En France, à un jour du second tour des législatives, en ballotage défavorable, François Ruffin, visage moins clivant de la gauche, estime que Mélenchon est « un boulet », « un obstacle au vote ». Mélenchon a des qualités de tribun redoutable. Il reste populaire mais traîne le vice d’un leadership écrasant. Alors on fait quoi ? On se saborde.
En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo ira jusqu’au bout de son ultime baroud d’honneur, après avoir vaincu la justice internationale. L’ancien président ivoirien ira à la conquête d’un mandat de cinq ans avec un nouvel appareil politique. Sans ses anciens stratèges Simone Ehivet, Affi Nguessan et Blé Goudé. Rien n’est joué et aucun pont n’est définitivement coupé. Mais la gauche ivoirienne a triste mine.
En Amérique du Sud, tous les régimes d’inspiration bolivarienne suivent avec intérêt la situation à La Paz. Les frictions au sein du parti au pouvoir vont-elles faire le lit de l’armée et de la droite oligarchique ? Jusqu’où iront les rivalités entre le président actuel Luis Arce et l’ancien président Evo Morales? Que cherche encore Evo Morales, premier président indien d’Amérique latine, dans l’arène politique ? Evo Moralès fera-t-il un come-back à la Lula Da Silva ? Autant de questions qui restent inextricables. Il n’est pas aisé d’entrer deux fois par la même porte de grandeur de l’Histoire. Certainement qu’un jour, le sociologue bolivien Roberto Calzadilla Sarmiento que j’ai rencontré en 2022 à La Haye livrera dans ses Mémoires de diplomate le dénouement historique d’une lutte de pouvoir qui intéresse les démocraties populaires.
Ce n’est pas un constat propre aux gauches. Le cheminement vers le pouvoir réserve des surprises, des défections, des trahisons, des changements de cap. Dans le cas des gauches, elles se battent toute leur existence pour se débarrasser d’idées préconçues qui lui reprochent à tort ou à raison ses utopies populistes, son manque de pragmatisme et de compétence . Quand elles gagnent, au prix de luttes admirables, leur légitimité à gouverner, elles se sabordent elles-mêmes.
L’ego des utopies de gauches émiette toujours la substance qu’elles ont construit ardemment dans l’opposition. Sisyphe et les gauches font bon ménage. Elles semblent s’accommoder de cette fatalité.
Zran Fidèle GOULYZIA
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