Voitures électriques, smartphones et ordinateurs portables : ils contiennent tous le minéral coltan. Une bataille sanglante fait rage autour de ce minerai dans l’est de la République démocratique du Congo entre l’armée et diverses milices armées.
Il y a une lutte féroce pour le contrôle des mines de précieuses pierres noires.
Le groupe rebelle M23 a récemment conquis Rubaya, la « capitale du coltan ».
Le groupe armé combat aux côtés de l’armée rwandaise.
Il y a désormais au moins quatre mille soldats rwandais actifs dans l’est du Congo, selon les Nations Unies.
« Le coltan va désormais directement de ces mines au Rwanda. Là, il est vendu comme s’il s’agissait d’un produit rwandais, au lieu d’un produit congolais », a déclaré à NOS [media public hollandais] Espoir Ngalukiye, un militant des droits de l’homme de Goma.
« Il n’y a pas de mines de coltan au Rwanda, tout le monde le sait. »
Selon Ngalukiye, les rebelles ont continué à extraire du coltan après avoir repris la mine de Rubaya. « Les sacs pleins sont chargés à l’arrière des motos. Ils traversent ensuite directement la zone du M23 jusqu’à la frontière rwandaise. Les gardes-frontières coopèrent : il n’est pas nécessaire de déclarer exactement la quantité contenue dans les sacs et aucune taxe n’est payée. »
Une fois au Rwanda, les grandes entreprises technologiques rachètent les actions, mais aussi les pays occidentaux qui utilisent le coltan pour la transition vers l’énergie verte.
Selon le gouvernement congolais, des tonnes de marchandises traversent ainsi la frontière. L’ONU affirme également disposer de suffisamment de preuves de la contrebande de coltan et d’autres minéraux.
Le Rwanda peut voler le précieux minerai grâce à son soutien aux rebelles, affirme le Congo, qui extrait la majeure partie produit dans le monde.
Le pays a perdu un milliard de dollars l’année dernière à cause du commerce illégal, a déclaré un ministre congolais au Financial Times. Le Congo voit les bénéfices disparaître dans les poches du pays voisin.
Selon Ecofin, l’agence qui surveille l’économie africaine, les exportations de coltan du Rwanda connaissent une croissance rapide. L’année dernière, le pays a vendu plus que le Congo dans le monde : « Le Rwanda dit à la communauté internationale que ce sont ses propres minerais, mais ce n’est pas vrai. C’est un mensonge », souligne Ngalukiye.
L’ONU et les organisations de défense des droits de l’homme affirment depuis un certain temps que le Rwanda soutient les rebelles du M23. Outre un avantage économique, il y a une autre raison à cela, estime Ngalukiye : « Les rebelles sont en grande partie Tutsi, du même groupe que le président rwandais Kagame. Il veut protéger la population Tutsi de l’Est du Congo. »
Au début de cette année, des manifestations ont eu lieu dans la ville de Goma contre l’avancée du M23, contre le Rwanda et contre les pays occidentaux qui soutiennent indirectement les rebelles en continuant à soutenir le Rwanda, par exemple en leur fournissant une aide au développement.
De plus en plus de pays, dont les États-Unis et la France, ont depuis demandé la fin du soutien au M23.
Le Rwanda lui-même continue de nier toute implication dans le mouvement rebelle. « C’est devenu un jeu politique qui profite économiquement au Rwanda », affirme Oluwole Ojewale, chercheur à l’Institut d’études de sécurité.
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