Devoir de mémoire Côte-d’Ivoire: Il était une fois Francis Vangah Wodié

Il y a tout juste un an, la Côte d’Ivoire se réveillait avec la gueule des jours de deuil national. Le 3 juillet 2023, le professeur Francis Wodié rangeait définitivement sa toge, à l’âge de 87 ans.

De nombreux Africains l’ont connu homme politique de gauche souvent incompris. Député de Cocody aux premières heures du retour du multipartisme en 1990, il fut ministre de l’Enseignement supérieur de Bédié qu’il avait accompagné à la présidentielle de 1995, quand Laurent Gbagbo, Djéni Kobinan et Alassane Ouattara décidèrent du boycott républicain.

Le leader du Parti ivoirien des Travailleurs (PIT) était d’abord un érudit du droit : constitutionnaliste chevronné et internationaliste averti.

En 2002, la rébellion armée du MPCI revendiquée par Guillaume Soro occupe le Nord du pays. Pour sauver l’année académique dans des amphis qui regroupent déjà les bacheliers de 1997-1998 et 1998-1999, le doyen de la fac de droit de l’université de Cocody, le professeur Ouraga Obou, fait appel au professeur Wodié. Le professeur René Degni-Segui ( ancien rapporteur spécial de l’Onu sur le Rwanda, premier expert à avoir qualifié la situation rwandaise de génocide ) qui devait assurer le cours de droit international public est malade. II est en France pour ses soins.

Le Professeur Wodié à la retraite reprend le magistère en amphi. Frêle étudiant en licence publique, je découvre, comme tous les apprenants de ma génération, la légende, l’homme à la double agrégation, dispensant ses cours sans une seule note, chaque jour pendant trois heures. Emerveillement de disciple !

A la première session de l’examen, je m’en sors avec un précieux 10/20. Je valide ma licence. 22 ans après, ce sont des souvenirs gravés dans le marbre de mon parcours.

Le professeur Wodié laisse un héritage de probité. Quand on refuse, on dit non. Une assertion qui lui collait bien à la peau.

En 2015, avant la présidentielle, il avait démissionné de la présidence du Conseil constitutionnel avec toute l’élégance attachée à sa personnalité. “Le juge, homme de droit, doit être droit”, avait-il soutenu.

Intègre et refusant la manipulation jusqu’au bout. Des qualités bien rares dans le tango des tchapalocraties sous le soleil dougoutianais.

Merci pour tout Professeur

Fidèle Goulyzia, auteur de Tchapalo Tango, aux éditions Captiot

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1 réflexion au sujet de « Devoir de mémoire Côte-d’Ivoire: Il était une fois Francis Vangah Wodié »

  1. Prof. FV Wodié était un érudit et un intellectuel à plein temps. Il était une éminence grise parmi les éminences grises aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Afrique. L’écouter parler était comme écouter de la musique linguistique tellement, tellement, tellement, il savait manier la verve et il avait une faconde unique et impeccable. Rest in peace! Dans la paix de notre Seigneur ! Ainsi soit-il !

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