, avec lesquels il a « partagé les mêmes préoccupations concernant la menace extrémiste violente qui se développe au Sahel et menace de plus en plus les pays situés autour du Sahel ». « La Côte d’Ivoire fait partie de ces pays », a-t-il ajouté.
Une « coopération militaire croissante »
Le retrait militaire du Niger a assurément fragilisé la position des Etats-Unis en Afrique de l’Ouest. « L’accès [au Sahel] est devenu plus difficile, a reconnu l’officier, et nos partenariats sont moins nombreux. » Aussi l’Africom s’est-il tourné vers la Côte d’Ivoire, avec laquelle les Etats-Unis entretiennent une « coopération militaire croissante ». « La formation et l’équipement ont été considérablement renforcés pour répondre aux besoins des forces ivoiriennes », a salué Kenneth P. Ekman, qui a désigné la Côte d’Ivoire comme le « leader régional en matière de sécurité ».
Sur les modalités du « partenariat renforcé » annoncé, l’officier a évoqué « quelques petits ajouts de personnel de renseignement, de surveillance et de reconnaissance, de capacités médicales et de formation ».
Plusieurs sources indiquaient début juillet un feu vert donné par les autorités ivoiriennes à la possible installation d’une base militaire américaine près de la ville d’Odienné (nord-ouest). Des entreprises de logistique opérant dans la région ont également affirmé avoir été approchées en ce sens. Mais ce projet a été démenti par le directeur de la stratégie de l’Africom, qui indique que « le choix politique n’a pas encore été fait ». Le scénario serait alors celui d’une « collaboration aux côtés des forces ivoiriennes dans leurs bases ». « Pourquoi construire si quelque chose existe déjà ? », s’est-il interrogé, précisant être « sensible aux inquiétudes » que la création d’une base américaine avait déjà suscitées dans l’opinion.
Les militaires français basés à Abidjan se préparant à être ramenés à une centaine de personnes sur la base du 43e BIMA de Port-Bouët, Kenneth P. Ekman a semblé écarter l’hypothèse de leur remplacement par les Américains. « Nous passons beaucoup de temps à parler de la zone d’opération dans le nord et de ce qui s’y passe », a-t-il expliqué en référence à la région frontalière du Burkina Faso et du Mali, où la menace djihadiste est la plus forte. « Il me semble donc que si nous pouvions envisager de nous baser plus près de cette zone d’opération, notre efficacité s’en trouverait accrue », a-t-il ajouté, tout en admettant « ne pas savoir si cela impliquera Port-Bouët ».
Marine Jeannin (Abidjan, correspondance)
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